Mazda a décidé de ne plus équiper ses voitures Mazda 3 d’écrans tactiles. Une mesure qui sera généralisée et appliquée à d’autres modèles.
Pourquoi le constructeur japonais d’automobiles a-t-il pris cette décision? Est-ce que la présence de ces écrans dans les voitures est encore justifiable?
Les écrans tactiles, installés dans les voitures depuis la fin des années 80, permettent notamment aux automobilistes de programmer la navigation, de faire à mains libres des appels téléphoniques, d’envoyer des messages textes et d’écouter leurs baladodiffusions préférées.
Avec l’essor des téléphones intelligents, les constructeurs automobiles ont voulu reproduire l’interface d’utilisation, l’écran tactile, pour principalement deux raisons :
- Utilisabilité : débrancher de leur téléphone les conducteurs, souvent tentés de l’utiliser en conduisant. Ils pourront ainsi faire usage de fonctionnalités de leur téléphone sans le sortir de leur poche en le synchronisant avec des applications comme Apple CarPlay et Android Auto.
- Économique : un écran avec ses fonctionnalités coûte moins cher que les boutons usuels. Le potentiel de connectivité sans fil au web et aux services satellitaires, dont la géolocalisation, est également facilité par les écrans tactiles.
Après trois décennies de l’apparition des écrans tactiles, Mazda s’est aligné sur l’avis de chercheurs universitaires et des organisations de protection des automobilistes, qui considèrent que les écrans en voiture sont source de distraction et qu’ils peuvent causer des accidents graves.
Une étude réalisée en 2017 par la Fondation AAA pour la sécurité routière a indiqué que la charge cognitive et visuelle des systèmes à écran tactile introduisait un niveau potentiellement dangereux de distraction. Les automobilistes, tout en conduisant, doivent cliquer sur plusieurs icônes et naviguer entre de nombreux menus.
Mazda, selon un responsable de son service d’ingénierie, veut protéger ses clients des méfaits du « clic suivi d’une embardée », qui est le comportement d’un automobiliste distrait par un écran tactile et voulant éviter un accident.
Selon ce responsable, ni la taille de l’écran ni sa position par rapport au conducteur (allusion aux écrans des voitures Tesla) n’améliorera l’expérience et ne justifiera son maintien.
Des analystes en UX (expérience utilisateur) remarquent que la courbe d’apprentissage des écrans tactiles par les automobilistes est plus longue par rapport aux boutons habituels du tableau de bord. Les conducteurs ne se « connectent pas » rapidement avec les options de ces écrans.
Le contexte y est pour quelque chose ainsi que la conception des interfaces d’utilisation des écrans, où les constructeurs automobiles semblent ne pas avoir la même expertise que les fabricants de téléphones intelligents.
Afin de pallier cette faiblesse, certains constructeurs automobiles ont proposé, avec un succès mitigé, les commandes vocales. Leur usage par les automobilistes reste faible.
Zoubeir Jazi
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