Depuis le début de la pandémie, les scientifiques du monde entier observent des symptômes et maux atypiques en lien avec le nouveau coronavirus. (Photo : iStock/hiphotos35)

Des formes atypiques de la COVID-19 font leur apparition

En entrevue avec Radio-Canada, le Dr Fabrice Brunet, le PDG du CHUM et du CHU Sainte-Justine, évoque les « formes neurologiques » de la maladie, mais aussi « digestives », « dermatologiques », « cardiaques ». Il évoque aussi le syndrome de Kawasaki chez les enfants, qui pourrait, selon lui, être moins rare qu’on ne le pense. Le Dr Brunet n’est pas le seul à voir des comportements atypiques du virus chez diverses populations. 

En effet, depuis le début de la pandémie, les scientifiques du monde entier observent des symptômes et maux atypiques causés par le nouveau coronavirus.

Chez les patients adultes, les experts ont observé une corrélation entre l’infection par le coronavirus et de dangereux caillots sanguins, même chez des patients qui ne seraient normalement pas à risque.

Dans un récent rapport publié dans le New England Journal of Medicine, les chercheurs ont décrit cinq patients âgés de 33 à 49 ans à New York qui ont été admis à l’hôpital victimes d’accidents vasculaires cérébraux graves en conjonction avec la COVID-19. Un seul d’entre eux avait des antécédents d’AVC.

Bien que la probabilité que de jeunes adultes soient victimes d’un accident vasculaire cérébral en raison de la COVID-19 soit faible, les résultats publiés dans Thrombotic Research en avril montrent que 31 % des patients dans les unités de soins intensifs néerlandaises ont souffert de « complications thrombotiques ».

Ces mêmes observations ont été faites dans des hôpitaux canadiens. Au Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), les médecins sont arrivés à la conclusion que la COVID-19 est une maladie « généralisée du système et pas uniquement de forme respiratoire ».

Le syndrome de Kawasaki

Maladie de Kawasaki Canada

La maladie de Kawasaki (MK) est la principale cause des maladies cardiaques acquises chez les enfants en Amérique du Nord. Il s’agit d’une maladie aiguë qui cause une inflammation des parois des vaisseaux sanguins dans tout l’organisme, y compris les artères coronaires qui approvisionnent le cœur en sang. La majorité des enfants qui développent la MK sont âgés de 5 ans ou moins (de 75 à 80 %), bien que cette maladie puisse toucher des enfants plus âgés et des adolescents. À l’heure actuelle, le nombre de cas de la MK au Canada est estimée chaque année à près de 30 enfants sur 100 000 âgés de moins de 5 ans. Son incidence est donc plus élevée chez les jeunes garçons que chez les jeunes filles. Source : Maladie de Kawasaki Canada

La corrélation entre ce syndrome et la COVID chez les enfants avait aussi été évoquée par une pédiatre spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital Sainte-Justine de Montréal.

La Dre Fatima Kakkar a souligné à La Presse canadienne que la COVID-19 pourrait être la cause de plus d’une dizaine de cas associés au syndrome de Kawasaki dans l’établissement.

Aucun de ces enfants n’a reçu un diagnostic positif de nouveau coronavirus, mais puisque le syndrome de Kawasaki serait déclenché par une infection virale, les médecins soupçonnent qu’il y a un lien avec une infection par la COVID-19 qui n’a jamais été diagnostiquée.Dre Kakkar

Habituellement, un cas chez un enfant du syndrome de Kawasaki est signalé chaque semaine ou deux fois par mois au maximum, a révélé la Dre Kakkar.

À Londres, on avait fait les mêmes observations. Des médecins du South Thames Retrieval Service, dans cette ville du Royaume-Uni, ont constaté que pendant une période de 10 jours à la mi-avril 2020, un groupe sans précédent de huit enfants présentant un choc hyperinflammatoire avec des caractéristiques similaires à celles de la maladie de Kawasaki atypique, du syndrome de choc de la maladie de Kawasaki ou du syndrome de choc toxique (le nombre typique est d’un ou deux enfants par semaine). Ce groupe de cas a constitué la base d’une alerte nationale.

