Depuis plus de 50 ans, le multiculturalisme fait partie de l’ADN du Canada. (Photo : iStock)

Le multiculturalisme est-il aussi merveilleux qu’on le pense?

Prajwala Dixit est une auteure canadienne d’origine indienne. La citoyenne de Saint-Jean, à Terre-Neuve, ingénieure, conjointe et mère propose des textes d’opinion et de réflexion à CBC et dans quelques quotidiens.

Dans un papier récemment paru dans le Guardian de Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard, elle s’interroge sur les bienfaits du multiculturalisme à la canadienne.

Le concept de multiculturalisme a vraiment pris son envol au Canada au cours des années 60 pour faire contraste au « biculturalisme », popularisé par la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme.

On s’en sert pour parler d’une société caractérisée par son hétérogénéité ethnique ou culturelle. On l’utilise aussi dans un sens d’idéalisme égalitaire, de respect mutuel entre les différents groupes ethniques ou culturels qui composent le pays. Enfin, le multiculturalisme à la canadienne désigne des mesures gouvernementales fédérales mises en place à compter de 1971 et qui ont été reprises et adoptées par plusieurs provinces par la suite.

Au Québec, on parle plutôt d’interculturalisme.

50 ans

Donc, depuis plus de 50 ans, le multiculturalisme fait partie de l’ADN du Canada. Quand le premier ministre Pierre Elliott Trudeau a fait mettre en place le système de pointage au mérite pour sélectionner et accueillir de nouveaux arrivants, le Canada a vu son immigration connaître de profonds changements, passant d’essentiellement européenne à véritablement internationale.  

Mais, comme se demande Mme Dixit, était-ce vraiment une nouveauté?  

(iStock)

En étudiant l’histoire récente, on s’aperçoit que le Canada atlantique était déjà à l’avant-scène du concept.

Que l’on parle de société, de culture ou d’économie, des personnes venues de Chine, du Liban et des communautés noires, sikhes et juives y ont planté des racines.

En remontant le temps, on découvre aussi que les peuples autochtones d’ici connaissaient et pratiquaient le multiculturalisme bien avant l’arrivée des premiers colons.

Et si l’on ajoute le fait français, il devient évident que cela n’avait rien d’un concept d’exception, mais d’une norme.

Cela dit, l’auteure constate que, malgré tout, l’environnement social d’aujourd’hui n’est pas en phase avec la répartition de la population telle qu’elle est dans les Maritimes.

Serait-ce la faute au multiculturalisme?

Depuis le passage du système de sélection de l’immigration selon la race à un au mérite, le Canada s’est ouvert au monde. Nous avons plusieurs célébrations au cours de l’année qui nous invitent à découvrir d’autres cultures, c’est là l’un des bienfaits indéniables du multiculturalisme, écrit Prajwala Dixit.

Par contre, malheureusement, aucune d’entre elles, qui ont contribué à bâtir le Canada que nous connaissons, n’a droit à un jour férié. La désignation d’une semaine, d’une journée permet de faire étalage de toutes, mais le multiculturalisme n’est plus ici qu’une étiquette soulignant tout ce qui n’entre pas dans les normes démographiques majoritaires.

Une solution?

Prajwala Dixit propose que l’on reconnaisse la portée des mots au quotidien.

Toute étiquette possède deux faces distinctes, il est temps que celle du multiculturalisme, ignorée de la majorité, puisse lui être présentée.

« The intention behind this label might be pure. But it is important to pay heed to the uninvited side effects of such a marker. »

(Trad. : Les intentions qui se trouvent derrière cette appellation [le multiculturalisme] sont sans doute nobles. Mais il serait important de faire bien attention à ses effets secondaires.)       

Prajwala Dixit – Is ‘Multiculturalism ‘ as wonderful as we think?  

Plus: 

Multiculturalisme (Encyclopédie canadienne)

Catégories : Immigration et Réfugiés, Société
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