Pour aboutir à une telle observation, une équipe multidisciplinaire issue de l’Université McGill, de l’Université de Montréal et du Centre canadien de génomique computationnelle a mené des travaux de recherche sur 156 sujets à Montréal. Un échantillon au sein duquel la moitié n’était pas atteinte de fibromyalgie.

Emmanuel Gonzalez, coauteur de l’étude Crédit : Julie Robert
La fibromyalgie est un mal qui se caractérise par des douleurs chroniques, infligeant aux patients des souffrances atroces aussi bien physiques que psychologiques. L’incompréhension et le mystère entourant cette maladie créent le désarroi dans les familles et laissent impuissant le personnel soignant.
Si les chercheurs demeurent prudents quant à l’exactitude de leur découverte, ils ne sont pas moins optimistes pour ce qui est des perspectives.
S’il était démontré qu’il existe un lien tangible entre la fibromyalgie et le microbiome, cela mettrait les scientifiques sur la voie de traitements dans les prochaines années et peut-être venir à bout de cette maladie qui touche de 2 à 4 % de la population au Canada, surtout les femmes.
C’est un mal qui reste incurable et difficile à diagnostiquer, soutient Emmanuel Gonzalez, coauteur de l’étude réalisée grâce au soutien de la Fondation Louise et Alan-Edwards et de la Société israélienne de médecine musculosquelettique, et publiée dans la revue Pain.
Ce bio-informaticien du Centre canadien de génomique computationnelle et du Département de génétique humaine de l’Université McGill souligne que plusieurs données ont été analysées. Cela a permis de repérer 19 espèces bactériennes. Constat intéressant : la quantité des bactéries variaient à la hausse ou à la baisse chez les personnes atteintes de fibromyalgie, a observé le scientifique.
« Grâce à l’apprentissage machine, notre ordinateur a pu diagnostiquer la fibromyalgie à partir de la seule composition du microbiome avec un taux d’exactitude de 87 %. Fort de cette première découverte, nous entendons poursuivre nos travaux dans le but d’augmenter le taux et, peut-être, de changer la donne en matière de diagnostic », a-t-il soutenu dans le communiqué de presse.
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Signes et symptômes de la fibromyalgie illustrés. Crédit : Istock
Si les chercheurs sont très prudents au stade actuel de leur découverte, c’est en raison de l’existence de plusieurs zones d’ombre qui perdurent et qu’il convient d’éclaircir.
Il va falloir par exemple vérifier si le microbiome intestinal est sujet au même type de perturbations lorsque le patient subit d’autres types de douleurs, à l’instar des lombalgies, des céphalées et autres douleurs neuropathiques.
Par ailleurs, les chercheurs doivent démontrer que les bactéries provoquent la fibromyalgie, en procédant à l’analyse chez les animaux pour observer si la variation de la composition bactérienne contribue véritablement à l’apparition de la maladie.
Étant donné que les personnes analysées sont toutes au Canada, il serait intéressant qu’ils scrutent aussi d’autres groupes d’individus ailleurs dans le monde pour comparer les conclusions.
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