Carte des cours d'eau de l'île de Montréal dans leur état estimé du 17e siècle, selon des documents historiques. Aujourd'hui, beaucoup ont été mis dans des tuyaux et WWF aimerai les réhabiliter. (Crédit : VALÉRIE MAHAUT DE LA FACULTÉ DE L'AMÉNAGEMENT DE L'UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL)

Faire renaître les cours d’eau de Montréal pour s’adapter aux changements climatiques

Pour faire face aux réchauffements climatiques et à ses conséquences, la Ville de Montréal envisage de faire renaître certains de ses cours d’eau en plein cœur du réseau urbain.

Cette opération vise principalement à maîtriser aux inondations et à gérer les eaux pluviales et les égouts.

Si elle voit le jour, cette initiative pourrait devenir la première du genre au Canada.

Le projet Bleue Montréal, porté par la branche canadienne du Fonds mondial pour la nature (WWF), se base sur trois études de faisabilité. Les projets choisis sont déjà en cours de réaménagement et répondent aussi à des critères de développement durable, comme l’explique Sophie Paradis, directrice pour le Québec du WWF Canada.

Sophie Paradis explique en quoi consiste le projet Bleue Montréal (Photo du parc Jarry, un des trois projets retenus par WWF Canada (Crédit : Martin Thibault / Radio-Canada)
S’adapter aux changements climatiques

Recréer des cours d’eau dans le milieu urbain est un outil essentiel pour s’adapter aux changements climatiques, dit Sophie Paradis.

Ils aideraient, par exemple, les villes à gérer leurs eaux et à éviter des inondations similaires à celles dont le Québec a été témoin il y a quelques mois de cela, mais aussi en 2017.

À Montréal, plusieurs viaducs sont inondés lorsqu’il pleut, ajoute Mme Paradis.

 Le réseau dans son entièreté, lorsqu’il a été bâti et construit, il n’était pas prêt à accueillir une population de deux millions d’habitants. Sophie Paradis, directrice de WWF Canada au Québec

Réhabiliter des cours d’eau peut aussi avoir des effets positifs sur la communauté environnante, comme le mentionne la directrice de WWF Canada au Québec.

Un réseau vieillissant

Le problème avec le réseau de Montréal est qu’il s’agit d’un réseau combiné. Cela signifie que les eaux pluviales et les eaux des égouts finissent dans les mêmes tuyaux. Ces derniers sont rapidement surchargés par la consommation d’eau grandissante de la population jumelée aux nombreux épisodes pluvieux.

L’âge avancé de ces infrastructures demande aussi de nombreuses réparations qui représentent des investissements majeurs pour la Ville.

Des infrastructures naturelles sont moins coûteuses et leur effet à long terme est non négligeable. Elles permettraient de réduire les îlots de chaleurs, mais aussi les refoulements d’égouts, affirme Isabelle Thomas, professeure à l’École d’urbanisme et d’architecture du paysage de l’Université de Montréal à La Presse canadienne.

Le fait d’avoir supprimé les infrastructures vertes qu’étaient les cours d’eau a aussi augmenté la pollution des rivières. La pluie entraîne des polluants de la ville dans les cours d’eau sans les filtrer.

Ces solutions naturelles, en surface, de gestion des eaux, avec la compréhension du territoire, donc avec l’ancien cours d’eau qui était là, cela vient alléger cette pression sur le système.

Dans les cas où l’on ne peut pas ouvrir les tuyaux, il existe des solutions de réaménagement. Pour l’illustrer, Mme Paradis prend l’exemple d’un des trois projets, celui du parc Jarry, au nord du centre-ville. Le ruisseau qui était là à l’origine a été mis dans un tuyau qui mélange les eaux naturelles et les égouts. Ainsi, au lieu de l’ouvrir, on peut recréer un cours d’eau en respectant où va l’eau naturellement lors de précipitations. On peut y ajouter des aménagements floraux pour créer un filtre naturel.

Un projet déjà partiellement financé

Le projet Bleue Montréal de WWF Canada a déjà reçu des financements et l’approbation de la Ville, mais la décision est désormais entre les mains de cette dernière.

Il existe des projets similaires au Canada, dit Sophie Paradis, qui se concentrent souvent sur rouvrir des tuyaux reliant une étendue d’eau à une étendue plus fluviale telle qu’un fleuve ou une rivière. Toutefois, aucune réhabilitation n’a était envisagé dans un milieu aussi urbain que Montréal.

Les trois projets sont désormais étudiés par divers experts. Les conclusions sur leur faisabilité ou non devraient être connues dans le courant du mois de juillet.

RCI avec La Presse canadienne.

Vous pouvez écouter l’intégralité de l’entrevue avec Sophie Paradis ici :

Entrevue avec Sophie Paradis, directrice de WWF Canada au Québec. (Photo : Sophie Paradis)
Catégories : Environnement et vie animale, Société
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