Mission accomplie pour l’astronaute de l’Agence spatiale canadienne David Saint-Jacques. Il a atterri dans les steppes du Kazakhstan à 22 h 47 (HAE) lundi soir, soit une minute plus tôt que ce que la NASA avait planifié.
C’est à bord de la capsule Soyouz et accompagné de l’Américaine Anne McClain et du Russe Oleg Kononenko, que le Québécois a regagné la Terre sans encombre après plus de trois heures de vol.
David Saint-Jacques est sorti de l’engin en dernier en raison d’un malaise dû à l’intensité de l’atterrissage. C’est un symptôme typique d’après vol. Il a rapidement été pris en charge et va bien selon le personnel médical sur place.
Le commandant de la mission, Oleg Kononenko, a été le premier à sortir. Il a été suivi d’Anne McClain. Tous deux paraissaient en forme avec notamment le sourire aux lèvres pour l’Américaine. Il s’agissait là du quatrième retour sur terre du cosmonaute russe.
Au micro de la correspondante de Radio-Canada sur place, Saint-Jacques a commenté sa descente :
Avant d’en arriver là, le voyage de la Station spatiale internationale (SSI) à la Terre n’a pas été de tout repos.
Un long retour
Après avoir publié deux photographies prises de l’espace de la Colombie-Britannique et de la région du Nunavik, dans le nord du Québec, en écrivant que la vue des paysages canadiens grandioses lui manquerait, David Saint-Jacques et ses collègues ont dû effectuer plusieurs opérations afin de préparer leur départ.
Ils ont ensuite enfilé leur combinaison spécialement conçue pour les trajets entre la Terre et la SSI, puis verrouillé les portes de leur capsule à 16 h 15 précise. Toute l’opération, planifiée à la seconde près par l’Agence spatiale américaine, était retransmise en direct sur le web.
Une fois à bord de la capsule, le trio a dû effectuer une batterie de vérifications avant le grand départ. À la vitesse de 10 centimètres par seconde, le vaisseau s’est détaché de la Station internationale tout en douceur avant de pouvoir activer les moteurs et se placer dans l’orbite de la planète bleue.
Une descente mouvementée
Afin d’atteindre la vitesse de pointe de plus de 27 000 km/h, la capsule se sépare de plusieurs sections au cours de la descente. Seule la partie où se trouve l’équipage touchera le sol terrien à la fin de l’opération.
La partie la plus dangereuse du voyage est l’entrée dans l’atmosphère terrestre qui s’est produite sur le coup de 21 h 50.
L’ancien astronaute canadien Robert Thirsk a déjà vécu un tel atterrissage. Il a expliqué à La Presse canadienne à quel point cette étape pouvait être physique.
La température autour de l’engin peut atteindre les 2000 °C, mais celui-ci est, heureusement, protégé par un bouclier thermique. Les astronautes peuvent alors subir des symptômes tels que des nausées et des troubles de la vision.
Par la suite, la capsule Soyouz déploie deux parachutes après avoir traversé l’atmosphère, un pour ralentir la chute et un second pour stabiliser la capsule.
« Quand le parachute s’ouvre, il y a un grand mouvement de pendule, de gauche à droite, et l’atterrissage est un écrasement comme un accident de voiture », explique Thirsk.
Touchdown! @AstroAnnimal, @Astro_DavidS and Oleg Kononenko of @Roscosmos have completed a 204-day space station mission right on time with a landing at 10:47pm ET. https://t.co/mZzxaYxR0F pic.twitter.com/lKHcUbcgbL
— Intl. Space Station (@Space_Station) June 25, 2019
Toutefois, la capsule est faite de sorte que le choc soit minimisé. Des rétrofusées sont aussi activées afin de ralentir la descente.
L’atterrissage et les premiers pas sur la terre ferme
Une fois que la capsule a touché le sol, toutes les équipes de secours se sont mises en branle pour venir récupérer les astronautes.
Après être sortis de la capsule russe, ils ont été placés sur des chaises de camping au soleil juste à côté du vaisseau le temps d’un répit et d’une première visite médicale.
