La Chine intensifie ses inspections des cargaisons de viande de porc importées du Canada. La ministre canadienne de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, en a fait l’annonce mardi. Les autorités chinoises attribuent ces inspections approfondies des marchandises canadiennes à une épidémie de peste porcine africaine qui sévit en Chine.
Ce dernier épisode de la détérioration des relations sino-canadiennes intervient un peu plus d’un mois après la décision de la Chine d’interdire toute importation de canola du Canada. Pékin disait avoir trouvé des substances dangereuses dans les cargaisons de Richardson International et de Viterra, les deux principaux exportateurs canadiens de canola.
Reste que la décision de Pékin fermait la porte à des produits d’une valeur de deux milliards de dollars. Quant à une éventuelle interdiction du porc canadien en Chine, elle va surtout toucher le Québec qui, en 2018, a exporté pour 284 912 856 $ en Chine. Vient ensuite l’Alberta avec 168 851 909 $ et le Manitoba avec 116 179 874 $. En tout, le Canada perdrait 682 644 811 $ si ses exportations de porc en Chine étaient suspendues.
Le porc canadien consommé en Chine est principalement produit au Québec, en Alberta, au Manitoba et en Ontario. REUTERS/Hyungwon Kang – RC11F8A56910
Lutte contre la peste porcine africaine
La Chine fait face à une éclosion de peste porcine africaine (PPA). Ce qui, selon elle, justifie l’augmentation des inspections et la lutte contre la contrebande. Mais Ottawa balaie du revers de la main les insinuations à propos de la PPA.
La ministre Bibeau est formelle : ce virus n’a jamais été trouvé au Canada. Néanmoins, Ottawa a déjà pris acte des menaces qui planent sur ses exportations en Chine.
« Notre gouvernement, assure Mme Bibeau, ouvre de nouveaux marchés pour nos produits agricoles de grande qualité. » Elle fait notamment allusion à l’accès aux marchés étrangers ouverts par le traité de libre-échange transpacifique (PTPGP) et avec l’Union européenne (AECG).
La ministre de l’Agriculture Marie-Claude Bibeau défend la qualité du porc canadien et assure le soutien d’Ottawa aux producteurs et transformateurs de la viande de porc. Photo : PC/Adrian Wyld
Elle souligne que les agriculteurs et les producteurs canadiens ont un accès préférentiel à environ 1,5 milliard de consommateurs dans plus de 50 pays. Ce qui, prédit-elle, aidera le Canada à atteindre son ambitieux objectif de 75 milliards de dollars en exportations agroalimentaires d’ici 2025.
Ottawa aux côtés de ses agriculteurs
Dans le même temps, la ministre indique que le gouvernement est conscient de l’importance des agriculteurs et des transformateurs alimentaires qu’elle qualifie de « moteurs importants de l’économie canadienne ».
Elle dit travailler avec eux pour ne pas compromettre leur apport à la prospérité du pays et aussi « pour souligner l’importance de nos systèmes d’inspection de qualité et pour assurer qu’il n’y ait aucune perturbation commerciale en raison d’erreurs administratives ».
Depuis l’arrestation de Meng Wanzhou, à Vancouver, les relations entre le Canada et la Chine se sont détériorées. (REUTERS/Alexander )
Rappelons que les relations entre Ottawa et Pékin sont exécrables depuis l’arrestation le 1er décembre à Vancouver de Meng Wanzhou, dirigeante du géant chinois Huawei, accusée par les États-Unis d’avoir contourné les sanctions américaines contre l’Iran.
Sans doute en réaction à cette arrestation, Pékin a inculpé deux Canadiens, dont un ancien diplomate, soupçonnés tous les deux d’espionnage. Deux autres Canadiens ont été condamnés à mort. Mais la Chine affirme que ces arrestations n’ont aucun lien l’affaire de la dirigeante de Huawei.
(Avec l’AFP, gouvernement du Canada, La Presse canadienne)
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