Photo : Desmoblog

VIA Rail paralysé et le CN étranglé par des barrages autochtones anti-gazoduc

VIA Rail annonce que le transport de passagers est interrompu sur l’ensemble du territoire canadien en raison de la paralysie de ses services ferroviaires sur ses trajets les plus achalandés dans l’est du pays (Montréal-Toronto et Toronto-Ottawa) en raison d’un barrage anti-gazoduc près de Belleville, en Ontario.

VIA Rail promet d’ offrir aux passagers un remboursement complet de tous les voyages annulés. Le transporteur canadien précise cependant qu’en raison du volume de transactions, le traitement du remboursement pourrait prendre jusqu’à 15 jours.

Le transporteur de marchandise CN annonce pour sa part une interruption progressive de ses services ferroviaires dans l’est du Canada jusqu’à ce que cessent les blocages dus aux manifestations autochtones, notamment en Ontario.

Le CN affirme que ces mesures pourraient entraîner sous peu des licenciements temporaires au sein de son personnel dans l’est du Canada.

Le CN explique que la situation affecte des envois allant du propane aux matières premières, et qu’elle perturbe la seule liaison ferroviaire entre l’Est et l’Ouest du Canada et le Midwest américain.

Tous les trains de Via Rail sont annulés à la gare centrale de Montréal vendredi matin. (Verity Stevenson/CBC)

Le transport pris en otage

Des manifestants autochtones près de Belleville, en Ontario, une ville située entre Montréal et Toronto. (Lars Hagberg/La Presse Canadienne)

Des membres de la communauté autochtone ont installé une série de campements le long d’un des corridors ferroviaires les plus fréquentés du Canada en appui aux chefs héréditaires Wet’suwet’en de Colombie-Britannique, qui s’opposent à la construction d’un gazoduc.

Les manifestants n’ont pas mis d’obstacles sur les voies ferrées, mais sont installés à proximité – trop près pour que les trains puissent passer en toute sécurité. Le CN a demandé et obtenu des injonctions des tribunaux et a demandé l’aide des organismes d’application de la loi pour les blocages illégaux en Ontario, au Manitoba et en Colombie-Britannique. La situation est réglée au Manitoba et est en voie de l’être en Colombie-Britannique, mais en Ontario, les injonctions n’ont toujours pas été appliquées et continuent à être ignorées par les manifestants.

Barrage ferroviaire sur le territoire mohawk de Tyendinaga, près de Belleville, en Ontario, pour soutenir le blocus d’un gazoduc de Wet’suwet’en dans le nord de la Colombie-Britannique. (Lars Hagberg/Canadian Press)

Des communautés autochtones divisées

Au centre du conflit se trouve un projet de gaz naturel de plusieurs milliards de dollars qui est présenté comme le plus grand investissement du secteur privé de l’histoire du Canada et l’affirmation par des chefs héréditaires Wet’suwet’en selon laquelle aucun gazoduc ne peut être construit sur leur territoire traditionnel sans leur consentement.

En jaune, le trajet du Coastal Gaslink. En rouge, l’autre grand projet du Trans Mountain Pipeline. Graphique CBC.

Ce conflit autour d’un gazoduc dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique est un autre cas de friction entre le désir d’exploiter des ressources et les résistances de la part de certains Autochtones dans une province où de vastes étendues de territoire ne sont couvertes par aucun traité. Le gazoduc Coastal GasLink, d’une valeur de 6 milliards de dollars et long de 670 kilomètres, a pourtant reçu le feu vert de 20 conseils de bande des Premières nations, qui ont tous signé des accords pour soutenir le projet, dont cinq des six conseils de bande de la nation Wet’suwet’en.

Photo CP

Toutefois, les chefs héréditaires des Wet’suwet’en affirment que ces conseils de bande ne sont responsables que du territoire situé dans leurs réserves individuelles, car leur autorité ne découle que de la Loi sur les Indiens. Ces chefs héréditaires ne reconnaissent pas cette loi signée entre les Blancs et les bandes autochtones il y a plusieurs générations.

Ces chefs, dont les ancêtres dirigeaient la nation aautochtone en place avant l’arrivée des Blancs et l’imposition de la Loi sur les Indiens, affirment que ce sont eux qui ont l’autorité finale et légitime sur l’ensemble des 22 000 kilomètres carrés du territoire traditionnel de la nation Wet’suwet’en.

Un manifestant des Premières nations se tient devant un transport lors du blocus mardi. (Lars Hagberg/La Presse Canadienne)

RCI avec les informations de La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada

En complément

L’opposition au gazoduc bloque le transport ferroviaire au pays – RCI

Notre manque de pipelines nuirait à notre compétitivité avec les Américains – RCI

Catégories : Autochtones, Économie, Politique
Mots-clés : , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.