Ce qui est dommage, c’est qu’il y a une forme de ghettoïsation de la presse ethnique, confinée dans un système à deux vitesses dans lequel on accorde une légitimité plus grande aux médias établis qui eux, ne touchent que très rarement à des enjeux importants pour les Canadiens issus de l’immigration, de première comme de seconde génération.   (Photo: iStock)

Campagne électorale 2019: doit-on parler de racisme et de multiculturalisme?

La blogueuse et auteure Anita Li propose une réflexion intéressante dans l’édition de cette semaine du webzine Opinions politiques de l’Institut de recherche en politiques publiques sur l’état des lieux des salles de nouvelles au Canada en matière de diversité.

(https://policyoptions.irpp.org/)

Sous le titre « Canadian media lacks nuance, depth on racial issues » (Trad. : les médias canadiens manquent de nuances et de profondeur dans les dossiers traitant des enjeux raciaux), madame Li ajout que les rédactions sont en très grande majorité composées de personnes blanches.

Cette iniquité amène donc à une couverture moins inclusive et pas vraiment représentative de la diversité ethnique canadienne.

(Photo: iStock)

Un fait connu, une élection à couverture monochrome

Il y a longtemps que ce phénomène est connu et documenté. On le constate également dans les émissions de divertissement – téléromans, téléséries – où il y a très peu de rôles principaux pour des comédiens autres que de descendance européenne.

C’est presque un copié-collé en information souligne madame Li.

Pilier de la démocratie canadienne, les médias, télévisions, radios, agences de presse et médias électroniques n’ont pas pris le virage de la diversité.

Taux de participation à la baisse

Vecteur intéressant, Anita Li voit un lien de cause à effet entre cette réalité et les faibles taux de participations des personnes de couleur aux différents scrutins, fédéraux, provinciaux comme municipaux tout en ajoutant que cela se perçoit également dans la crise actuelle des médias locaux qui peinent à survivre.    

Anita Li (Photo: irpp.org)

« If you don’t see yourself reflected in the news, and you don’t see the connection between your community and policy issues, how motivated would you be to vote? How convinced would you be that you could effect change in your country — especially if the media rarely bothers to portray your perspective? »

(Trad : Si vous ne vous vous reconnaissez pas dans les informations, si vous ne sentez pas qu’il y a un lien direct entre votre communauté et les questions de politique, quel serait votre motivation à aller voter? Comment pourriez-vous être convaincu que vous pouvez être un moteur de changement dans votre pays, surtout quand les médias ne présentent que très rarement votre perspective, vos points de vue.)     

Journal chinois de Toronto

Et les médias ethniques?

Les groupes ethniques au Canada ne sont des blocs compacts.  Les médias ethniques sont des outils essentiels pour parler d’enjeux spécifiques qui intéressent leur communauté. Ils se doublent également d’une fonction d’aide à l’intégration.

Ce qui est dommage, c’est qu’il y a une forme de ghettoïsation de la presse ethnique, confinée dans un système à deux vitesses dans lequel on accorde une légitimité plus grande aux médias établis qui eux, ne touchent que très rarement à des enjeux importants pour les Canadiens issus de l’immigration, de première comme de seconde génération.   

(Photo: iStock)

Faible participation des gens de couleur, écueil en vue pour le Canada

Nous le disions plus haut, chez les gens de couleur, les taux de participations sont faibles. Selon Anita Li, cette situation pourrait être vraiment problématique si le Canada n’y fait pas face rapidement.

Selon Statistique Canada, 20% des Canadiens de 15 à 64 ans s’identifiaient comme faisant partie d’une « minorité visible » en 2011. Ils pourraient être 40% en 2036.

Le Canada a été le tout premier pays à faire du multiculturalisme un élément central de sa politique officielle dès 1971. On nous reconnaît mondialement de grandes valeurs d’arbitrages dans les dossiers du pluralisme, nous ne devons pas nous reposer sur ces belles paroles.  

Avec une vague de populisme et de propos incendiaires qui se pointent l’élection du 21 octobre pourrait être un jalon important pour la couverture médiatique au Canada et d’éviter les euphémismes dans leurs reportages. (Photo: iStock)

Vague de populisme

Avec une vague de populisme et de propos incendiaires qui se pointent l’élection du 21 octobre pourrait être un jalon important pour la couverture médiatique au Canada et d’éviter les euphémismes dans leurs reportages.

Il faut parler de racisme dit-elle quand racisme il y a et non pas de « propos racialement déplacés ».

« The media here must stop talking about Canada as if it’s an Anglo monoculture and start reflecting the multiculturalism that we proudly lay claim to but seldom live up to. »

(Trad.; les médias doivent absolument mettre un terme à leur couverture canadienne sous l’angle de la monoculture anglophone et refléter le multiculturalisme que nous revendiquons fièrement, mais auquel nous n’arrivons que rarement à la hauteur). 

Vous aurez accès au texte originel « Canadian media lacks nuance, depth on racial issues » en cliquant ici.

Catégories : Immigration et Réfugiés, Politique, Société
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