Jason Kenney, le premier ministre albertain, lors d'une mise à jour sur la COVID-19, le 20 mars 2020 à Edmonton. Photo: La Presse canadienne/Jason Franson.

Le prix du baril de pétrole en zone dangereuse, Keystone XL relancé

Alors que le confinement à l’échelle planétaire s’accentue pour restreindre la propagation de la COVID-19, le prix du pétrole poursuit sa dégringolade. 

Lundi, un baril de West Canada Select (WCS), du pétrole lourd des sables bitumineux de l’Alberta, se transigeait à moins de 5 $. Mardi matin, le West Texas Intermediate (WTI), un pétrole plus léger utilisé comme indicateur phare aux États-Unis, frôle la barre des 20 $ US.  

Au moment où la Russie et l’Arabie saoudite se livrent une guerre de prix et continuent d’inonder le marché mondial de leurs produits pétroliers, la consommation est en forte baisse à cause de la pandémie, ce qui ajoute à la surcapacité déjà constatée depuis le début de mars. De plus, Riyad annonçait lundi son intention d’augmenter ses exportations à un niveau jamais vu, soit 10,6 millions de barils par jour dès le mois de mai.

Des analystes de JBC Energy sont d’avis que la demande de pétrole est en train de s’effondrer et que leurs prédictions d’une chute de 20 % de cette demande pour avril et mai ne tiennent plus la route.

TC Energy relance l’oléoduc Keystone XL

Dans ce marché déjà en surcapacité, la pétrolière TC Energy a annoncé mardi matin son intention de travailler sur le pipeline Keystone XL. Ce pipeline acheminera du brut du nord de l’Alberta vers le golfe du Mexique.

Pour ce faire, le gouvernement albertain a consenti une première aide de 1,1 milliards de dollars américains, ce qui devrait couvrir les coûts de construction d’ici la fin de 2020. Le reste de l’investissement du projet de 8 milliards de TC Energy devrait se faire en 2021 et 2022, date à laquelle elle compte racheter la part du gouvernement.

On peut se demander pourquoi l’Alberta et TC Energy prennent le risque de s’embarquer dans un projet de la sorte au moment où l’industrie pétrolière vit des jours sombres. Éric Pineault, professeur à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM, a expliqué à ICI Première qu’il s’agit d’une nouvelle étonnante sur le plan économique, mais qui s’explique politiquement, car la construction du pipeline sera en fait largement financée par le gouvernement de Jason Kenney à hauteur de près de 6,5 milliards en garantie de prêts et en participation en capital. Ce n’est qu’en 2024 que TC Energy sera responsable du projet et qu’elle devra en assumer les dépassements de coûts. 

La seule lueur d’espoir dans ce projet, selon M. Pineault est le fait qu’il y une demande pour du pétrole lourd dans le golfe du Mexique au moment où le Venezuela est incapable d’en produire.

Avec les informations de l’Agence France-Presse, Bloomberg, Reuters, et Radio-Canada

Catégories : Économie, Politique
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