Atlantique Nord : opération de sauvetage réussie d’un baleineau noir blessé

1 : Pouvez-vous décrire le processus qui a conduit à la localisation du baleineau blessé?

Qualifiée d’espèce en danger critique d’extinction avec une population estimée à environ 409 individus, dont moins de 90 femelles reproductrices, les gouvernements américain et canadien accordent une attention particulière à la baleine noire de l’Atlantique Nord. L’habitat naturel de cette espèce migratoire s’étendant le long des côtes est du Canada et des États-Unis. Une surveillance aérienne est régulièrement conduite par ces gouvernements afin de se s’assurer du nombre et de l’état de santé de ces mammifères marins.

Janvier correspond à la saison des naissances et les baleines noires nagent généralement le long de la côte est des États-Unis à cette période de l’année. Le 9 janvier, alors que NOAA, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, effectuait une surveillance aérienne le long de la cote de l’État de Georgie, des blessures en forme de S, correspondant à l’hélice d’un bateau, ont été constatées sur la tête d’un baleineau âgé de quelques semaines seulement.

2 : Quelle était sa condition au moment où il a été pris en charge?

Lors de l’intervention, l’équipe de biologistes marins et de vétérinaires a pu confirmer la sévérité des blessures infligées au jeune baleineau. Deux profondes plaies en forme de S entaillaient la chair au niveau de sa tête, l’une d’entre elles ayant sévèrement touché une de ses lèvres, ce qui est bien entendu préoccupant puisqu’il a certainement des difficultés pour se nourrir.

3 En quoi a consisté la prise en charge et quel a été le rôle du Canada dans cette intervention?

En raison de conditions météorologiques peu favorables, l’équipe d’intervention a dû patienter plusieurs jours avant de pouvoir agir. Le 15 janvier, le long de la côte de la Floride et après une surveillance aérienne qui a permis de localiser et d’identifier le baleineau blessé et sa mère, Kathryn Rose, coordonnatrice de recherches pour l’équipe Recherche et Sauvetage Mammifères Marins chez IFAW et experte technique sur le dispositif d’administration à distance ainsi que le reste de l’équipe composée de différentes agences ont pu être déployés en mer pour injecter à distance les antibiotiques au baleineau.

Kathryn Rose était responsable de la préparation du dosage d’antibiotiques. Le bateau s’est ensuite approché avec précaution du petit et de sa mère afin d’être à la distance idéale pour flécher le petit. C’est une opération délicate qui nécessite une grande précision, car le bateau doit être à la bonne distance pour que la seringue puisse passer la couche de graisse et injecter les antibiotiques avec succès directement dans le muscle. Bien que le pronostic du baleineau reste engagé en raison de la gravité de ses blessures, cette opération est un vrai succès. C’est la première fois que le dispositif est utilisé sur un petit de cette espèce. Et de façon plus générale, il s’agit d’une avancée révolutionnaire en termes de traitement des cétacés dans leur habitat naturel.

Après l’administration d’antibiotiques à distance, le baleineau fait depuis l’objet d’un suivi particulier, à travers la surveillance aérienne menée par NOAA. Crédit photo : Florida Fish and Wildlife Conservation Commission (FWC).« Under NOAA permit 18786-04 »

4 : Quelles sont les mesures actuelles de suivi?

Depuis l’utilisation du dispositif et l’administration avec succès des antibiotiques sur le baleineau, celui-ci et sa mère n’ont pas été de nouveau localisés. NOAA poursuit sa surveillance aérienne de façon journalière et tient informé l’ensemble des agences impliquées dans cette opération notamment IFAW.

5 : Quelles recommandations pour prévenir une telle situation?

Comment agir lorsqu’on constate qu’une baleine ou qu’un baleineau est en souffrance? Maintenir une distance de sécurité avec ces baleines en danger critique d’extinction est primordial. Il en est de même avec la vitesse de navigation qui doit être réduite notamment dans les habitats naturels où vivent et transitent les baleines. Une étude d’IFAW publiée il y a quelques mois confirme qu’une moindre vitesse réduit drastiquement le risque de collision avec les baleines, émet moins de gaz à effet de serre et limite également le bruit sous-marin qui est un autre danger auquel font face les mammifères marins. Si vous apercevez une baleine ou un mammifère marin en danger, vous pouvez consulter le site Internet de Pêches et Océans Canada où vous trouverez les contacts des organismes agréés pour aider et secourir ces animaux.

6 : Brève présentation d’IFAW

Le Fonds International pour la protection des animaux également appelé IFAW est une organisation internationale avec une dizaine de bureaux dans le monde, y compris au Canada. Elle se compose d’un réseau d’experts en sauvetage, de vétérinaires, de scientifiques, de chargés de campagnes et de plaidoyers et de personnel administratif qualifié, tous déterminés à protéger les animaux, les hommes et notre planète. Le Fonds développe des projets de conservation des espèces et des habitats naturels dans pas moins de 40 pays dans le monde et s’occupe également du sauvetage et de la réhabilitation d’animaux afin de leur assurer un avenir plus sûr en travaillant avec les communautés locales, les gouvernements, les organisations non gouvernementales, des entreprises et des acteurs dans des secteurs diversifiés.