Poste frontalier américain de Peace Arch. (CityNews)

Tracasseries à la frontière : des dizaines d’Iraniens détenus et interrogés

Alors qu’une centaine de manifestants était rassemblés devant le consulat américain à Toronto, samedi, pour protester contre l’ordre du président Donald Trump de tuer le général iranien, à l’ouest du pays, à la frontière américaine, on rapportait que des dizaines d’Iraniens et d’Irano-Américains étaient la cible de détention et d’interrogation. 

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La scène qui s’est produite à un passage frontalier important reliant la Colombie-Britannique à l’État américain de Washington s’est poursuivie en journée dimanche.

Selon le Conseil canadien des relations américano-islamiques, de nombreuses autres personnes se seraient vu refuser l’entrée aux États-Unis, y compris beaucoup de citoyens américains qui rentraient chez eux après un concert de musique pop iranienne samedi à Vancouver.

« Les personnes détenues ont rapporté que leurs passeports avaient été confisqués et qu’ils avaient été interrogés sur leurs opinions et allégeances politiques », indique le conseil dans un communiqué publié en ligne.

Hoda Katebi (Youtube)

Hoda Katebi, une organisatrice communautaire basée à Chicago qui a publié le communiqué de presse, a déclaré qu’elle était en contact avec des Iraniens qui ont été détenus pendant des heures avant d’être libérés, sans qu’on leur dise pourquoi ils étaient détenus.

Katebi a ajouté que certains ont été interrogés sur leur statut de citoyen, sur le collège où ils sont allés, sur le lieu de résidence de leurs parents et sur les cours qu’ils ont suivis.

Une étudiante américaine en médecine de 24 ans a notamment déclaré qu’elle avait été détenue et interrogée pendant plus de 10 heures.

Pas de complicité canadienne dans ces détentions américaines

Un porte-parole du ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile Bill Blair affirme que l’Agence des services frontaliers du Canada n’avait pour sa part « aucune implication dans cette affaire ».

« Tous les citoyens canadiens, quels que soient leurs antécédents, sont égaux devant et en vertu de la loi, et personne ne sera jamais détenu arbitrairement à la frontière canadienne ni refusé d’entrée uniquement en raison de son appartenance ethnique ou de sa religion », a déclaré le bureau de Bill Blair.

LE SAVIEZ-VOUS?
Le Canada a rompu ses liens diplomatiques avec l’Iran en septembre 2012. Le gouvernement de Stephen Harper avait alors ordonné la fermeture de l’ambassade et l’expulsion de tous les diplomates iraniens en poste au Canada.
Tous les pays du G20 et de l’OTAN, sauf les États-Unis, le Canada et l’Arabie saoudite, ont aujourd’hui une présence diplomatique à Téhéran.

Beaucoup d’émotions et de tensions au sein des membres de la diaspora iranienne au Canada

PHOTO COLE BURSTON, LA PRESSE CANADIENNE

Le Canada compte l’une des plus grandes communautés iraniennes à l’extérieur de l’Iran et la nouvelle de l’assassinat par les Américains de l’un des stratèges géopolitiques de ce pays, le général Qassem Soleimani, y cause toute une onde de choc.

Cela était palpable à Toronto, ou « Téhéranto », comme l’a surnomme souvent les membres de cette communauté forte de 100 000 personnes d’origine iranienne et qui a été le théâtre de démonstrations.

Toronto comporte en fait la deuxième concentration d’Iraniens à l’extérieur de l’Iran. Seule Los Angeles a une communauté iranienne plus importante.

« Les gens sont très inquiets », déclare Mehrdad Ariannejad, qui a immigré à Toronto en 1997.

« Ils s’inquiètent de l’éclatement d’une autre guerre au Moyen-Orient. Ils s’inquiètent pour leurs parents, pour des personnes innocentes. Mais en même temps, je pense que beaucoup d’Iraniens ici pensent que tant que ce régime sera au pouvoir, ces choses vont se produire », a-t-il dit dans une interview vendredi.

Lors d’un rassemblement antiguerre devant le consulat américain à Toronto samedi, une centaine de manifestants ont exprimé un sentiment similaire : l’inquiétude sur ce que cette dernière action va signifier pour les Iraniens qui vivent déjà sous la pression des sanctions américaines.

Une centaine de manifestants se sont rassemblés devant le consulat américain à Toronto samedi pour protester contre l’ordre du président Donald Trump de tuer le général iranien Qassem Soleimani. (Angelina King/CBC)

Plusieurs espèrent que la mort du général Soleimani provoque un changement de régime

« Je me sens merveilleusement bien parce que ça fait longtemps qu’on attendait ce moment », fait valoir pour sa part Hamid Gharajeh, porte-parole de l’Association démocratique iranienne du Canada.

Hamid Gharajeh a quitté l’Iran en 1977 afin de poursuivre ses études universitaires aux États-Unis. Il s’est établi au Canada une dizaine d’années plus tard. Il n’a jamais remis les pieds dans son pays natal, où vivent toujours ses proches.

« Mon père et ma mère sont décédés en Iran, mais je ne suis jamais allé sur leurs tombes, a-t-il confié. Mon rêve est de retourner dans un Iran libre. »

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En Iran, des milliers d’Iraniens sont rassemblés en procession pour rendre hommage au général Qassem Soleimani, tué par une frappe aérienne américaine. PHOTO : VIA REUTERS / HOSSEIN MERSADI/FARS NEWS AGENCY/WANA

RCI avec les informations de CBC News, La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada

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Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Politique
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