Au terme d’un long procès, un juge vient de rejeter les 19 accusations qui pesaient sur Joshua Boyle. Ce Canadien était notamment accusé d’avoir agressé sexuellement son épouse américaine, Caitlan Coleman, avec laquelle il était prisonnier des talibans, en Afghanistan, de 2012 à 2017.
Les chefs d’accusation mentionnaient aussi des voies de fait et de la séquestration. La plupart des faits avaient trait à son ex-conjointe et s’étaient produits au Canada dans les deux mois suivants la libération du couple et de ses trois enfants en Afghanistan par une équipe d’intervention militaire pakistanaise en octobre 2017.
Le juge Peter Doody, de la Cour de l’Ontario, a rejeté jeudi les 19 accusations portées contre Joshua Boyle parce que la Couronne n’avait pas prouvé les faits hors de tout doute raisonnable. Le juge a précisé qu’il ne croyait pas la version des événements de Joshua Boyle, mais qu’il ne pouvait pas non plus accepter les informations données par son épouse Caitlan Coleman.
« Je ne la crois pas, tout comme je ne crois pas M. Boyle », a-t-il dit.
Caitlan Coleman vit maintenant aux États-Unis avec les quatre enfants du couple, dont un est né dans ce pays après leur séparation l’an dernier. Elle n’était pas au tribunal jeudi, mais elle était représentée par son avocat.
L’avocat de Boyle, Lawrence Greenspon, a déclaré que son client de 36 ans est extrêmement satisfait et soulagé par la décision de jeudi. Il a passé du temps en détention, a porté un bracelet électronique et a été soumis à des conditions strictes de mise en liberté sous caution pendant deux ans.
Photo de Caitlan Coleman et de Joshua Boyle, disparus en Afghanistan à l’automne 2012.
Crédit photo : Bill Gorman
Kidnappés et séquestrés pendant 5 ans
Le Canadien Joshua Boyle, sa femme américaine Caitlan Coleman et leurs trois enfants, dont l’un est né en captivité, ont passé cinq années entre les mains d’un groupe lié aux talibans. Ils avaient entamé à l’été 2012 un voyage qui les a menés en Russie, au Kazakhstan, au Tadjikistan, au Kirghizistan et finalement en Afghanistan.
Ils avaient l’intention de revenir en décembre, avant l’accouchement de Mme Coleman, mais les communications avec leurs proches se sont brutalement interrompues le 8 octobre.
M. Boyle avait envoyé à ses proches un dernier courriel d’un cybercafé situé dans une région « dangereuse » de l’Afghanistan, selon ses termes. Les derniers retraits dans leur compte bancaire remontaient aux 8 et 9 octobre à Kaboul.
Le Canadien Joshua Boyle, sa femme américaine Caitlan Coleman et leurs enfants ont été libérés en octobre 2017 par les forces pakistanaises.
Crédit photo : Image YouTube
Cinq ans plus tard, M. Boyle et sa famille ont été libérés lors d’une opération militaire
Selon le plus haut représentant du Pakistan au Canada, Tariq Azim Khan, l’armée pakistanaise avait pris connaissance de l’endroit où se trouvait la famille grâce à des informations des services secrets américains, et elle a agi rapidement par la suite.
La confrontation entre le commando militaire et les ravisseurs avait eu lieu sur une route près de Nawa Kili, dans la région de Kohat, au nord-ouest du Pakistan. Le haut-commissaire avait décrit une scène dramatique avec des échanges de coups de feu, pendant que la famille était transportée dans le coffre d’une fourgonnette par ses ravisseurs.
Les États-Unis avaient prévu rapatrier la famille depuis le Pakistan dans un avion américain, mais à la dernière minute Joshua Boyle avait refusé de monter à bord puisque l’avion se rendait à la base aérienne américaine de Bagram.
On rapporte que M. Boyle était nerveux compte tenu de ses antécédents. Il avait été auparavant marié à la soeur d’Omar Khadr, ce citoyen canadien qui a été emprisonné pendant 10 ans au camp militaire américain de Guantanamo après avoir été capturé en 2002 lors d’un échange de tirs à proximité d’un camp d’Al-Qaïda en Afghanistan.
Le Canadien Joshua Boyle et l’Américaine Caitlan Coleman ont été détenus en otages de 2012 à 2017. Photo : YouTube/IntelligenceGroup
Vidéo lors de leur captivité
Dans l’un des enregistrements, Caitlan Coleman, vêtue d’une longue robe noire qui couvre tout son corps sauf son visage, appelle à l’aide son président Barack Obama.
D’un air sombre, la femme de 28 ans demande à sa famille et au gouvernement américain de faire tout ce qu’ils peuvent pour la libérer avec son mari et leurs enfants.
RCI avec les informations de Kathleen Harris de CBC news, La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada
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