Plusieurs aînés ont perdu la vie au cours de la dernière année dans de nombreuses résidences au Canada en raison de la pandémie de la COVID-19. Les chiffres sur le nombre réel de morts sont contestés dans certains cas, les familles se plaignent d’un manque de transparence et de communication sur les circonstances entourant la mort de leurs proches. (istock)

COVID-19 et CHSLD au Québec : les aînés victimes de l’omerta dans le réseau?

Tous les travailleurs du milieu de la santé doivent pouvoir bénéficier d’une protection légale. Souvent, ils sont les premiers à constater des lacunes du système, ou la négligence. Ils ne doivent pas avoir peur de dénoncer. Joël Arseneau.

Le député des Îles-de-la-Madeleine, porte-parole du Parti québécois, souhaite une protection des lanceurs d’alerte dans le réseau de la santé. Cet appel est lancé alors que la crise de la COVID-19 semble avoir levé le voile sur les dysfonctionnements dans certaines des résidences pour aînés du Québec durement frappées par la pandémie.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux a établi une liste de 145 CHSLD durement touchés par cette pandémie. Selon le diagnostic posé par plusieurs analystes et intervenants en première ligne dans ces résidences, le personnel qui doit dispenser les soins aux aînés est en quantité insuffisante, est sous-payé et est surchargé de travail. Le matériel de soin et de protection individuelle est tout aussi insuffisant, les installations abritant différents services sont désuètes et inadaptées aux contraintes actuelles de la pandémie qui exige l’instauration de zones dites chaudes ou froides en fonction de la gravité de la situation des patients dans certains centres.

Il y a eu des rapports au cours des dernières années, de 2017 à 2019, de la protectrice du citoyen et du coroner concernant notamment la résidence Herron de Dorval, aujourd’hui sur la sellette en raison de l’explosion du nombre de cas et de décès dus à la COVID-19 parmi ses résidents. Pourtant, cela n’a pas empêché la mort d’une trentaine d’aînés, en l’espace de quelques jours, dans cette résidence.

Malgré la triple enquête en cours dans cette résidence, l’élu des Îles-de-la-Madeleine estime qu’il faut ratisser plus large et aborder le problème dans sa globalité, en permettant notamment aux personnes qui sont en contact direct avec les aînés et qui s’occupent d’eux de faire partie de la solution. Selon M. Arseneau, les infirmiers, les préposés aux bénéficiaires, bref tous les travailleurs du réseau de la santé, aussi bien dans le secteur public que privé, devraient avoir le pouvoir de dénoncer les problèmes sans risque de représailles. Ainsi, la Loi sur les lanceurs d’alerte devrait être étendue. Cela suppose que plus d’entités seront reconnues comme organismes publics au sens de cette loi, a indiqué l’élu dans un communiqué.

« Selon la loi actuelle, un acte répréhensible doit présenter un risque grave pour la santé ou la sécurité d’une personne pour être dénoncé publiquement après que l’information a été transmise à la police », indique le communiqué.

Le Parti québécois souhaite donc que l’interprétation de cette disposition soit élargie dans le but d’empêcher les représailles contre le personnel soignant.

Il faut encourager les gens à parler, les assurer qu’ils ne risquent rien. Par exemple, si le personnel du CHSLD Herron avait été protégé par une loi sur les lanceurs d’alerte, il y a fort à parier que la situation aurait été connue bien avant.Joël Arseneau.

M. Arseneau interpelle la ministre de Santé et des Services sociaux Danielle McCann sur l’urgence d’agir. La loi ne s’applique qu’aux établissements publics et privés conventionnés au sens de la Loi sur les services de santé et les services sociaux, ce qui ne permet pas la couverture de lanceurs d’alerte dans les résidences non conventionnées.

Le député demande à la ministre McCann de se positionner clairement, comme lors de sa déclaration, en janvier, dans laquelle elle affirmait que « l’omerta dans le milieu de la santé » devait cesser.

Je lui demande de réitérer clairement sa position pour qu’elle soit entendue de tous. Au privé comme au public, la loi du silence n’a pas sa place. La santé, la sécurité et la dignité des gens sont en jeu et doivent l’emporter sur toute autre considération. a-t-il conclu.

Selon le porte-parole du PQ en matière de santé, les CHSLD non conventionnés, les résidences privées pour aînés (RPA), les ressources intermédiaires (RI), le secteur des services à domicile pour les aînés, les agences de main-d’œuvre indépendantes du domaine de la santé et des services sociaux et les cabinets de ressources professionnelles du réseau devraient être reconnus au sens de la Loi sur les lanceurs d’alerte.

Avec des informations de l’aile parlementaire du Parti québécois et le groupe CNW

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