L’anthropologue Isabelle Ribot, de l’Université de Montréal, fait partie d’une équipe internationale de recherche qui étudie l’ADN de squelettes de l’Afrique de l’Ouest. Elle vient de cosigner un article dans la revue Nature qui révèle les différences et les liens génétiques entre les Africains d’aujourd’hui et des populations très anciennes.
L’Afrique, considérée par les spécialistes comme le berceau de notre lointain ancêtre l’Homo sapiens, regorge de secrets. Chaque mission archéologique éclaire un peu plus nos connaissances en la matière. Les recherches menées par l’anthropologue québécoise et ses collègues ont été effectuées dans un site, à Shum Laka, au Cameroun.
Après y avoir prélevé l’ADN de quatre enfants inhumés il y a 8000 et 3000 ans, l’équipe dirigée par des scientifiques de la Harvard Medical School a permis de séquencer le génome entier de l’ADN ancien. Elle a découvert qu’ils font partie d’une population distincte à celle qui peuple la région aujourd’hui.
L’origine de l’espèce Homo sapiens est généralement située entre 400 000 et 500 000 ans, même si la région où elle est apparue – probablement l’Afrique – et la population qui lui a donné naissance – probablement des Homo erectus – ne font pas encore l’unanimité parmi les anthropologues.
C’est au Proche-Orient, dans les grottes de Qafzeh et de Skhul (Israël), qu’ont été découverts les plus anciens hommes de morphologie moderne. Ils sont datés de 100 000 ans environ et sont les témoins d’une première sortie d’Afrique.
Enfin, entre 40 000 et 35 000 ans, les hommes modernes (Homo sapiens sapiens) sont présents sur tout l’Ancien Monde, avant d’occuper, il y a probablement moins de 15 000 ans, le continent américain.
(Source : Encyclopédie Universalis)
« L’analyse montre l’existence d’au moins quatre grandes lignées humaines très anciennes qui ont contribué à la variation des populations d’aujourd’hui, écrit David Reich, généticien de la Harvard Medical School et l’un des auteurs de l’étude. Ces principales lignées se sont séparées les unes des autres il y a environ 250 000 à 200 000 ans. »
Selon les données scientifiques, les Camerounais sont les descendants de populations qui ont remplacé au fil du temps des peuples plus anciens ayant vécu dans la région plus de cinq millénaires avant. Ces conclusions surviennent alors que les anthropologues ont découvert qu’aucun des individus échantillonnés à Shum Laka ne possède de liens étroits avec la majorité des locuteurs du bantou, le groupe de langues africaines présentement le plus répandu dans la zone géographique.
L’étude (disponible uniquement en anglais) souligne qu’il a fallu somme toute peu de temps pour que s’établissent des différences profondes entre les habitants de l’Afrique d’il y a des milliers d’années et ceux d’aujourd’hui. « Cela met en évidence le pouvoir de l’ADN ancien qui permet de lever le voile sur un passé humain dissimulé par les mouvements contemporains de populations. »
Avec les informations de l’Université de Montréal
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