Le géant Facebook Photo : Getty Images/Justin Tallis

Le géant Facebook Photo : Getty Images/Justin Tallis

Faire confiance à Facebook qui s’engage à lancer des outils pour assurer l’intégrité de l’élection canadienne ?

Facebook a été plusieurs fois sur la sellette ces dernières années pour plusieurs raisons. Il s’agit de raisons en lien notamment avec l’utilisation illégale des données confidentielles de ses utilisateurs, et l’intégrité du processus électoral aux États-Unis. Alors que les élections générales se profilent à l’horizon au Canada, le géant du web veut-il simplement faire bonne figure en annonçant deux mesures pour assurer le respect de la transparence et de l’intégrité du scrutin canadien cet automne?

Resserrement de la publicité, d’annonces sociales et politiques

Facebook dévoile notamment deux outils susceptibles de l’aider dans sa démarche :

  • lancement d’un processus d’autorisation pour les annonceurs au Canada, ainsi que de la Bibliothèque des publicités, une interface de programmation;
  • présentation des enjeux propres au Canada précisés dans la politique sur les « publicités politiques, électorales ou liées à des enjeux sociaux ». Source : communiqué de presse

Selon les explications fournies par la compagnie, ces deux outils permettront de contrer toute possibilité d’ingérence étrangère dans le processus électoral au pays. Par ailleurs, les Canadiens pourront être mieux au fait des publicités diffusées sur Facebook et Instagram.

Une telle volonté du géant du web, à quelques mois des prochaines élections fédérales, répondrait aussi au souci de se conformer aux exigences du projet de loi C-76.

Ce projet de loi, en plus « d’interdire aux groupes de pression de mener des campagnes partisanes financées par des entités étrangères », exige des géants du web en général qu’ils « créent un registre de toutes les publicités numériques de partis politiques ou de tiers, au cours des élections, des périodes électorales et préélectorales ».

C’est ainsi que le réseau oblige toute personne désireuse de diffuser des publicités politiques, ou en lien avec des enjeux sociaux au Canada, de divulguer au préalable son identité, sa localisation et les promoteurs des publicités.

Facebook indique qu’il convient aussi d’obtenir une autorisation du gouvernement canadien pour diffuser toute publicité portant sur des enjeux sociaux, politiques ou électoralistes.

Enfin de compte, les annonceurs qui choisissent d’apparaître dans l’avertissement légal « financé par », ou qui décident d’inclurent une page ou tout autre organisme, ont l’obligation de publier les coordonnées de ces pages ou des organismes en question (numéros de téléphone, courriels, adresses commerciales, sites web, etc.)

« Nous prenons très au sérieux la protection du processus électoral sur Facebook, c’est pourquoi nous consacrons autant de temps et de ressources à l’appui du projet de loi C-76, et nous continuerons de faire des investissements qui serviront à protéger les élections au Canada contre l’ingérence sur nos plateformes. Nous sommes déterminés à rehausser la transparence publicitaire pour les Canadiens, en les informant mieux au sujet des publicités qu’ils voient sur nos plateformes. Nous avons travaillé dur pour concevoir des outils et des politiques qui obligent les annonceurs à se soumettre à un processus d’autorisation, et à confirmer leur identité et leur emplacement géographique avant de mettre en ligne des pubs à caractère social, électoral et politique. Ces publicités seront accessibles au public pendant 7 ans dans la Bibliothèque de publicités », a souligné Kevin Chan, le directeur des politiques publiques à Facebook Canada, dans le communiqué de presse.

Combattre les fausses nouvelles, la manipulation et l’atteinte à l’intégrité du processus électoral sur les réseaux sociaux. Photo : iStock

Ces mesures suffiront-elles à passer l’éponge sur un passé trouble?

Facebook a été vivement critiqué, dans le cadre du scandale en lien avec la collecte illégale des données de milliers d’usagers, par la société Cambridge Analytica, à des fins politiques, dans le but notamment d’influer sur le choix des électeurs américains. La vulnérabilité du réseau social a aussi été dénoncée, après les soupçons d’ingérence russe dans le processus électoral aux États-Unis. En raison de la gravité des faits, on est en droit de penser qu’en resserrant ses exigences sur le plan publicitaire, l’entreprise compte bien éviter ces travers du passé.

Si tel était le cas, ce serait certes une volonté manifeste de rectifier le tir qu’il convient de saluer à sa juste valeur, mais il ne faut pas perdre de vue que Facebook est avant tout une entreprise commerciale. Ainsi, son but premier est de faire des profits, et les moyens pour y arriver peuvent parfois prêter à équivoque, comme cela a été le cas dans le scandale Cambridge Analytica, où la compagnie avait été soupçonnée d’avoir vendu les informations privées de ses clients.

Il ne faut pas aussi oublier qu’en ce qui a trait à la gestion des nouvelles technologies, il n’est pas rare qu’en période électorale, les pirates fassent preuve de plus d’ingéniosité, en trouvant notamment des techniques plus sophistiquées pour multiplier les démarches malsaines et pour exploiter avec succès toute faille sur les réseaux sociaux.

La vigilance devrait donc être de mise du côté de Facebook et du gouvernement canadien. Le réseau social devrait continuer à s’assurer que ses nouveaux outils passent avec succès le test de la sécurité, et que ses ressources internes sont sur un pied d’alerte pour fermer toute fenêtre susceptible d’être exploitée par des personnes mal intentionnées ou par des logiciels malveillants.

Quant aux autorités canadiennes, elles ne devraient rien laisser de côté dans leur surveillance des pratiques de tous les géants des nouvelles technologies pour s’assurer que la démocratie et le vote des Canadiens ne soient pas détournés.

Il faut rappeler que le fédéral a prévu qu’il y pourrait y avoir une implication malveillante d’une puissance étrangère dans le but d’influencer les élections du mois d’octobre. C’est ainsi que le gouvernement a rendu public, au mois de janvier, son plan pour faire face à une telle menace.

Ce plan prévoit, entre autres, de renforcer les compétences numériques des Canadiens pour les aider à se protéger de la désinformation et de la manipulation d’acteurs malveillants sur le web durant les élections. Par ailleurs, le plan stipule l’obligation pour tous les géants du web d’opérer des changements majeurs dans leurs pratiques pour contrer les atteintes à la démocratie, la diffusion des fausses informations et la manipulation en ligne.

Avec des informations de Facebook Canada, Radio-Canada et du gouvernement du Canada.
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Catégories : Internet, sciences et technologies, Politique
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