Identifier les causes du suicide chez les jeunes Canadiens et résorber un phénomène qui prend de l’ampleur au fil des ans. Le rapport du Conseil canadien des défenseurs des enfants et des jeunes s’en préoccupe. Photo : iStock

Comment lutter contre le suicide, 2e cause de décès chez les jeunes Canadiens

Le Conseil canadien des défenseurs des droits des enfants et des jeunes en fait état dans un rapport qui vient de paraître. Ce rapport, préparé à partir de travaux sur le suicide et sur la santé mentale des enfants au Canada, vise à interpeller les pouvoirs publics sur la nécessité de renforcer les actions pour résorber ce fléau qui fait des ravages au sein de la jeunesse partout au pays.

Éveiller la vigilance nationale

Le suicide des jeunes est plus fréquent dans les communautés autochtones partout au pays, mais c’est un mal profond qui ruine l’enfance et la jeunesse sans distinction d’appartenance ethnique ou raciale à l’échelle du Canada.

Le suicide est classé comme la deuxième cause de décès, notamment chez les jeunes de 10 à 24 ans. C’est une situation qui devrait préoccuper les responsables au plus haut point. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ne devraient pas cesser d’inverser la tendance.

En plus des mesures qui existent déjà, le Conseil insiste sur la nécessité de procéder à des investissements supplémentaires et de prendre d’autres mesures plus ciblées et plus durables en vue d’assurer le bien-être des enfants, ainsi que leur survie.

Cette recommandation est inspirée d’un sondage de l’Institut Angus Reid, réalisé en 2016, sur le bien-être des enfants au Canada.

Selon les résultats de ce sondage, « les trois quarts des Canadiens (73 % des adultes et 77 % des enfants) sont d’avis que les jeunes au Canada ont besoin de plus en plus de soutien pour préserver leur bien-être et réaliser leur plein potentiel. Non seulement les Canadiens croient-ils que nous avons l’obligation morale d’agir, mais ils croient aussi que c’est une démarche sensée sur le plan économique. Près de 9 Canadiens sur 10 affirment qu’investir dans la santé des enfants portera ses fruits et qu’on peut ainsi éviter de futures dépenses supplémentaires ». (Source : communiqué de presse)

Les enfants de 10 ans sont tout aussi concernés par le suicide que les jeunes de 25 ans. Photo : AFP

Le suicide des enfants canadiens peut être évité

Le rapport mentionne qu’il est tout à fait possible de prendre des mesures en amont pour éviter le suicide des jeunes Canadiens. C’est un fléau important qui place le Canada parmi les 5 pays où le taux de suicide chez les jeunes est le plus important.

À titre de recommandation, le Conseil prescrit aux gouvernements de placer le mieux-être mental des enfants, des jeunes et des familles autochtones comme une priorité absolue.

Il est aussi important d’ouvrir un dialogue sur la question, en mettant l’accent sur les obstacles à la santé mentale des jeunes et sur les pistes de solution.

Ce dialogue doit inclure aussi bien les autorités que les parents, les aînés, les familles et les enfants eux-mêmes. Les jeunes victimes de discrimination raciale et les jeunes de la communauté LGBTQ+ ne devraient pas être laissés de côté.

C’est une question de droit pour ces enfants, comme le prescrivent différentes conventions, dont la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant, qui établit clairement des « principes directeurs concernant la non-discrimination, l’intérêt supérieur de l’enfant le droit à la vie, à la survie et au développement, ainsi que la participation à la vie de la collectivité ». (Source : rapport)

L’intimidation et la discrimination font partie des facteurs aggravants dans les milieux LGBTQ+. Crédit : iStock

Prendre en compte les facteurs incitatifs au suicide

Ayant répertorié les facteurs qui favorisent le suicide chez les jeunes Canadiens, le rapport s’est particulièrement penché sur un aspect essentiel à la compréhension des comportements suicidaires chez les jeunes, soit les traumatismes subis durant l’enfance (exploitation, pauvreté, violence sexuelle, stigmatisation, exclusion sociale, discrimination, consommation d’alcool et de drogues, et autres mauvais traitements).

Sur 253 cas à l’étude du Conseil issus de documents provenant de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et du Manitoba, 78 jeunes se sont suicidés, 74 se sont automutilés et un jeune est mort dans un accident de la route. (Source : rapport)

C’est ainsi que le rapport rappelle une recommandation du Comité des droits de l’enfant des Nations unies, qui souligne l’importance pour les décideurs de toujours prendre en compte « les effets que chaque étape de la vie a sur les suivantes » pour mieux définir les approches d’intervention en guise de soutien aux jeunes dans le besoin.

Les jeunes de partout au Canada, qui ont eu à s’exprimer sur la question, vont dans le même sens, soutenant qu’il est primordial d’être à l’écoute des enfants et de leur indiquer les meilleures manières de s’adapter pour gérer efficacement les traumatismes et éviter leurs répercussions à long terme.

Par ailleurs, ils souhaitent que les gouvernements mettent à la disposition des familles les ressources en ce qui a trait à l’information et aux moyens d’intervention pour détecter précocement les symptômes et prévenir les traumatismes.

Avec le rapport du Conseil canadien des défenseurs des enfants et des jeunes
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Catégories : Santé, Société
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