Le secteur des assurances confirme que nous faisons déjà les frais d’un indice de météo extrême de plus en plus élevé qui est calculé dans le prix de nos assurances. Photo : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick

Le code du bâtiment du Canada modernisé sous l’effet du réchauffement

Le réchauffement des températures au Canada est dans son ensemble près de deux fois plus rapide que dans le reste du monde et le code du bâtiment du Canada est modernisé pour faire face aux changements climatiques.

Un Canadien en 2017 regarde le feu s’approcher de sa maison. Les feux de forêt plus fréquents sont l’un des phénomènes que l’on associe au réchauffement climatique.Photo Credit: David McNew/Getty Images RCI avec La Presse canadienne et Radio-Canada

C’est en 2025 que les Canadiens devront se familiariser avec un tout nouveau code qui améliorera les exigences relatives à la résistance au vent et à la façon dont les bâtiments supportent les charges de neige.

Il y aura de nouvelles règles pour la collecte des eaux de pluie. Des systèmes de refoulement automatiques seront obligatoires pour réduire les risques d’inondation.

De nouvelles normes liées aux changements climatiques sont également en cours d’élaboration pour les fenêtres, l’isolation extérieure, les essais de résistance au feu, les pare-air et les bardeaux d’asphalte.

Pour le moment, de nouvelles directives pour la certification de la résistance des toitures aux intempéries extrêmes sont prévues pour 2020 explique au Conseil national de recherches du Canada Marianne Armstrong qui pilote l’ensemble de cette mise à jour.

Elle explique que son organisme arrive à la fin d’un programme de recherche de cinq ans qui a examiné comment les changements climatiques et les nouvelles normes qu’ils entraînent affecteront les contraintes sur les bâtiments, les routes, les eaux usées, les transports, les ponts et d’autres infrastructures.

De nouvelles spécifications visant à optimiser les mélanges de béton pour la chaussée afin d’atténuer les problèmes de nid-de-poule devraient être en place en 2021 à la suite des essais sur le terrain comme à Montréal.

Un nid-de-poule sur la rue Saint-Paul à Montréal. Une partie du nouveau code du bâtiment du Canada prévoit l’utilisation de nouveaux matériaux pour les rues afin de prévenir les dégâts causés par des dégels à répétition. (Ryan Remiorz/La Presse Canadienne)

Des statistiques du Bureau d’assurance du Canada qui peignent un sombre tableau

Les phénomènes météorologiques violents qui se produisaient jadis une fois tous les 40 ans au Canada surviennent désormais tous les 6 ans.

Depuis les années 1980, les indemnités d’assurance imputables à des phénomènes météorologiques font plus que doubler tous les 5 à 10 ans.

Près de 300 collectivités ont été touchées en 2017 par des inondations, survenues lors du printemps le plus humide enregistré au Canada depuis 1870. Selon le Bureau d’assurance du Canada, plus de 15 750 demandes d’indemnisation ont été faites et les dommages s’élèvent à plus 223 millions de dollars.

Un homme sur une rue résidentielle entourée d’eau dans la ville de Rigaud (Québec), à l’ouest de Montréal, le 21 avril 2019. (Graham Hughes/La Presse Canadienne)

Le Conseil national de recherches du Canada nous prépare à des lendemains plus violents

Plus de 100 chercheurs ont travaillé sur ce projet, dont le budget s’élève à 42,5 millions de dollars. Ils comprennent des experts en matériaux, des océanographes et des ingénieurs en aérospatiale et en transport. Une centaine d’autres organisations, comme des universités, des provinces et des municipalités, ont participé au projet.

Le conseil de recherche continue d’élaborer une base de données qui tente de prédire les stress climatiques selon différents scénarios pour chaque région du pays. « Ces informations seront complétées d’ici 2020 et à temps pour être prises en compte pour le prochain cycle de changements du code de la construction. »

Bien qu’il soit en avance sur les autres nations, le Canada n’est pas seul dans ses efforts. Américains, Néo-Zélandais et Australiens se posent tous les mêmes questions.

Une étude climatologique portant sur 540 villes du Canada et des États-Unis révélait, en février dernier, que les Montréalais pourrait vivre l’hiver le doux climat de Philadelphie, qui se trouve 700 kilomètres plus au sud et ce dès 2080. Des hivers particulièrement doux et brumeux s’annonceraient également pour les résidents de la ville de Québec dans 60 ans. Le climat de cette ville ressemblera à celui de la ville de Détroit tout à fait au sud de l’Ontario avec seulement un peu de neige en janvier et février.

Graphique : UM

Les étés dans les villes canadiennes seront aussi marqués par une beaucoup plus grande chaleur. Alors que la température estivale moyenne à Edmonton est d’environ 15 degrés Celsius en ce moment, dans 60 ans, on prévoit que cette température augmentera de près de 5 degrés. Cela rappelle davantage le climat de la région de Saint-Paul, au Minnesota.

Ce n’est là qu’une des nombreuses conclusions spécifiques d’une nouvelle étude publiée dans Nature Communications et qui est l’oeuvre de chercheurs de l’Université du Maryland.

Ils ont produit des cartes interactives qui prédisent l’effet des changements climatiques dans 530 villes des États-Unis et une dizaine de villes au Canada, à partir de données météorologiques déjà disponibles.

Matt Fitzpatrick – Université du Maryland

« La question de base à laquelle nous voulions répondre est : de quoi Toronto ou Edmonton auront l’air si certaines de ces prévisions se réalisent comme nous l’anticipons», explique Matt Fitzpatrick, professeur agrégé au Center for Environmental Science de l’Université du Maryland et auteur principal de l’étude.

Les chercheurs ont utilisé les températures moyennes dans ces 540 villes de 1960 à 1990, puis ont fait des projections grâce à des données du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Ils ont également inclus la variabilité pour chaque ville afin de la rendre plus précise.

Les prévisions en détail pour Montréal, Québec et Ottawa

Graphique : UM

Matt Fitzpatrick prévoit dans son enquête qu’à Montréal, le climat ressemblera à celui de Chester, une petite ville au sud-ouest de Philadelphie, où il fait aujourd’hui 4,2 degrés de plus l’été en moyenne, et où les précipitations sont plus abondantes de 12 %.

Les hivers à Québec seront comparables à ceux de Chatham, près de Détroit. On gagnera 7,3 degrés et on aura 30 % moins de précipitations.

À Ottawa, on gagnera 3,3 degrés l’été et on se croira comme à Chicago aujourd’hui.

À Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, les étés seront plus chaud en moyenne de 4,8 degrés, comme actuellement à Long Island à 850 km plus au sud.

À Vancouver, on se croira à Seattle, et Calgary aura l’air de Spearfish, à 1300 km au sud-est, dans le Dakota du Sud.

Graphique : CBC

RCI avec La Presse canadienne et les informations de Nicole Mortillaro de CBC News

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Catégories : Économie, Environnement et vie animale, International, Société
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