Le projet minier Matawinie est un projet à ciel ouvert tout à 150 km au nord de Montréal dans la région de Matawinie avec une capacité de production de concentré de graphite de 100 000 tonnes par an. Crédit Istock

Projet minier Matawinie : Québec méprise-t-elle les intérêts des Atikamekw?

C’est du moins ce que soutient l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador dans un communiqué. Selon son chef, Ghislain Picard, Québec ferait la sourde oreille aux revendications de la nation atikamekw qui veut être entendue à des séances du Bureau des audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur différents enjeux.

Le Conseil des Atikamekw de Manawan (CDAM) et le Conseil de la Nation atikamekw (CNA) ont émis le souhait de voir les audiences se prolonger afin que leurs intérêts et leurs droits ancestraux conférés par différents traités soient pris en compte.

Ces deux conseils veulent que les consultations « soient tenues dans des conditions acceptables et raisonnables », soutient le chef Picard, qui s’étonne que le BAPE veuille absolument aller de l’avant avec les consultations, alors que le contexte actuel de la pandémie de la COVID-19 s’y prête le moins.

« Que cache au juste cet empressement, tant de la part du BAPE que de la compagnie minière et du gouvernement du Québec », lance M. Picard.

Ce projet de Nouveau Monde est une opération minière à ciel ouvert électrifié d’une durée de vie de 25,5 ans, situé à 150 km au nord de Montréal, au Québec, près de Saint-Michel-des-Saints, sur la propriété de Matawinie, dans la région administrative de Lanaudière. Il permettra de produire jusqu’à 100 000 tonnes de concentré de graphite chaque année.

Après avoir achevé et publié une étude technique de faisabilité du projet, Nouveau Monde Graphite indique que depuis 2013, il y a eu plus de 50 rencontres avec les populations riveraines pour recueillir leurs avis sur les problèmes possibles. Il y a également eu plusieurs études environnementales depuis 2015 et les promoteurs indiquent qu’elles ont permis d’observer qu’il n’y aura pas d’impacts majeurs sur la faune et la flore. Ils ont néanmoins reconnu qu’il faudrait prendre des mesures supplémentaires, en plus de celles qui sont déjà envisagées, pour amoindrir les impacts sur la santé physique et psychosociale de la population.

Selon les conclusions de l’étude de faisabilité, les bruits, les enjeux reliés à la qualité de l’air, le transport et les risques de perte de la valeur des propriétés ont été rapportés. Au stade actuel des consultations, un accord est loin d’être conclu avec les peuples autochtones qui revendiquent des intérêts et des droits sur leur territoire ancestral et qui souhaitent être entendus.

Le rapport de l’étude de faisabilité indique qu’un comité, qui incluait le Conseil des Atikamaekw de Matawinie  et le Conseil de la Nation atikamekw, avait été formé pour débattre de ces enjeux.

Dans le communiqué publié mardi, le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador souligne, pour le déplorer, le risque que les points de vue des Atikamekw soient tout simplement ignorés, alors qu’ils demandent le report des consultations en raison de la crise sanitaire.

« Que cache l’intention de brûler une étape pourtant élémentaire, soit la consultation en bonne et due forme des Atikamekw de Manawan, pour ce projet susceptible d’avoir des conséquences irréversibles sur leurs droits inhérents et sur leur territoire ancestral », déclare le chef Picard.

Il appelle le BAPE à respecter ses obligations de consultation et à entendre la nation atikamekw, en acceptant de prolonger les audiences publiques.

De notre point de vue, le dépôt d’un rapport de consultation qui exclurait vraisemblablement les préoccupations légitimes qu’auraient pu formellement exprimer les Atikamekw est inconcevable, donc irrecevable. La situation de pandémie actuelle ne saurait servir à détourner l’attention et à maquiller les défauts d’un processus de consultation, a déclaré le chef de l’APNQL.

Selon le communiqué, le premier ministre du Québec François Legault aurait été interpellé à ce sujet au mois d’avril. Dans la demande, la nation sollicitait une suspension temporaire de toutes les consultations et analyses des demandes, permis et autorisations liés au projet d’exploitation des ressources jusqu’à ce que la situation de crise de la COVID-19 se stabilise. Mais, iI n’y aurait pas eu de réaction.

Si les aspirations économiques exacerbées par la crise commandent une substitution déguisée des obligations légales du gouvernement du Québec envers les peuples des Premières Nations, celles-ci pourraient n’avoir d’autre choix que d’adopter des mesures pour faire stopper les projets qui y sont liés. La demande de prolongation des audiences apparaît ici comme la solution la plus juste et la plus équitable dans les circonstances, a conclu Ghislain Picard.
Avec des informations de l’APNQL et de Nouveau Monde

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Catégories : Autochtones, Économie, Environnement et vie animale
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