Des agriculteurs répandent des pesticides dans leur champ de tomate. Crédit : Istock.

Gestion des pesticides : le Québec toujours prisonnier du secteur privé?

La province ne semble pas avoir tiré de bonnes leçons de l’affaire Louis Robert. C’est du moins ce que laisse percevoir une nouvelle fournie par l’aile parlementaire du Parti libéral.

L’agronome québécois Louis Robert Crédit photo : Radio-Canada

Louis Robert est un fonctionnaire du ministère de l’Agriculture qui avait sonné l’alerte sur l’implication du secteur privé dans les recherches sur les pesticides menées par le secteur public.

Cela lui avait valu d’être suspendu sans solde pendant plusieurs mois de ses fonctions d’ingénieur, avant d’être réintégré en raison du mécontentement de plusieurs groupes dans la province.

Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) et son ministre de l’Agriculture André Lamontagne avaient été vivement critiqués à cause de leur mauvaise gestion de cette affaire.

Ainsi, le premier ministre François Legault et son équipe s’étaient résolus à mettre en place une « vaste commission parlementaire sur les pesticides ».

Les travaux de cette commission se sont tenus il y a plus de quatre mois, mais les conclusions semblent avoir laissé sur leur faim plusieurs parlementaires.

Dans un communiqué, l’aile parlementaire du Parti libéral du Québec indique que ce rapport, « qui devait être livré avant l’ajournement des travaux en décembre », ne propose rien de concret pour mettre un terme à l’interférence de firmes privées dans les recherches financées par le secteur public.

« Le président de la commission et député de la CAQ, Mathieu Lemay, a indiqué que ce rapport ne contient pas de recommandation », mentionne le communiqué.

C’est un manquement que dénonce la députée de Mauricie-Richard et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement, de lutte contre les changements climatiques et d’agriculture, Marie Montpetit.

Elle met de l’avant le travail acharné effectué par les élus afin d’alimenter ce rapport et s’offusque du fait qu’une question aussi importante pour la santé de la population soit traitée avec une telle désinvolture par le gouvernement caquiste.

« Comment peut-on présenter un rapport cosmétique sans véritable engagement après tout ce travail accompli », dit-elle dans le communiqué­.

Voici quelques-uns des aspects de ce travail soulignés par l’élue :

  • 76 mémoires et plus de 700 recommandations ont été formulées dans le cadre de cette commission;
  • plusieurs tournées ont été menées sur les fermes;
  • une mission a été effectuée en France et en Belgique;
  • lors de cette mission internationale, près de 100 personnes ont été rencontrées (experts, scientifiques, chercheurs, ministres, députés, 6 parlements).

La porte-parole dit se poser des questions sur la pertinence de la démarche du gouvernement dans ce dossier et sur l’utilité d’avoir créé une commission, dont les travaux seront simplement mis sur une tablette.

« Je me questionne sur le sérieux que la CAQ accorde à cet enjeu qui a des conséquences sur la santé des agriculteurs et des consommateurs. Est-ce que cette commission parlementaire a été une mise en scène et une opération de relations publiques pour sauver le ministre de l’Agriculture? Force est d’admettre que tenir des commissions parlementaires pour calmer le jeu et ensuite présenter des rapports dilués semble devenir un modus operandi pour la CAQ », dit la députée de Mauricie-Richard.

Avec des informations de l’aile parlementaire du PLQ.

En complément :

Louis Robert, congédié en janvier dernier du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ), pourra réintégrer son poste s'il le souhaite. C'est ce qu'a annoncé le ministre André Lamontagne après la publication du rapport de la protectrice du citoyen, qui a relevé des « manquements graves » au sein du MAPAQ dans cette affaire. Le reportage d’Hugo Lavallée.
Catégories : Politique, Société
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