La Fédération des travailleuses et travailleurs du Québec (FTQ) soutient que chacun y trouverait son compte.

Le président de la FTQ, Daniel Boyer
Le Comité consultatif sur la mise en œuvre d’un régime national d’assurance médicaments a déposé son rapport.
Selon les grandes lignes, au 1er janvier 2022, un régime public d’assurance médicaments devrait être mis en œuvre au pays, en collaboration avec les provinces et les territoires.
Un régime collectif présente des avantages pour ce qui est des coûts aussi bien pour l’État que pour la population, soutient Daniel Boyer, le président de la FTQ, dans un entretien avec Alice Chantal Tchandem.
« Le rapport est très clair. La mosaïque de régimes particuliers présents au Canada – plus de 100 qui sont publics, pas moins de 100 000 privés – a entraîné de profondes iniquités en termes d’accès aux médicaments. Beaucoup trop de Canadiennes et de Canadiens ne prennent pas les médicaments dont ils ont besoin, faute de moyens ou encore en raison de la faible couverture de leur régime d’assurance privée. La recommandation principale va exactement dans le sens de nos revendications : seul un régime entièrement public et universel pourrait mettre un terme à ces injustices et répondre aux valeurs canadiennes en matière d’universalité d’accès aux soins de santé », a-t-il relevé dans le communiqué de presse.
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Une pharmacienne en interaction avec une patiente Crédit : iStock
Une menace pour l’économie de marché?
Le Canada, comme la plupart des pays du G8, est une nation commerçante, où les citoyens et les entreprises ont la liberté de vendre des biens, services et capitaux, en mettant de l’avant l’idée de faire des profits.
Le rôle de l’État est généralement celui de régulation et de prélèvement des impôts et autres contributions sur les chiffres d’affaires générés dans différents secteurs, dans le but de répondre aux besoins collectifs.
Les compagnies d’assurance privées s’inscrivent dans une telle économie essentiellement capitaliste en quête de profit comme bien d’autres. Cela est tout à fait normal, selon les défenseurs de l’économie de marché, qui soutiennent en général que le fait pour l’État de favoriser une telle liberté d’engranger des bénéfices concoure à la croissance économique.
D’autres points de vue contradictoires, comme ceux de syndicats (FTQ, CSN, CSQ), soutiennent qu’en ce qui concerne le secteur de la santé et de l’assurance médicaments, l’État ne devrait pas se contenter de jouer les arbitres avec des lois et des règlements, mais s’emparer tout simplement de l’assurance médicaments pour faire en sorte que chaque Canadien ait accès aux médicaments dont il a besoin pour sa survie, grâce à une couverture publique universelle.
Étant donné que le Canada est parmi les pays de l’OCDE présentant les prix les plus élevés, en ce qui a trait aux médicaments d’ordonnance, ce serait le seul moyen de permettre une certaine accessibilité pour tous, affirme le président de la Confédération des syndicats nationaux, Jacques Létourneau.
« C’est l’ensemble de la société canadienne qui sortira gagnante d’un tel projet. Le rapport mentionne explicitement : la multitude de régimes d’assurance médicaments nous fait perdre un extraordinaire levier de négociation auprès des compagnies pharmaceutiques. Nous partageons l’esprit du rapport à l’effet que le modèle hybride québécois n’est pas la solution appropriée. Il n’est pas normal que le prix des médicaments au Canada soit l’un des plus élevés parmi les pays de l’OCDE. Encore une fois, les conclusions auxquels arrivent les membres du Comité sont limpides : c’est l’ensemble de la société canadienne que ce soit les travailleuses et les travailleurs, les entreprises et les différents paliers de gouvernements, qui économiseront des milliards quand ce régime sera mis en place », a-t-il souligné.
Il y a donc un intérêt de santé publique qui doit prévaloir sur les intérêts économiques et pécuniaires de compagnies d’assurance, relève Daniel Boyer. Il pense que la proposition de mettre en place un régime collectif entièrement public d’assurance médicaments est loin d’être un boulet, qui viendra clouer au sol les activités des compagnies privées d’assurance. Il se dit convaincu que ces dernières sont capables de développer d’autres moyens pour se maintenir et continuer à prospérer.
C’est ainsi qu’il demande que les partis en lice, dans le cadre de la prochaine élection fédérale, s’engagent suivre les recommandations du comité consultatif sur la mise en œuvre d’un régime national d’assurance médicaments.
Avec des informations de la Confédération des syndicats nationaux et de l'Université de Sherbrooke
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