Le premier ministre du Canada concède que la fermeture d’une usine de transformation de la viande en Alberta pourrait faire augmenter le prix du bœuf dans tout le pays. L’éclosion d’autres cas par dizaines dans une autre usine de viande de cette province vient alourdir les soucis pour les consommateurs canadiens.
Lors de son point de presse quotidien, mardi, Justin Trudeau a indiqué qu’une pénurie de viande de bœuf ne se dessine pas pour le moment, bien qu’il admette surveiller « très, très attentivement » l’impact de la fermeture de l’usine de transformation Cargill sur la chaîne d’approvisionnement alimentaire du pays.
Cette usine, située au sud de Calgary, transforme un tiers de tout le bœuf canadien. Elle a annoncé lundi qu’elle fermait temporairement ses portes parce que la pandémie y a pris racine. Un travailleur en est mort et des centaines d’autres ont été contaminés, comme des citoyens dans la région.
Des centaines de personnes infectées
On comptait mardi 484 personnes malades liées d’une manière ou d’une autre aux activités de l’usine. Au moins 360 de ces cas sont des travailleurs de Cargill, et les 124 autres sont des personnes qui ont été en contact avec eux. Un peu plus de 15 % de tous les cas de la COVID-19 en Alberta sont maintenant liés à cette seule usine de viande.
Depuis la semaine dernière, des employés de l’usine Cargill accusaient publiquement l’entreprise d’ignorer les protocoles d’éloignement physique. La majorité de ces travailleurs (de 60 à 80 % selon une source non patronale) serait originaire des Philippines.
Or, plusieurs sont des nouveaux immigrants peu fortunés qui vivent entassés dans des logements collectifs et qui font du covoiturage.
Pas de pénurie nationale pour le moment
Il est peu probable que cette fermeture entraîne une pénurie nationale, a déclaré le premier ministre Justin Trudeau. « Nous avons entendu les producteurs de viande bovine et les associations canadiennes dire que la priorité sera d’assurer l’approvisionnement canadien avant de passer à l’exportation. Une grande partie de notre bœuf est exportée », a-t-il déclaré aux journalistes.
« Mais pour l’instant, la priorité sera donnée à l’approvisionnement intérieur. Nous ne prévoyons pas, pour l’instant, de pénurie de viande bovine, mais les prix pourraient augmenter. Nous allons bien sûr surveiller cela très, très attentivement. »
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Une éclosion de cas de la COVID-19 dans une seconde usine albertaine
La fiabilité de l’approvisionnement en viande au pays devient un souci très clair dans la mesure où une autre usine de transformation de la viande, JBS, à Brooks, signale une augmentation du nombre de cas de la COVID-19 au sein de son personnel.
Lundi, la médecin hygiéniste en chef de l’Alberta, la Dre Deena Hinshaw, a déclaré que 67 travailleurs de cette usine ont maintenant été déclarés positifs, alors qu’il n’y avait que trois cas la semaine dernière.
Selon le président de l’Unité 401 des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC), JBS Canada offre une prime de quart de 4 $ l’heure aux travailleurs de son usine de Brooks. Mais cette prime n’incite pas les travailleurs à se présenter dans un endroit qu’ils jugent non sécuritaire. Des centaines auraient déjà refusé de travailler.
Cameron Bruett, chef des affaires pour JBS USA, confirme que l’usine avait réduit sa production à un seul quart de travail par jour à cause d’une hausse de l’absentéisme.
Il mentionne que l’usine a implanté des mesures de sécurité, y compris la prise de température pour tous les membres entrant dans l’usine, l’achat de masques et l’obligation de les porter ainsi que des cloisons sur les chaînes de production.
Protéger une industrie et ses travailleurs pour protéger notre chaîne alimentaire
La ministre canadienne de la Santé, Patty Hajdu, a déclaré mardi que le gouvernement étudie les soutiens qu’il peut offrir à l’industrie et à ses travailleurs sur la chaîne de montage.
« C’est une conversation vraiment, vraiment importante, en fait, non seulement évidemment pour la maladie des travailleurs, qui est assez difficile et en fait un travailleur est déjà mort, mais aussi pour la durabilité de la chaîne alimentaire », a-t-elle dit.
« Nous allons poursuivre ce travail très rapidement pour nous assurer que nous pouvons comprendre comment soutenir au mieux, non seulement les usines, mais aussi les agriculteurs derrière les usines qui sont dans une situation très difficile maintenant que la capacité à transformer réellement la viande bovine est réduite de manière significative. »
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RCI avec CBC News et La Presse canadienne
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