Des chercheurs canadiens et américains confirment, à travers une étude commencée il y a plus de 30 ans, qu’il y a un lien entre l’alimentation, le développement et la progression de certains cancers. Crédit : Istock.

Régimes riches en gras saturés, source d’accélération du cancer de la prostate!

Une étude menée conjointement par des chercheurs américains et canadiens attire l’attention sur le fait qu’un régime riche en gras saturé pourrait faire en sorte que le cancer de la prostate progresse à un rythme accéléré et entraîne la mort très rapidement.

David Labbé, chercheur à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM.) Crédit : David Labbé

David Labbé, l’un des chercheurs dans cette étude entamée depuis les années 1980, a expliqué les mécanismes d’accélération de ce cancer, après avoir observé les résultats de l’étude préliminaire menée avec ses collègues auprès de groupes de patients ayant une alimentation riche en gras saturé et d’autres qui ont consommé moins de ces gras qui sont généralement d’origine animale (viande de bœuf, de porc, de poulet consommé avec la peau, etc.), sur une période assez longue.

L’étude, publiée dans Nature Communications, montre une prolifération anormale des cellules induite par la reprogrammation cellulaire reliée au cancer de la prostate. Cela s’observe chez les hommes ayant une diète riche en gras, plus particulièrement en gras saturé, relève le chercheur à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM).

M. Labbé explique que cette reprogrammation pourrait faire en sorte qu’à la suite de la prolifération des cellules, le cancer soit plus agressif et potentiellement mortel. C’est ainsi qu’il souligne qu’un régime pauvre en gras saturé chez les hommes qui présentent un cancer de la prostate à un stade précoce pourrait avoir un effet bénéfique et retarder la progression de la maladie.

« Dans cet article, nous avons démontré que la consommation de gras saturé aggrave le cancer de la prostate en provoquant une réaction semblable à la surexpression de MYC. Il s’agit de l’un des gènes appelés oncogènes qui jouent un rôle dans l’apparition et la progression du cancer. La surexpression du gène MYC refaçonne profondément les programmes cellulaires et produit une signature transcriptionnelle distinctive. MYC est un facteur clé de la tumorigénèse, c’est-à-dire qu’il induit des propriétés malignes dans les cellules normales et favorise la croissance de cellules cancéreuses », a expliqué le chercheur.

Écoutez

L’étude commencée au Dana-Farber Cancer Institute aux États-Unis a permis d’interroger 319 patients sur leur fréquence de consommation, sur leur consommation de gras (diète riche ou faible en gras), du type de gras consommé (saturés, mono-insaturés ou polyinsaturés). Les chercheurs ont procédé à une intégration de l’information alimentaire aux données sur l’expression des gènes des patients. Ils ont ainsi pu découvrir que la consommation de gras animal, particulièrement de gras saturés, imitait la surexposition de MYC. (Source : communiqué)

M. Labbé observe qu’une prostate atteinte de cancer contient à la fois des tissus tumoraux et normaux, et que l’étude a démontré que la consommation de gras saturés ne touche que le programme transcriptionnel dans les tissus tumoraux.  Crédit : iStock

Les chercheurs considèrent que la diminution du risque d’assister à une reprogrammation cellulaire conduisant à la progression du cancer de la prostate pourrait être observée, si les patients en venaient à réduire leur consommation de gras saturés. Le professeur Labbé note que les gras saturés sont à l’origine de l’obésité et de l’augmentation de graisses corporelles, deux éléments qui sont aussi importants dans le développement du cancer de la prostate.

C’est ainsi qu’il a fait appel à l’indice de masse corporelle dans le but de s’assurer que la consommation de gras saturés à elle seule est susceptible d’induire une progression vertigineuse du cancer de la prostate chez l’homme.

« Même après avoir éliminé l’obésité de l’équation, les patients présentant des taux élevés de MYC associés à la consommation de gras saturés sont encore trois fois plus susceptibles de mourir d’un cancer de la prostate. Des études épidémiologiques ont déjà rapporté que l’apport en gras saturé est associé à la progression du cancer de la prostate. Notre étude fournit un fondement mécanique à ce lien et une base pour développer des outils cliniques visant à réduire la consommation de gras saturés et à augmenter les chances de survie », conclut David Labbé, qui a commencé l’étude en bénéficiant de l’encadrement du Dr Myles A. Brown, directeur du Center for Functional Cancer Epigenetics et du professeur Emil Frei III de la Havard Medical School. (communiqué)

En définitive, les chercheurs soutiennent que les traitements épigénétiques vont cibler l’activité transcriptionnelle de MYC, tout comme les interventions diététiques vont cibler les dépendances métaboliques régulées par MYC. Ils mentionnent la possibilité de freiner la progression vers une maladie mortelle, sur la base d’informations spécifiques concernant l’activité physique du patient susceptible de les aiguiller sur l’intervention spécifique à mener. Mais, selon leurs propres observations, il va falloir pour cela qu’ils mènent des études supplémentaires.

Avec des informations de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM)
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Catégories : Santé, Société
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