Des jeunes lors d’une représentation, à l’occasion de la commémoration des 10 ans du séisme en Haïti. Crédit : Chantal Lévesque

Miser sur la société civile et écouter la rue pour un meilleur avenir en Haïti?

Marjorie Villefranche, présidente de la Maison d’Haïti Crédit : Chantal Lévesque

Après le tremblement de terre qui a coûté la vie à près de 300 000 personnes, un moment de commémoration a rendu hommage à ceux qui ont été inhumés dans l’anonymat, indique Marjorie Villefranche, la présidente de la Maison d’Haïti. Elle était au cœur de l’organisation des activités, samedi et dimanche, à Montréal, en collaboration avec divers partenaires.

« Les Haïtiens de Montréal sont repartis avec un sentiment qu’ils ont rendu hommage aux morts. Vous savez, 200 000 ou 250 000 personnes ont été simplement mises dans des fosses communes, sans les nommer, sans faire d’enterrement pour eux, et je pense que la commémoration est une façon de penser à chacun, et de les honorer », a relevé Mme Villefranche, dans une entrevue avec Alice Chantal Tchandem.

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Le public présent à la Tohu a observé une minute de silence en mémoire des disparus. Crédit : Chantal Lévesque

Compter sur la société pour relever les défis

Les participants ont abordé plusieurs thèmes, dont la reconstruction d’Haïti qui fait l’objet de critiques depuis plusieurs années.

Cette reconstruction est perçue comme un travail titanesque qui a exigé des efforts des Haïtiens eux-mêmes, de la société civile, mais aussi l’implication de la communauté internationale et des ONG.

Dressant le bilan des activités et des échanges entre les conférenciers qui étaient présents à la Tohu, dans le quartier Saint-Michel, Marjorie Villefranche a fait état d’un succès sur toute la ligne. Elle a tenu à saluer l’implication de la société civile dans les efforts de reconstruction d’Haïti.

« Il y a eu des cycles de conférences, des ateliers, des cycles de cinéma. Je pense que c’était important de réfléchir sur l’avenir du pays, de faire un peu le bilan et de laisser parler la société civile en Haïti qui est très active finalement. Et c’est probablement sur elle qu’on doit compter, si on veut un jour voir quelque chose arriver en Haïti », a-t-elle affirmé.

Mme Villefranche a indiqué que « les gens sont impatients », et « qu’ils ont souvent l’impression que rien n’a été fait, ou que rien n’est fait ». Elle reconnaît que le processus de reconstruction a été émaillé par des erreurs, d’où l’importance pour les ONG de tirer des leçons de leurs échecs pour mieux avancer dans leurs démarches à venir.

« Elles doivent faire elles-mêmes leur propre bilan parce que le bilan est désastreux pour elles. Mais je pense que pour les ONG haïtiennes qui travaillent sur le terrain, ou bien pour les sociétés qui travaillent avec la société civile, je pense qu’il y a des résultats qui sont intéressants, qui ne sont pas à l’échelle nationale, mais je pense que ce sont des résultats intéressants sur lesquels on pourrait prendre des modèles », a déclaré la présidente de la Maison d’Haïti.

Marjorie Villefranche a relevé que pour qu’Haïti puisse se remettre de son passé douloureux, il faut que les autorités accordent aussi une attention à la rue qui ne cesse de gronder, à cause du chômage et de la pauvreté qui frappent durement la population déjà fortement précarisée par les dommages du séisme.

« Moi, je pense que l’avenir, un peu comme l’avenir de beaucoup de pays où il y a des populations qui sont dans la rue et qui protestent, parce qu’Haïti n’est pas le seul pays en crise ni le seul pays qui proteste avec des gens dans la rue qui en ont ras-le-bol, et je pense qu’il faut vraiment être à l’écoute des populations. On en est là en ce moment au niveau mondial. Il faut écouter la population », a-t-elle conclu.

Catégories : International, Société
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