À trois semaines de la tenue du scrutin, le Parti vert du Canada dévoile son projet d’une « taxe sur les robots ».
Sa cheffe Elizabeth May estime que chaque fois qu’une entreprise remplacera un travailleur par une machine, un gouvernement vert obligera celle-ci à payer une taxe équivalente à l’impôt sur le revenu de l’employé licencié.
Mme May fait remarquer que le Canada est en voie de devenir un chef de file mondial dans le domaine de l’intelligence artificielle, mais, selon elle, l’impact sur les travailleurs devrait plutôt être le point de mire des débats politiques sur cette question de la robotisation des entreprises.
Les revenus tirés d’une « taxe sur les robots » seraient investis par exemple dans des programmes d’éducation et de reconversion « afin que les travailleurs et les travailleuses puissent effectuer une transition équitable vers la nouvelle économie ».
Les verts souhaitent également l’adoption de mesures législatives pour gérer les conséquences éthiques, sociales et économiques de l’utilisation de l’intelligence artificielle.
Taxer les robots au travail pour protéger nos travailleurs
Le gouvernement fédéral s’était fait conseiller, l’an dernier, d’envisager de taxer les robots qui, silencieusement, mais sûrement, remplacent de plus en plus les travailleurs canadiens.
Selon une estimation fournie au ministre canadien du Travail au printemps 2018, jusqu’à 15 % des emplois pourraient être perdus au pays à cause de l’automatisation au cours des deux prochaines décennies. Les robots menacent beaucoup d’emplois.
Le rapport comporte des suggestions comme celle de taxer les technologies qui remplaceraient un travailleur ou d’exiger qu’une partie du travail automatisé soit orientée vers un bien social.
Ce n’est pas la première fois qu’on sonne l’alarme du danger des robots au pays
En 2016, on apprenait que 42 % des emplois au Canada risquaient d’être automatisés ou robotisés d’ici 10 à 20 ans, selon un rapport sur le marché de l’emploi publié par la société-conseil Labour Market Solutions.
D’après cette enquête, la percée de la robotisation toucherait dans un premier temps les secteurs des transports et de la logistique ainsi que les emplois administratifs. Mais à plus long terme, prévenait-on, avec le développement du pouvoir créatif des robots, cette tendance à l’automatisation se généraliserait dans les emplois liés aux services, à la vente et à la construction.
Quand le rapport a été publié, 24 % des Canadiens travaillaient dans ces catégories d’emplois. On parlait de 2,5 millions d’emplois à risque dans les principaux secteurs à potentiel d’automatisation.
Pas étonnant que, dans un sondage réalisé tout récemment, plus de la moitié des Québécois aient dit craindre que l’intelligence artificielle entraîne de nombreux licenciements et souhaiter que les gouvernements en fassent une priorité.
La robotisation des emplois et ses effets pervers sont peut-être grandement exagérés. C’est ce qu’affirment beaucoup d’économistes.
Les cinq professions les plus à risque
Les travailleurs les plus vulnérables gagnent en ce moment moins et ont des niveaux d’éducation inférieurs à ceux du reste de la main-d’œuvre canadienne.
Au Canada, l’automatisation du travail devrait d’abord toucher les secteurs des transports, de la logistique et de la production ainsi que des emplois administratifs.
Vendeur en magasin (92 % de probabilité d’automatisation de 650 000 emplois)
Assistant administratif (96 % de probabilité d’automatisation de 329 000 emplois)
Serveur au comptoir alimentaire (91,5 % de probabilité d’automatisation de 313 000 emplois)
Caissier (97 % de probabilité d’automatisation de 309 000 emplois)
Chauffeur de camion (79 % de probabilité d’automatisation de 262 000 emplois)
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada
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