Vue aérienne de la mine Syncrude Aurora de sables bitumineux dans la forêt boréale au nord de Fort McMurray. Photo: Jiri Rezac - Greenpeace / Jiri Rezac.

L’or noir albertain en zone négative pendant combien de temps?

Lundi, le pétrole canadien pour livraison en mai s’échangeait en terrain négatif, une dégringolade aussi observée ailleurs dans le monde. Pourquoi? C’est que l’or noir acheté lors de la séance d’hier doit être livré en mai sur les marchés. Et comme les réserves sont déjà importantes, surtout aux États-Unis, les vendeurs doivent vendre au rabais ou à perte pour alléger leurs opérations. Une solution moins coûteuse que d’arrêter complètement la production. 

Lors du week-end dernier, le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, mentionnait sur Twitter que le Western Canadian Select (WCS), la référence pour l’or noir issu des sables bitumineux, se négociait désormais à des prix négatifs. Selon NE2, la réalité est plus complexe que quelques chiffres rapidement compilés. Cette plateforme boursière pour le pétrole et ses produits négociés à Calgary, en Alberta, et à Houston, au Texas, est d’avis qu’il faudra attendre jusqu’au 30 avril pour confirmer que le WCS s’est bel et bien négocié à un prix négatif dimanche dernier.

Jason Kenney, premier ministre de l’Alberta, lors d’une conférence de presse sur le coronavirus, le 24 février 2020. Photo : La Presse canadienne/Jason Franson

Le prix négatif du WCS semble avoir été calculé en soustrayant le différentiel entre le WCS du prix quotidien du WTI, le prix quotidien du West Texas Intermediate, la référence aux États-Unis. C’est une pratique courante, car le pétrole albertain est tributaire du prix du baril américain. 

La NE2 fait remarquer que la moyenne du WTI depuis le début du mois d’avril était de 24,70 $ US le baril. En soustrayant le différentiel d’environ 14 $ US, cela place le baril de WCS à 11 $ US. Un prix qui n’est pas génial, mais qui n’est pas en terrain négatif pour l’instant. Est-il possible alors qu’à l’avenir le WCS soit en zone négative selon la NE2? Oui, si l’écart est supérieur au prix moyen. Dans le cas présent, cela ne sera connu qu’à la fin du mois.

Une anomalie à court terme

Selon un analyste du secteur de l’énergie de Calgary, le plongeon en terrain négatif du cours de référence du brut américain est une anomalie de courte durée. Matt Murphy, de la firme Tudor Pickering Holt & Co, est d’avis que cette chute de prix n’aura pas d’effet durable sur les producteurs canadiens, car il s’agit de conditions uniques. 

M. Murphy a expliqué que les prix se sont effondrés en raison de la crainte que les réservoirs de stockage ne s’approchent dangereusement de leur pleine capacité alors que la pandémie de coronavirus bat son plein. Ce qui a sévèrement réduit la demande mondiale de pétrole brut et de produits raffinés.

Avec des informations de La Presse canadienne, de Radio-Canada, d’Agence France-Presse et de Reuters

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