Un travailleur agricole dans un champ de laitue romaine.

Un travailleur agricole ramasse des laitues romaines dans un champ. Crédit photo: Associated Press / Paul Sakuma

La mort d’un premier travailleur étranger de la COVID-19 au Canada sème l’émoi

Bonifacio Eugenio Romero, travailleur agricole migrant mexicain de 31 ans, est mort samedi après avoir été déclaré positif pour la COVID-19 le 21 mai. 

Mardi, le Dr Wajid Ahmed, médecin-hygiéniste de la province de l’Ontario, a déclaré que l’unité de santé teste les travailleurs migrants lorsque cela est approprié, mais qu’il s’agit d’un groupe de plus de 8000 personnes au niveau local, et que le ministère doit fournir à l’unité de santé plus d’informations sur la manière de procéder.

Cette déclaration survient après celle du premier ministre ontarien Doug Ford. Il a dit lundi que tous les travailleurs migrants devraient être testés.

Selon l’organisme d’aide aux travailleurs migrants, Justice for Migrant Workers (J4MW), le cas de ce travailleur malade n’est pas isolé. Des centaines seraient infectés par le coronavirus.

Cas de COVID-19 dans les exploitations agricoles de l’Ontario : 

  • 164 travailleurs ont été déclarés positifs dans la ferme Scotlynn Simcoe Ontario
  • 175 dans 17 fermes de Windsor Essex
  • 102 cas positifs dans l’entreprise agricole Greenhill Produire Chatham Kent
  • 20 dans les fermes Pioneer Flower Farms de la région de Niagara.

Source : Justice for Migrant Workers 

Dans les installations de Scotlynn Group, 164 travailleurs migrants ont contracté la COVID-19, ce qui a entraîné la fermeture temporaire de l’installation de culture d’asperges près de Vittoria, en Ontario, dans le comté de Norfolk, le mercredi 3 juin 2020. (Photo :LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette)

Le travailleur décédé

Bonifacio Eugenio Romero, 31 ans, est venu travailler au Canada il y a trois mois dans le cadre du programme des travailleurs étrangers temporaires. Il est probablement venu en rêvant de pouvoir améliorer sa vie et celle des membres de sa famille restés au Mexique. Mais il est arrivé à un moment particulièrement dangereux : la pandémie de COVID-19, qui lui a coûté la vie le week-end dernier alors qu’il travaillait dans une ferme ontarienne.

Une mort qui aurait pu être évitée, déclare Santiago Escobar, représentant national de l’Union des travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce du Canada, les TUAC.

Les TUAC pleurent cette perte irréparable et nous adressons nos plus sincères condoléances à la famille du camarade décédé et à tous les travailleurs agricoles dont le travail permet aux Canadiens d’avoir chaque jour sur leur table des fruits et légumes de la plus haute qualité.Santiago Escobar de la TUAC

Bonifacio Eugenio Romero est le premier travailleur migrant et la plus jeune personne de la région à mourir de la COVID-19.

Après avoir reçu son diagnostic le 21 mai, il s’était isolé dans un motel. Mais lorsque son état s’est aggravé, il a appelé à l’aide et a été transporté à l’hôpital selon le journal Windsor Star.

Une ferme du comté de Norfolk, au sud de Simcoe (Ontario), a été un foyer de COVID-19 après que 85 travailleurs migrants eurent été déclarés positifs.

Le service de santé publique de Haldimand-Norfolk a dit dimanche que cinq travailleurs ont été hospitalisés et qu’environ 25 autres présentent des symptômes du virus.

Les travailleurs étrangers et la COVID

La pandémie de COVID-19 a mis sous pression les agriculteurs de tout le Canada dans la gestion de leur main-d’œuvre. Les travailleurs agricoles saisonniers venant de pays étrangers ont été autorisés à entrer au Canada dès le 25 mars, et ils doivent s’isoler pendant 14 jours. (Photo : © THE CANADIAN PRESS/Ryan Remiorz)

Comme les autres voyageurs au Canada, les travailleurs entrants sont tenus de se mettre en quarantaine pendant 14 jours à leur arrivée.

Toutefois, comme plusieurs médias le rapportent, les logements dans les fermes sont souvent surpeuplés, les installations sanitaires insuffisantes, les systèmes de ventilation défaillants, les équipements de cuisine et les moyens de communication sont insuffisants, ce qui pose un problème pour respecter la distantiation physique.

Rappelons que le gouvernement fédéral a annoncé des modifications au Programme des travailleurs étrangers temporaires pendant la pandémie afin d’accélérer l’accès aux travailleurs migrants, ainsi qu’un régime de conformité des employeurs avec un soutien financier (1500 $ par travailleur migrant) pour les coûts des quarantaines des employeurs.

Bien qu’il comprenne des inspections virtuelles avec des mesures punitives en cas de non-respect, plusieurs croient que les agriculteurs sont laissés à eux-mêmes pour déterminer comment se conformer aux règles.

Plutôt que de tenir compte des conseils des experts, la province de l’Ontario a mis en place un ensemble de mesures non coordonnées visant à garantir que les travailleurs migrants pratiquent la période de quarantaine de 14 jours à leur arrivée.

En complément : 

RCI avec CBC, Justice for Migrant Workers, The Conversation, TUAC. 
Catégories : Économie, Immigration et Réfugiés, Santé
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