Tous les enfants étaient auparavant en bonne santé. Six des enfants étaient d’origine afro-caribéenne et cinq étaient des garçons. Tous les enfants, sauf un, étaient bien au-dessus du 75e centile de poids. Quatre enfants avaient connu une exposition familiale à la COVID-19. Les données démographiques, les résultats cliniques, les résultats d’imagerie, le traitement et les résultats pour ce groupe de huit enfants sont présentés dans la revue scientifique The Lancet et on peut les voir dans ce tableau (en anglais seulement).

Le système digestif et la COVID-19

Dans la même entrevue que le Dr Brunet à accordé à Radio-Canada, il a évoqué que le CHUM soupçonne que le virus ne se transmet pas uniquement par les voies aériennes, mais aussi par les selles, l’urine, le sang, les larmes, ce qui suggérerait que le système digestif soit plus affecté qu’envisagé auparavant. Également, le système digestif serait également une source de contamination potentielle.

À mesure que les médecins en apprennent davantage au sujet de la COVID-19, une nouvelle étude a démontré que des symptômes digestifs, en particulier la diarrhée, pouvaient constituer un symptôme chez les personnes atteintes d’une forme légère de la COVID-19 (sans difficulté respiratoire ni un faible taux d’oxygène dans le sang).

Dans cette étude publiée dans l’American Journal of Gastroenterology, les patients faisant partie de ce sous-groupe unique ont démontré que la diarrhée pouvait être un symptôme initial de la COVID-19, et ces derniers pouvaient présenter plus tard, ou jamais, des symptômes respiratoires ou de la fièvre.

(Photo : iStock/sefa ozel)

De façon plus détaillée, cette étude a indiqué que 23 % des patients étaient hospitalisés avec des symptômes digestifs, 43 % avec des symptômes respiratoires seulement et 33 % avec à la fois des symptômes respiratoires et gastro-intestinaux. Parmi les patients ayant des symptômes gastro-intestinaux, 67 % d’entre eux avaient la diarrhée et 20 % avaient ressenti de la diarrhée comme premier symptôme de leur maladie.

La diarrhée durait en moyenne cinq jours, et environ un tiers des patients ayant des symptômes gastro-intestinaux n’avaient jamais eu de fièvre. L’étude a également révélé qu’il était beaucoup plus probable que l’on détecte le coronavirus (SARS-CoV-2) dans les échantillons de selles des patients présentant des symptômes gastro-intestinaux, avec environ 73 % des patients obtenant un test positif comparativement à 14 % des patients ayant seulement des symptômes respiratoires.

Les auteurs de cette étude soulignent qu’en raison du fait que les problèmes gastro-intestinaux sont si fréquents, avoir de la diarrhée ne signifie pas nécessairement qu’une personne a contracté la COVID-19. Cette étude nous indique toutefois que la diarrhée peut être un important avertissement.

Si les patients éprouvent une nouvelle apparition de symptômes gastro-intestinaux après avoir possiblement été en contact avec une personne atteinte de la COVID-19, ils devraient soupçonner la maladie, MÊME en l’absence de toux, d’essoufflement, de maux de gorge ou de fièvre.

Cette étude a été effectuée après qu’une recherche précédente, également publiée dans l’American Journal of Gastroenterology, ait conclu que 50 % d’un groupe de 200 patients atteints de la COVID-19 à Wuhan, en Chine, ont signalé présenter au moins un symptôme gastro-intestinal, et 18 % d’entre eux ont signalé de la diarrhée, des vomissements ou des douleurs abdominales. Cette étude était axée sur des patients atteints d’une forme grave de la COVID-19, plutôt que d’une forme légère.

Il est important de souligner que ces deux études étaient relativement de petite envergure, des études plus importantes sont donc nécessaires pour décrire les symptômes digestifs chez les patients atteints de la COVID-19. Nous mettrons à jour cet article à mesure que de nouveaux renseignements deviendront disponibles.

En complément :

RCI avec Maladie de Kawasaki Canada, Canadian Digestive Health Foundation, Radio-Canada, The Lancet. 
Catégories : Santé, Société
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