La branche canadienne du groupe Extinction Rebellion a realisé diverses opérations à travers le pays. (Maggie MacPherson/Radio-Canada)

De grands ponts canadiens bloqués au nom du climat

Plusieurs villes canadiennes ont vu leurs principaux ponts et viaducs être paralysés ces derniers jours par des militants écologistes protestant contre l’inaction politique face aux changements climatiques.

Ces actions font partie d’une protestation planétaire lancée par le mouvement Extinction Rebellion.

Le but des organisateurs est de « bloquer pacifiquement leur ville et perturber le cours normal des activités, exigeant que les gouvernements disent la vérité sur l’urgence climatique et écologique et agissent », dit le communiqué de presse.

Les différentes mobilisations étaient prévues de longue date comme l’indique le site web du mouvement. Ainsi, « des actions sont attendues dans plus de 60 villes allant de Paris à Berlin et dans le monde entier, y compris Los Angeles, Santiago, Washington, New York, Montréal, Buenos Aires, Dublin, Madrid, Londres, Amsterdam, Prague, Vienne, Cape Town, New Delhi, Mumbai, Adélaïde, Melbourne, Sydney, Brisbane, Perth et Wellington, » ajoute le communiqué de presse du vendredi 4 octobre.

Ciblant les heures de grandes affluences, les manifestants ont bloqué les artères principales des plus grandes métropoles canadiennes, soit Vancouver, Toronto et Montréal.

Escalader le pont Jacques-Cartier à Montréal

Dans la métropole québécoise, des manifestants ont visé l’un des axes phares de la ville, le pont Jacques-Cartier. Ils l’ont escaladé à l’aube et ont bloqué le trajet matinal de milliers de Montréalais. Trois personnes ont été arrêtées.

Leur action a toutefois été retardée, car elle devait avoir lieu lundi comme cela a été le cas dans le reste du pays.

Deux actions en Ontario

Dans la plus grande ville canadienne, Toronto, 20 manifestants ont été arrêtés par la police après avoir bloqué le viaduc de la rue Bloor. Les quatre voies qui relient l’est de Toronto au centre-ville sont restées fermées pendant plusieurs heures.

Les manifestants ont tenu des banderoles et des affiches portant le message « Agir maintenant » et « Votre maison brûle, on peut faire quelque chose ».

On est très déçus de voir que les [partis politiques] ne prennent pas cette urgence climatique sérieusement.Irene Alatzakis, organisatrice de la manifestation à Toronto

Comme le pont était libre de voitures, une musicienne a pu jouer du violon au milieu des voies.

Toujours en Ontario, des manifestants ont bloqué des passages piétons par intermittence dans la ville de Kitchener pour ralentir le trafic en pleine heure de pointe.

Des tensions à Edmonton

À Edmonton, la tension était palpable entre les usagers et les militants écologistes lundi matin. Ils étaient au nombre de neuf, dont Michael Kalmanovitch, le candidat du Parti vert pour Edmonton Strathcona aux élections fédérales, à bloquer le pont Walterdale, un des principaux axes routiers de la capitale de l’Alberta.

Les manifestants ont formé une chaîne humaine en s’attachant les bras entre eux.

De nombreux automobilistes ont mal vécu la situation et en sont même venus aux coups. Selon la police, des officiers seraient intervenus pour arrêter des échauffourées sur le pont.

Les agents ont alors formé une ligne entre les usagers en colère et les activistes qui ont ensuite accepté de partir à la demande des forces de l’ordre.

Deux ponts en Colombie-Britannique
Le pont Burrard, à Vancouver, était orné de banderoles lors d’une mobilisation lancée par le groupe Extinction Rebellion lundi matin. (Maggie MacPherson/Radio-Canada)

Sur la côte ouest, plus de 100 militants écologistes ont bravé la pluie pour bloquer le pont Burrard, dont les quatre voies permettent d’accéder au centre-ville de Vancouver.