À sa sortie, David Saint-Jacques a expliqué au micro de Radio-Canada avoir du mal avec la gravité.
Dans la Station spatiale internationale, les odeurs sont très aseptisées.
Comme il l’expliquait dans son dernier point de presse avant de rentrer, la semaine dernière, l’astronaute avait hâte de sentir les odeurs et le vent sur le visage.
Le Canadien a ensuite confié en anglais aux reporters que la gravité n’est pas son amie.
En contraste, l’Américaine semblait débordante d’énergie à sa sortie et se disait prête à tout recommencer. Quant à Kononenko, il a répondu être « heureux de voir une météo, peu importe laquelle », lorsqu’on lui a demandé ce qu’il pensait du temps.
Retour au pays
David Saint-Jacques est désormais en route pour Houston, aux États-Unis, où il va retrouver sa famille, mais aussi subir une batterie de tests pendant quelques semaines avant de pouvoir retrouver le sol canadien.
L’Agence spatiale canadienne a affirmé mardi que l’astronaute québécois se portait bien.
Il va aussi devoir réapprendre à vivre comme un Terrien, soit avec la gravité.
Après avoir vécu en apesanteur pendant plus de six mois, les trois astronautes ont grandi de quelques centimètres, grâce au redressement de la colonne vertébrale notamment. Toutefois, avec le poids de la gravité, la colonne va reprendre sa posture « normale », ce qui peut causer des douleurs plus ou moins importantes.
Pendant qu’il reprendra des forces et réapprendra à marcher, David Saint-Jacques sera accompagné de sa femme et de ses trois enfants qui l’attendent déjà dans la base américaine de la NASA.
À plusieurs reprises, l’astronaute canadien a exprimé son désir de revoir sa famille. Au micro de CBC, sa femme, Véronique Morin, a expliqué être « impatiente » de revoir son mari et que ce retour sur Terre a été une épreuve à vivre, mais qu’elle se réjouit surtout de son succès.
Elle a eu l’occasion de parler à son mari juste après son arrivée. Elle lui aurait parlé de leurs enfants qu’il a hâte de retrouver.
Une mission de tous les records
Avec 204 jours dans l’espace, David Saint-Jacques devient l’astronaute canadien à être resté le plus longtemps en orbite autour de la Terre. Il détrône son prédécesseur, Robert Thirsk, qui était resté 188 jours.
Le ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains, a notamment félicité le québécois.
Tout comme Julie Payette, gouverneure générale du Canada :
Re-bienvenu sur Terre @Astro_DavidS! Nous sommes tous très heureux que tu sois de retour. Félicitations pour ton travail remarquable à bord de la Station spatiale internationale (SSI) pendant plus de six mois. 204 jours dans l’espace. Nous sommes très fiers. Bravo David!
— GGJuliePayette (@GGJuliePayette) June 25, 2019
Durant son séjour dans l’espace, Saint-Jacques est devenu le quatrième astronaute de l’Agence spatiale canadienne à sortir dans l’espace. Il a aussi été le premier à être aux commandes du Canadarm2 pour attraper le vaisseau-cargo Dragon.
L’ingénieur, astrophysicien et médecin a aussi mené plusieurs expériences scientifiques pour le Canada et pour d’autres pays afin de contribuer à faire progresser le domaine de l’exploration spatiale. Le père de famille a notamment parlé avec des jeunes de l’ensemble du Canada dans le cadre d’activités éducatives ou de concours.
Il devrait participer à une conférence de presse vendredi depuis Houston et reviendra au Canada à la mi-juillet. Il se rendra à l’Agence spatiale canadienne, juste au sud de Montréal.
Quant à la prochaine mission, l’agence a indiqué que des négociations sont en cours pour qu’un autre membre du corps soit affecté à la Station spatiale internationale avant 2024.
Vous pouvez suivre le retour sur Terre de David Saint-Jacques et ses coéquipiers en intégralité à travers cette vidéo de l’Agence spatiale canadienne :
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