Deux décès reliés à l’intoxication aux gaz dans un silo interpellent sur la nécessité de former les travailleurs aux procédures d’entrée complètes d’entrée en espace clos. Crédit : Istock.

Halte aux décès par asphyxie dans les silos à grain!

Deux personnes ont trouvé la mort l’année dernière dans un silo à grain, dans la ferme Rodveil Holdstein, à Saint-Simon-les-Mines, au Québec. Après avoir enquêté sur les raisons de ces décès, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail a dévoilé des conclusions qui permettent de tirer des leçons de cet événement fâcheux.

Selon les faits contenus dans le rapport, les deux personnes sont décédées l’une après l’autre, dans des circonstances particulièrement éprouvantes. Une fois au bout de l’échelle qui l’a mené jusqu’à l’intérieur du silo où il était censé « niveler l’ensilage de maïs », en se servant de fourches, le travailleur a dû sombrer dans les grains et n’a pu remonter. Voulant le sauver, son employeur s’est aussi retrouvé pris au piège. À l’arrivée des secours, les deux hommes étaient morts.

Le rapport d’enquête indique qu’ils sont morts asphyxiés en raison des concentrations de gaz extrêmement élevées à l’intérieur du silo conventionnel en acier vitrifié no 2, et à cause de l’inexistence de la planification et de l’exécution du travail en espace clos.

Une idée des niveaux de gaz dans le silo au moment de l’accident

« Lorsque le travailleur est entré dans le silo, les concentrations présentes pouvaient approcher des valeurs DIVS pour certains gaz. Étant donné que les concentrations des gaz d’enlisage peuvent atteindre des niveaux très élevés dès la première heure de mise en silo, notamment le CO2 durant la première journée, la première victime serait entrée environ 24 heures après la fin de la première phase d’enlisage. Les concentrations obtenues pendant la simulation se sont approchées de la valeur DIVS, notamment pour le NO2, les concentrations présentes au moment de l’accident pouvaient être suffisamment élevées pour compromettre la santé et la sécurité des deux personnes ». (Rapport, p. 16)

Photo : gaz d’enlisage : NO2  dans le silo au moment de l’accident

Atteinte au règlement sur la santé et la sécurité au travail

Ces décès remettent au-devant de la scène la question de la santé et de la sécurité au travail. Sur ce point, le rapport indique que des problèmes de communication majeurs, en raison des différences linguistiques, ont été constatés entre l’employeur qui s’exprime en français et les travailleurs qui parlent la langue espagnole. Ces derniers ne sont pas outillés pour lire les instructions et autres indications sur les silos rédigées soit en français, soit en anglais. Il y a eu « une déficience de formation » des travailleurs en ce qui a trait à la santé et à la sécurité sur les lieux.

Bien que le rapport n’ait démontré aucun lien entre ces problèmes de communication et les décès, il mentionne que les employés « n’ont pas été informés adéquatement sur les risques reliés au travail à l’intérieur des silos, et l’employeur ne leur a pas assuré la formation, l’entraînement et la supervision appropriée afin que ceux-ci aient l’habileté et les connaissances requises pour accomplir de façon sécuritaire le travail en espace clos qui leur a été confié. » (Source : rapport)

Techniquement, les équipements de protection individuelle et collective ont fait défaut sur place, tout comme les plans de sauvetage en cas d’accident et autres dispositifs de ventilation, à l’instar du tracteur, car seul le souffleur à ensilage était visible sur les lieux.

Tous ces éléments représentent une atteinte à la réglementation sur la santé et la sécurité au travail. Elle prévoit que « seuls les travailleurs ayant des connaissances, la formation ou l’expérience requise pour effectuer un travail dans un espace clos sont habiletés à y effectuer un travail ». (Source : rapport, p. 22)

 Quelques recommandations pour éviter ce type d’accident dans les silos-tours d’ensilage :

  • Respect en tout temps de la procédure complète d’entrée en espace clos, quand il faut absolument entrer dans un silo en période de fermentation ou à l’ouverture, après cette période
  • Port d’un appareil de protection respiratoire pour monter dans la chute et entrer dans le silo, quand l’atmosphère semble moins sûre, car la présence de gaz (O2, CO2, NO, NO2) non détectés peut être fatale pour les travailleurs qui se trouvent coincés dans le silo. (Communiqué de presse)
Source : Rapport de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail.
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Catégories : Société
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