Les partis de l’opposition au fédéral et différents regroupements au Québec dénoncent une nouvelle mouture de l’Accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique qui fragilise près de 30 000 travailleurs du secteur de l’aluminium dans les régions du Québec, du fait que ce secteur n’aurait pas bénéficié des mêmes protections que l’acier. Crédit : Istock.

Accord Canada–États-Unis–Mexique : les travailleurs de l’aluminium sacrifiés!

Après la signature du nouvel Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), plusieurs voix s’élèvent au pays pour dénoncer un accord dans lequel le gouvernement libéral aurait laissé sur le carreau les travailleurs du secteur de l’aluminium au Québec.

Le syndicat UNIFOR fait partie de ceux qui grincent des dents au lendemain de cette signature.

Ce syndicat du secteur privé au Québec et au Canada, qui représente plus de 315 000 membres, soutient que les emplois dans le secteur de l’aluminium partout au pays ont été sacrifiés, car à la signature de cet accord, il était clair que 70 % de l’aluminium utilisé dans la construction automobile proviendraient de l’Amérique du Nord.

Le nouvel accord est beaucoup plus sévère sur la provenance de l’acier, mais l’est moins pour ce qui est de l’aluminium. C’est ainsi que certains signataires, dont le Mexique, peuvent être avantagés du fait qu’ils auront plus de contrats que les producteurs canadiens.

Le Mexique n’a pas voulu faire de concession dans le secteur de transformation de l’aluminium, alors que le Canada a soutenu qu’il n’y aura ni de pertes ni de gains.

« Même si rien n’a été concédé, il demeure que l’acier a obtenu une protection supplémentaire, alors que ce n’est pas le cas de l’aluminium. On s’inquiète que cette brèche puisse porter atteinte aux emplois dans l’industrie du Québec à moyen terme », a dit Renaud Gagné, directeur québécois d’Unifor.

Selon UNIFOR, le nouvel accord offre la possibilité au Mexique d’élargir son approvisionnement en aluminium transformé en Chine, malgré sa qualité discutable et les enjeux reliés à la pollution, du fait qu’il est produit au charbon.

« Cette situation procurera au Mexique un avantage indu qui est contraire à l’esprit du libre-échange, c’est incohérent et injuste pour notre industrie », a ajouté M. Gagné dans le communiqué.

Le premier ministre Justin Trudeau a eu à répondre aux inquiétudes des partis de l’opposition lors de la période des questions, à la Chambre des communes, mercredi.

« Cet accord représente un gain pour les travailleurs de l’aluminium, 70 % de l’aluminium nécessaire à la production de l’électricité proviendront de l’Amérique du Nord, et le Québec en fait partie. Cet accord représente un gain net pour les travailleurs du secteur », a-t-il déclaré à plusieurs reprises.

Les municipalités du Québec également sur les dents

Pour sa part, le premier ministre du Québec François Legault a relevé qu’en clair, le Canada a fait des concessions sur la gestion de l’offre, sur le bois d’œuvre et sur l’aluminium. Il a reconnu par ailleurs qu’il y a eu une entente afin que 70 % de l’aluminium utilisé dans la construction automobile proviennent des trois signataires, tout en mettant en garde contre une compétition indirecte de la Chine, étant donné que l’aluminium y sera transformé et envoyé au Mexique.

Comme l’Association de l’aluminium, le premier ministre du Québec s’est dit déçu, mais a affirmé qu’il faut ratifier l’entente, car il y a un gain sur l’acier, malgré les pertes attendues pour ce qui est de l’aluminium.

Du côté de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), on soutient qu’il est plus que jamais nécessaire pour le fédéral de prendre des mesures pour défendre les régions où « l’aluminium est une industrie névralgique ». L’UMQ exige la même protection que pour l’acier qui « doit être fondu et coulé sur le sol de l’un des trois pays signataires ».

« Dans l’attente d’en savoir davantage sur les dispositions modifiées de l’ACEUM, je demeure inquiète des impacts sur l’économie du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Après l’aérospatiale, l’aluminium est le deuxième secteur économique en importance au Québec. Huit des neuf usines au Canada sont ici, dans nos régions. Ça représente près de 10 000 emplois directs, 20 000 emplois indirects et des exportations de plus de 8,3 milliards de dollars par année. Plusieurs projets d’expansion dans la vallée de l’aluminium sont suspendus en raison des incertitudes sur le marché mondial », a relevé Josée Néron, trésorière de l’UMQ et mairesse de Saguenay.

Avec des informations du gouvernement fédéral, d’UNIFOR et de l’UMQ
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Catégories : Économie, Politique
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