À la mi-janvier, le directeur général de l’OMS aurait relayé de fausses informations en provenance des autorités chinoises sur la transmission du coronavirus, indiquant notamment que la transmission d’homme à homme n’était pas possible, avant de se rétracter. Crédit : Istock

Les États-Unis suspendent l’aide à l’OMS, le Canada reste libre de ses choix

Comme tout État souverain, le Canada est libre de ses choix tant sur la scène nationale qu’internationale. Le premier ministre du Canada a ainsi réagi à la question d’un journaliste lors de son traditionnel point de presse sur la COVID-19, mercredi, à Ottawa.

L’OMS a-t-elle avalisé de fausses informations?

La décision de l’administration Trump de suspendre l’aide financière à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est fondée sur le fait qu’elle aurait été complaisante envers la Chine. Ce pays aurait communiqué de fausses informations sur la transmission du coronavirus entre humains qu’il aurait considérée comme impossible au départ.
Cette thèse aurait été corroborée à la mi-janvier par l’OMS qui a félicité les autorités chinoises pour leur gestion de la pandémie tout en mettant en garde contre les risques de politisation de cette crise. Bien que l’OMS se soit rétractée quelques jours plus tard, la Maison-Blanche a fustigé le manque de transparence de la part de la Chine et a considéré que l’Organisation s’est appuyée sur des données parcellaires et fausses pour se prononcer sur la COVID-19. Elle aurait ainsi contribué à propager de fausses informations, causant une perte de temps aux conséquences désastreuses dans la prise en charge de la pandémie à l’échelle mondiale.

 Critiques dans plusieurs pays

La décision américaine de suspendre ses contributions a été critiquée par plusieurs États et organismes, notamment la France, le Royaume-Uni, l’ONU et l’OMS. Le directeur général de cette dernière, Tedros Adhanom Ghebreyasus, a indiqué que ses choix concernant cette pandémie ont toujours été éclairés par la science, dans l’intérêt de la santé de la population mondiale.

L’OMS est sur la sellette depuis quelques années pour ses manquements à répétition. Malgré tout, Justin Trudeau a abondé dans le même sens que ses homologues européens lorsqu’il a souligné que son administration fait tout ce qui est nécessaire à la préservation de la santé et de la sécurité des Canadiens, en partenariat avec des acteurs aussi bien au Canada qu’ailleurs dans le monde. Il a fait part des discussions à venir avec ses homologues du G7 pour coordonner les efforts de lutte contre la pandémie.

Soulignant que le président Trump « n’a pas formulé de demande directe ou indirecte » visant à influer sur les choix du Canada en ce qui a trait aux financements de l’Organisation mondiale de la santé, Justin Trudeau a mentionné qu’Ottawa soutient cette institution à coups de dizaines de millions de dollars chaque année, et que la contribution du pays a été bonifiée récemment. La contribution réelle sera confirmée sous peu par les responsables fédéraux, a-t-il précisé.

Le mercredi 15 avril 2020, le premier ministre Justin Trudeau s’adresse aux Canadiens au sujet de la pandémie de COVID-19 depuis Rideau Cottage à Ottawa. LA PRESSE CANADIENNE / Sean Kilpatrick

Élargissement de la prestation canadienne d’urgence

Outre ce dossier international, le premier ministre s’est prononcé à nouveau sur les répercussions de la crise de la COVID-19 au Canada.

Cinq points essentiels ont émergé :

– Prestation canadienne d’urgence : Justin Trudeau assure que tous les travailleurs à temps partiel, les travailleurs saisonniers à forfait, à la pige et les travailleurs dont l’assurance emploi est échue depuis le mois de janvier vont pouvoir bénéficier de la Prestation canadienne d’urgence. Tel sera aussi le cas pour les artistes qui ne devraient plus avoir à prendre en considération les droits d’auteurs pour évaluer leurs revenus et leur admissibilité à cette aide.

Pénurie de médicaments pour la sédation avant l’intubation : M. Trudeau a affirmé que son gouvernement travaille avec des partenaires dans le monde pour s’assurer qu’il n’y ait aucune pénurie de médicaments au Canada.

On reconnaît qu’on est dans une crise de santé mondiale, mais le Canada devrait avoir les médicaments et les équipements nécessaires.Justin Trudeau

Intervention des Forces armées canadiennes : répondant à une question concernant l’aide des Forces armées canadiennes pour la gestion de la pandémie dans certaines provinces, à l’instar du Québec qui a fait part de ses besoins, le premier ministre relève que des discussions sont en cours avec les responsables de cette province. Elle a besoin de personnel médical de l’Armée canadienne pour donner des soins, et d’autres pour le maintien de la propreté et de la sécurité, notamment au Nunavut et sur la Côte-Nord. Concernant l’éventualité d’une intervention de l’armée pour faire face à la crise actuelle dans les Centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD), il a affirmé que les discussions permettront d’évaluer cette possibilité. Dans un point de presse plus tard mercredi, le premier ministre du Québec François Legault a indiqué que le fédéral serait prêt à mettre jusqu’à un millier de soldats canadiens à contribution.

Libération des prisonniers : Justin Trudeau a reconnu l’importance de mettre la population carcérale à l’abri de la pandémie, d’où la collaboration avec les organismes de libération conditionnelle pour évaluer les avenues envisageables.

« On veut franchir une étape importante pour mettre les populations incarcérées à l’abri de la COVID-19. Nous allons coordonner nos démarches avec les provinces et accélérer le processus afin que cela soit effectif. Il y a eu des changements dans le transfert des prisonniers. Nous avons adopté les mesures et nous voulons qu’elles soient suivies […] Nous allons toujours chercher de nouvelles façons d’améliorer la protection de ces gens », a expliqué Justin Trudeau.

Conseils de distanciation sociale différents d’un endroit à l’autre au Canada : le premier ministre a rappelé l’importance de respecter le confinement et les mesures d’hygiène pour éviter la contagion.

Se prononçant sur l’éventualité d’une fin prochaine du confinement, Justin Trudeau mentionne « qu’on ne peut pas relancer le Canada comme un seul bloc, et qu’il faut laisser passer la première vague avant d’envisager un déconfinement ».

Avec ce printemps, les gens veulent sortir, mais on a encore de nombreuses semaines devant nous avant que nous puissions relâcher […] Il faut éviter une autre vague qui arrive presque immédiatement. Les gens sont en train de faire des sacrifices et il va falloir que l’on continue à le faire pendant des semaines pour une sortie graduelle, malgré le fait que la pandémie est gérée avec de légères différences d’une région à l’autre du pays, où les pics sont atteints à des moments différents.Justin Trudeau

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