Pendant plus de 12 heures, les manifestants ont pris possession du pont. Ils ont planté des tentes, préparé des repas et ont joué une partie de hockey-balle.

Les activistes ont toutefois laissé passer les cyclistes comme l’a indiqué un usager sur Twitter.

Dix personnes ont été arrêtées entre 22 h et 23 h parce qu’ils ont refusé de quitter le pont malgré plusieurs avertissements des agents, mentionne un communiqué de police.

Un autre groupe s’est également réuni du côté de Victoria. Il a investi le pont Johnson de 15 h 30 à la fin de l’heure de pointe.

Plus de 150 personnes à Halifax

À Halifax, 18 personnes ont été arrêtées selon les services de police. Plusieurs activistes se sont réunis sur le pont Angus L. Macdonald reliant la capitale de la Nouvelle-Écosse à la ville de Dartmouth.  

Au fil des heures, plus de 150 personnes se sont jointes à la manifestation, ce qui a entraîné la fermeture du pont pendant trois heures et demie.

Ils ne devraient certainement pas avoir à faire face à cette situation. Aucun d’entre nous ne devrait l’être. Cela aurait dû être résolu il y a très, très longtemps. Nous les encourageons à faire part de leurs frustrations à leurs députés provinciaux, à leurs députés parlementaires, à leur premier ministre provincial, mais aussi à leur premier ministre. J’espère qu’on n’aura pas à refaire ce genre de choses.Patrick Yancey, membre d'Extinction Rebellion en Nouvelle-Écosse au micro de CBC
Des membres d’Extinction Rebellion protestent contre les enjeux liés aux changements climatiques et se rassemblent au pont Angus L. Macdonald à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, le lundi 7 octobre 2019. (Andrew Vaughan/THE CANADIAN PRESS)
Des danseurs de la brigade rouge contre Trans Mountain

Inspirés de la brigade rouge anglaise qui danse lors des défilés d’Extinction Rebellion, au Royaume-Uni, des danseurs vêtus d’une robe rouge et le visage peint en blanc ont protesté d’une manière originale contre l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain, à Kamloops, en Colombie-Britannique.

C’est par la voix théâtrale qu’une poignée de manifestants s’est opposée au projet en se déplaçant lentement, tel une procession funéraire avant d’effectuer une série de mouvements représentant une gamme d’émotions.

Le groupe s’inquiète des effets néfastes pour le climat qu’une extension pourrait provoquer.

Des gens vêtus de robes rouges et le visage peint en blanc dansent devant des tuyaux du pipeline Trans Mountain à Kamloops. (Photo fournie par Roger Stinson)

Les organisateurs des diverses manifestations demandent que le Canada et ses provinces mettent en place de nouvelles lois visant à réduire les émissions de carbone du pays à zéro d’ici six ans.

Extinction Rebellion a été fondée au Royaume-Uni en octobre 2018, mais a pris de l’ampleur en avril lorsque le groupe a perturbé le trafic dans le centre de Londres pendant 11 jours. Plus de 1000 militants ont été arrêtés, dont 850 ont été poursuivis pour diverses infractions liées à l’ordre public. Jusqu’à présent, 250 ont été condamnés.

Le groupe dit qu’il a trois objectifs clés : voir les gouvernements communiquer et agir de toute urgence en ce qui concerne le changement climatique; solliciter la participation des citoyens par une assemblée qui déterminera les politiques pour contrer le changement climatique et faire en sorte que les émissions de carbone soient réduites à zéro en 2025, un délai 25 ans inférieur à celui proposé par le Groupe intergouvernemental sur les changements climatiques des Nations unies.

Le mouvement s’étend à la planète entière avec des actions dans plus de 50 pays comme l’Australie, les États-Unis, la France, l’Allemagne ou encore l’Inde.

De nouvelles manifestations sont attendues dans cette semaine surnommée « Semaine de la Rébellion ».

Avec CBC et Radio-Canada

Catégories : Environnement et vie animale, Société
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