Des chercheurs canadiens et américains jugent que les incendies de forêt plus importants et plus chauds transforment la vaste forêt boréale du Canada, considérée jusqu’ici comme un réservoir naturel de carbone, en une source au contraire de gaz à effet de serre qui accélère les changements climatiques.
Le carbone produit par des siècles de croissance et de dégradation organiques demeure assez solidement enfoui dans la matière organique du sol même après une forte combustion, ce qui en fait un « puits de carbone » naturel.
Par contre, au terme de leur enquête dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue scientifique Nature, les chercheurs universitaires estiment que les grands incendies causent plus de dommage aux forêts anciennes qu’on ne le pensait. Cela a pour effet de rajeunir d’autant la forêt dans son ensemble. Or, le carbone est plus susceptible d’être libéré par ces jeunes forêts dans un incendie forestier.
Merritt Turetsky, de l’Université de Guelph, en Ontario, explique que la forêt boréale pourrait ainsi se transformer en émetteur de carbone plutôt que de demeurer un réservoir.
Selon elle, cette découverte pourrait amener les pompiers à changer leur façon de sélectionner quel incendie combattre en fonction de l’âge d’une forêt ou de sa composition.
La forêt boréale sur la Côte-Nord du Québec est parsemée de lacs petits et grands creusés par le passage des glaciers en retraite il y a quelques milliers d’années. © Evelyne Côté
Au cours des 15 000 à 16 000 années qui ont suivi, diverses espèces d’arbres qui poussaient au sud de ces glaciers ont peu à peu occupé les régions libérées par la fonte des glaces.
La forêt boréale se situe entre la toundra gelée de l’Arctique, au nord, et les forêts plus tempérées et les prairies, au sud.
Un atout écologique non seulement pour les Canadiens, mais aussi pour le monde entier
Les forêts boréales canadiennes abritent des milliers de lacs et forment ainsi les habitats de millions de canards et de caribous et de milliards d’oiseaux. Elles ont en fait une importance stratégique planétaire puisque le tiers de toutes les forêts boréales de la Terre sont au Canada.
Toutefois, moins de 10 % de ce territoire au Canada est officiellement protégé contre le développement. Or, ces forêts nordiques canadiennes subissent de plein fouet d’énormes pressions : le déboisement dans les provinces et les territoires producteurs de bois d’œuvre, les activités de forage des sables bitumineux dans le nord de l’Alberta et les projets miniers un peu partout principalement au nord du pays.
Peter Robinson, directeur général de la Fondation David Suzuki, soutenait il y a quelque temps que cette forêt boréale canadienne est pourtant l’un des rares territoires encore vraiment sauvages au Canada et qu’il pourrait le demeurer en devenant un site du patrimoine mondial de l’UNESCO.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada
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