Photo : Radio-Canada-RCI-iStock

Le Canada envisage de criminaliser les thérapies de conversion pour homosexuels toujours offertes au Québec

Les ministres canadiens de la Justice et de la Santé ont expédié une missive à leurs homologues provinciaux afin d’obtenir leur collaboration pour préparer un projet de loi qui permettrait de criminaliser les thérapies de conversion auprès des mineurs et des adultes, une pratique jugée honteuse et cruelle, notamment par les groupes LGBTQ.

La thérapie de conversion ou la « thérapie réparatrice » est une pratique largement discréditée par les spécialistes de la sexualité et les psychologues canadiens. Elle consiste à essayer de changer l’orientation sexuelle ou l’identité sexuelle d’une personne en lui donnant des conseils, en modifiant son comportement par des punitions ou en lui prescrivant des médicaments, en partant du principe qu’être gai ou transgenre est anormal et peut se guérir.

La Société canadienne de psychologie est notamment fermement opposée à ces thérapies. « La thérapie de conversion ou la thérapie réparatrice peut entraîner des résultats négatifs comme la détresse, l’anxiété, la dépression, une image négative de soi, un sentiment d’échec personnel, de la difficulté à entretenir des relations et le dysfonctionnement sexuel », peut-on lire dans l’énoncé de politique de 2015 de l’ACP.

Un projet de loi en attente d’une réélection de Justin Trudeau

Le député fédéral libéral Randy Boissonnault – Photo : Radio-Canada

Le député fédéral libéral Randy Boissonnault conseille le premier ministre canadien sur les enjeux liés à la communauté LGBTQ et pilote cette initiative de projet de loi. Il affirme que la modification au Code criminel interdisant les thérapies de conversion pourrait être adoptée rapidement peu après une éventuelle réélection du gouvernement en octobre prochain.

En février dernier, une pétition en ligne, signée par plus de 18 000 personnes, avait été présentée à la Chambre des communes pour exhorter le gouvernement canadien à interdire toutes formes de coercition pour amener de jeunes gens au pays à suivre des « thérapies de conversion sexuelles ».


Devon Hargreaves, instigateur de la pétition porte un chandail avec le mot-clic #ConversionTherapyBan – Radio-Canada

Le militant Devon Hargreaves, de la petite ville de Lethbridge, dans le sud de Alberta, qui était l’auteur de cette pétition expliquait que dans le passé au Canada les gais, les lesbiennes et les transgenres au Canada ont parfois subi des lobotomies forcées ou ont été placés en institution pour maladie mentale.

Il souhaite que le gouvernement fédéral fasse de la thérapie de conversion une infraction criminelle. D’expliquer alors Devon Hargreaves: «Nous sommes déçus de ne pas avoir de législation à ce stade-ci, mais nous allons continuer de prendre la défense de ceux qui n’ont pas de voix. »

ÉCOUTEZ : ces thérapies demeurent disponibles dans plusieurs provinces, dont le Québec

Human Rights Watch

Le Canada ne serait pas le premier à criminaliser les auteurs de thérapies de conversion

Depuis 1999, un mouvement s’est amorcé dans le monde pour interdire les thérapies de conversion. L’île de Malte, le Brésil et la Chine l’interdisent déjà, de même que certains États américains.

L’idée de criminaliser au niveau national l’action de certains groupes notamment religieux qui offre des « thérapies de conversions sexuelles » pour mineurs est dans l’air depuis trois ou quatre ans. Quelques provinces ont choisi elles-mêmes d’interdire ce genre de pratiques sur leur territoire. Ces thérapies demeurent cependant disponibles dans plusieurs provinces, dont au Québec.

L’Ontario a été le premier à adopter une loi interdisant la thérapie de conversion aux enfants LGBTQ et empêchant les médecins praticiens de facturer le régime provincial d’assurance-maladie à cet effet. La loi sur l’affirmation de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre interdit tout traitement pour modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre des patients âgés de moins de 18 ans et en fait une infraction.

Le Manitoba a été la province suivante à imposer une interdiction. Et l’an dernier, la Nouvelle-Écosse a adopté un projet de loi interdisant la thérapie de conversion avec l’appui de tous les partis politiques.

Dépister au Québec les « guérisseurs » de la « maladie » de l’homosexualité

Photo : arcencielquebec.ca

Un organisme de défense des droits des homosexuels a lancé dans le passé une offensive afin de débusquer ceux qui prétendent « guérir » l’homosexualité.

L’Alliance Arc-en-ciel à Québec avait procédé à une enquête puisque, selon elle, les pratiques des milieux conservateurs religieux et des sectes ouvertement homophobes face à leurs membres sont très peu documentées.

Selon l’Alliance, certains organismes proposent ici même au Québec aux personnes LGBTQ de les « libérer », selon leur expression, de leur identité sexuelle.

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Justin Trudeau, premier ministre du Canada, au défilé de la fierté gaie en 2018

RCI avec les informations de Kathleen Harris de CBC et la contribution de Claude Bernatchez, Camille Martel, Sandra Gagnon et Catherine Perrin de Radio-Canada

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Catégories : Politique, Santé, Société
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