Le portail fer forgé arborant le slogan nazi « Arbeit Macht Frei » (« Le travail rend libre ») à l'ancien camp de concentration d'Auschwitz. (Photo : Reuters/Kacper Pempel)

Zigeunerfamilienlager : 2 août 1944. Le Canada commémore le génocide des Roms au cours de la Seconde Guerre mondiale

Le devoir de mémoire reste parfois le seul outil pour se prémunir des dérives. Par contre, comme l’histoire est un perpétuel recommencement et comme l’humain n’apprend que très lentement de ses erreurs, quand il apprend, des moments de pause, le temps de se souvenir reste un rempart contre l’oubli.

Génocide des Roms – Porajmos, Samudaripen

« Aujourd’hui, nous rendons hommage à la mémoire de plus de 500 000 Roms assassinés et persécutés par les nazis et leurs collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale.

« Nous reconnaissons également l’histoire commune des peuples roms en tant que victimes et survivants des atrocités nazies pendant la Seconde Guerre mondiale.

L’histoire des peuples roms est la conséquence tragique d’un mouvement d’intolérance laissé à lui-même. C’est un exemple qui démontre dans toute son horreur les voies que le sectarisme, la xénophobie et le dénigrement de l’autre comme étant moins qu’égal peuvent emprunter lorsque la rhétorique toxique devient la norme et qu’on l’encourage. »

Déclaration commune de la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, et du ministre du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme, Pablo Rodriguez (extrait)

2 août 1944, journée noire dans l’histoire

Le camp des familles gitanes (en jaune) à Auschwitz-Birkenau (Photo aérienne de 1944 de la RAF, l’aviation britannique)

Au cours de la nuit du 2 au 3 août 1944, les militaires qui gardaient le camp de concentration Auschwitz II-Birkenau, en Pologne occupée, font irruption dans un autre camp appelé Zigeunerfamilienlager (camp des familles gitanes).

Les nazis séparaient les prisonniers selon leurs origines, les Juifs, les Polonais, les Soviétiques et les Gitans.

Les Gitans s’étaient déjà battus bec et ongles contre leurs assaillants quelques mois plus tôt, en mai de cette même année, lors d’une précédente tentative de prise d’assaut du camp.

En réaction, les hommes encore en santé ont été transférés vers d’autres camps.

Armés de pierres et de simples bâtons et planches, les Roms ont bien tenté de se défendre, mais en vain, les nazis ont réussi à pousser quelque 3000 femmes, enfants et vieillards roms vers les sinistres chambres à gaz.

Photo prise juste après la libération du camp de concentration Auschwitz-Birkenau par l’armée soviétique en janvier 1945. Photo : Associated Press)

Une (autre) race inférieure

La terrible propagande nazie considérait les Roms comme étant membres d’une race inférieure.

La politique eugéniste du Troisième Reich se déclinait en une série de lois et de décrets pour « nettoyer l’humanité de ces scories ».

Rappelons que l’eugénisme n’est pas une invention nazie. Avant qu’Adolf Hitler prenne le pouvoir en Allemagne, plusieurs scientifiques et politiciens croyaient à ce concept d’hygiène raciale.

Étaient considérés comme sous-humains les Juifs et les Roms, mais aussi les handicapés physiques. Le terrible programme Aktion 4 mis en place sous le Troisième Reich a mené à la stérilisation de quelque 400 000 personnes entre 1933 et 1945.

« Le Canada travaille au sein de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (AIMH), par l’entremise du Comité sur le génocide des Roms de l’AIMH, afin de sensibiliser davantage la population sur le génocide des Roms.

« Nous jurons de ne plus jamais laisser de telles atrocités se produire contre qui que ce soit et où que ce soit. »

Déclaration commune de la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, et du ministre du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme, Pablo Rodriguez (extrait)

Triste ironie de l’histoire, Adolf Hitler s’est notamment inspiré de l’eugénisme américain que l‘on retrouve dans le livre The International Jew. The world’s Foremost Problem (Trad. : La juiverie internationale, le plus grand problème de l’humanité) de l’homme d’affaires et constructeur automobile Henry Ford.

The International Jew. The world’s Foremost Problem était une série de quatre pamphlets écrits et distribués par Henry Ford. Extrait publité en 1920 dans le Dearborn Independent (banlieue de Détroit au Michigan)

Au Canada

Le pays n’était pas en reste avec ses fascistes, le premier étant Adrien Arcand, celui qui a été surnommé « le führer canadien. »

(LUX, Éditeur)

Durant les années 1930, alors que la faim, la misère, le chômage et les menaces de guerre écrasent le quotidien des classes populaires, Adrien Arcand (1899-1967) prend la tête de groupuscules d’extrême droite qu’il unit sous le signe de la croix gammée. Son programme : faire émerger de la misère existentielle le triomphe du fascisme.

Plus :

Commémoration du génocide des Roms et des Sintis (Musée de l’Holocauste, Montréal)

Adrien Arcand (Encyclopédie canadienne)

Née à Auschwitz, une Canadienne y retourne pour le 70e anniversaire de sa libération (RCI)

Catégories : Politique, Société
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