Scène du 2e débat des chefs. Crédit : PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / JUSTIN TANG

Débat des chefs : absence de pugnacité et de nouveauté, ni gagnant ni perdant

Le deuxième débat des chefs en anglais, le 9 octobre, a permis aux candidats en lice de croiser le fer sur les sujets susceptibles de retenir l’attention des Canadiens et d’avoir un effet sur l’issue du scrutin du 21 octobre.

Le chef conservateur en mode rattrapage

Andrew Scheer, qui avait fait piètre figure lors du premier débat en français diffusé la semaine dernière, s’est montré quelque peu bagarreur d’entrée de jeu.

Il a usé d’allégories, notamment autour du blackface de Justin Trudeau qui a alimenté la chronique au cours du dernier mois, pour fustiger la personnalité multiple du chef libéral et pour l’accuser de tromper les Canadiens.

M. Scheer a remis sur la table ses sujets favoris depuis le début de la campagne, dont l’affaire SNC-Lavalin et son incidence sur le congédiement de la ministre Jody Wilson-Raybould et sur le départ de Jane Philpott. Un congédiement qui serait venu, selon lui, en ajouter à la discorde avec les communautés autochtones, dans un contexte où le Canada cherche à panser les plaies profondes du passé.

Justin Trudeau et Andrew Scheer se sont parlé directement à plusieurs reprises lundi. PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / SEAN KILPATRICK

Justin Trudeau a répondu avec calme, et a souligné l’importance de préserver les emplois des Canadiens, tandis que le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet a tiré des boulets en direction d’Andrew Scheer, l’accusant d’avoir une part de responsabilité dans les pertes enregistrées par le géant québécois de l’ingénierie.

Revenant sur la question de l’avortement, M. Trudeau a interpellé M. Scheer sur sa position qui ne « laisserait aucune possibilité de choix aux femmes ».

Pour sa part, la chef du Parti vert Élisabeth May a fait part de sa satisfaction de voir des hommes se préoccuper ainsi des droits des femmes. Elle a de plus souligné son absence au dernier débat en français sur la chaîne TVA. Ainsi, les jeunes Canadiennes n’ont pu apprécier les positions de la seule femme en lice.

Mme May a remis en question l’engagement du gouvernement libéral qui a usé des fonds publics pour acheter le pipeline Trans Mountain, soutenant qu’il n’aurait jamais dû le faire, en raison des enjeux environnementaux qui en découlent et des préoccupations reliées aux droits et aux attentes des peuples autochtones.

Élisabeth May du Parti vert s’est préoccupée des questions environnementales et des droits des femmes. Crédit photo : LA PRESSE CANADIENNE / JUSTIN TANG

Comme à l’accoutumée, Justin Trudeau a mis de l’avant l’intérêt pour le Canada de préserver les emplois et de renforcer l’économie, tout en prenant des mesures pour lutter contre les changements climatiques. C’est ainsi qu’il a nouveau parlé de la tarification du carbone et de la taxation des plus nantis pour servir la cause environnementale et venir en aide au plus démunis.

Une tribune pour Maxime Bernier?

Maxime Bernier du Parti populaire, connu pour ses positions controversées sur l’environnement, estime qu’il serait difficile pour Justin Trudeau, dans les conditions actuelles, d’atteindre les objectifs fixés dans la lutte contre les changements climatiques. Il a été apostrophé par le chef du Nouveau parti démocratique (NPD) Jagmeet Singh.

Ce dernier a remis en question ses prises de position sur les réseaux sociaux, au sujet notamment de la jeune militante Greta Thunberg, qu’il aurait traitée avec peu d’égard. Il a aussi mentionné que les changements climatiques ne sont en rien le fait de l’homme. M. Singh a souligné clairement que Maxime Bernier ne « méritait pas d’avoir une tribune » pour exprimer de telles contradictions.

En réponse, le chef du Parti populaire a interrogé Jagmeet Singh sur la notion de diversité. Selon lui, cette notion ne devrait pas se limiter aux minorités, mais s’étendre pour permettre des avis diversifiés sur différents enjeux. Une façon de souligner l’importance d’accorder à ses idées une place dans un contexte de démocratie et de liberté d’expression.

Maxime Bernier et Jagmeet Singh échangent sur l’environnement et la diversité d’opinion. Crédit photo : LA PRESSE CANADIENNE / JUSTIN TANG

D’autres questions, comme la loi québécoise sur la laïcité, ont fait l’objet d’échanges intenses entre les chefs. M. Scheer a réaffirmé sa volonté de ne pas intervenir dans ce dossier, tandis que le chef du NPD a quelque peu revu sa position, au cas où la contestation de la loi 21 irait jusqu’à la Cour suprême. Mais il est clair que sa position initiale était qu’il n’interviendrait pas. C’est une attitude hésitante qui laisse les Canadiens sur leur faim.

Quant à Justin Trudeau, il estime qu’il est important de reconsidérer la question, si les plaintes arrivaient à la Cour suprême. Il mentionne qu’il n’interviendra pas en ce moment précis, ce qui constitue une position susceptible de ménager tous les Canadiens.

Dans l’ensemble, le débat a été parfois chaud, mais aussi souvent tiède. Bien que le chef conservateur ait repris du poil de la bête, il reste difficile de se prononcer sur les répercussions sur les électeurs.

Selon les analystes, il n’y a pas eu de grand gagnant, encore moins un grand perdant. Le mordant et la pugnacité qui caractérisent d’habitude les échanges en pareille circonstance ont fait défaut dans ce débat qualifié de cacophonique, à l’approche singulière. Ses multiples modératrices ont été plus préoccupées par les 20 minutes de temps de parole des intervenants que par l’idée de servir de véritables courroies de transmission entre les candidats.

Avec Radio-Canada

Catégories : Politique
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