L’implantation et l’exploitation du projet Frontier pourraient faire perdre jusqu’à 14 000 ha de milieux humides, 3000 ha de tourbières et une quantité incalculable de ressources fauniques. Crédit : Istock.

Projet Frontier : perdre 14 000 ha de zones humides pour une mine de surface?

Les regards sont tournés vers le gouvernement libéral de Justin Trudeau qui va prendre une décision importante concernant le projet de mine Frontier.

Ce projet, proposé par la compagnie britanno-colombienne Teck Ressources, est présenté comme l’un des plus importants des sables bitumineux en Alberta.

Sa construction, son exploitation et son assainissement soulèvent des controverses en raison des impacts environnementaux redoutés.

Les Premières Nations, qui habitent la localité du nord-est de l’Alberta, où la mine d’une capacité de 260 000 barils de bitume par jour serait implantée, y voient une atteinte à leurs intérêts. C’est leur milieu de vie, leur source de nourriture et de loisir qui risque de voler en éclat, au nom de l’intérêt économique brandi par la province qui connaît d’importantes difficultés.

Pour des retombées économiques de 70 milliards de dollars par an, avec la création de plus de 3000 emplois, il faudrait s’attendre en retour à gérer 4 mégatonnes de gaz à effet de serre chaque année. (Source : Radio-Canada)

Selon des informations sur le site du gouvernement fédéral, ce projet se décline en une mine qui sera « exploitée avec des camions et des pelles, qui comportera deux puits à ciel ouvert, une usine de préparation du minerai, une usine de traitement du bitume, des installations de gestion des résidus, des installations de cogénération, des aires d’élimination de stockage, un lac de compensation pour la préservation de l’habitat de poissons ».

C’est un projet gigantesque, dont la superficie peut aller au-delà de 24 000 ha, pour une exploitation pendant plus de quatre décennies.

Radio-Canada rapporte que son implantation suppose la suppression de « 14 000 ha de milieux humides » et la « perte irréversible de 3000 ha de tourbières ».

Selon le gouvernement fédéral, la superficie du projet Frontier dépasse 24 000 ha, soit l’équivalent de la ville de Laval au Québec. S’il est approuvé, ce projet sera exploité pendant 41 ans. Crédit : Radio-Canada

Levée de boucliers des peuples autochtones et des organisations environnementales

L’implantation d’un projet d’une telle envergure nécessite en principe une approche participative permettant de recueillir différents avis, y compris ceux des peuples autochtones sur les impacts environnementaux et sociaux, ainsi que sur les mesures d’atténuation.

C’est ainsi qu’en octobre dernier, l’Agence d’évaluation d’impact du Canada avait annoncé le lancement d’une période de consultation publique à ce sujet. L’issue de cette consultation allait permettre de savoir si le projet irait de l’avant.

Tous les commentaires ont été recueillis jusqu’au 29 novembre.

Les projecteurs sont à présent braqués sur Ottawa qui va se prononcer sur la faisabilité de ce projet, après l’examen des commentaires du public et de la Commission d’examen conjointe qui a déposé son rapport.

Il s’agit notamment pour les responsables fédéraux de déterminer si oui ou non les impacts environnementaux sont tels qu’il serait impossible que le projet se concrétise.

Malgré toutes les assurances données par Teck Ressources en ce qui a trait à la prise en compte des exigences environnementales du projet, les communautés autochtones sont loin de l’approuver, au nom de leurs droits ancestraux sur ces terres, mais surtout au nom de la préservation de leur milieu de vie et des nombreuses espèces qui s’y trouvent, dont certaines sont menacées de disparition.

Du côté des organisations de défense de l’environnement, la mobilisation est palpable contre ce projet qui représente « 10 % de l’ensemble de la production des sables bitumineux » (Radio-Canada).

Le premier ministre du Canada, déjà sur la sellette pour sa duplicité en ce qui concerne les questions environnementales, se trouve encore une fois en face d’un dossier épineux.

Justin Trudeau est tiraillé entre l’Ouest canadien qui croit dure comme fer à une économie fondée sur ses importantes matières premières et l’Est qui est davantage préoccupé par l’urgence climatique.

Il devra prendre, d’ici le 28 février, une décision difficile concernant l’avenir du projet de mine Frontier, dans un contexte marqué par une baisse constante des prix du pétrole qui soulève des interrogations sur la pertinence du projet.

Avec des informations du gouvernement fédéral et Radio-Canada

En complément :

« Frontier » en Alberta serait le plus gros projet d'exploitation de sables bitumineux qu'on ait mis en chantier au Canada. Explications avec Éric Pineault, professeur à l'Institut des sciences de l'environnement de l'UQAM.

Catégories : Économie, Environnement et vie animale, Politique
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