Curtis Zablocki (CBC)

Aucun racisme systémique policier au pays, dit un commissaire adjoint de la GRC

Tandis que les appels à une réforme des services de police se multiplient au Canada depuis la mort de George Floyd aux États-Unis, et que le ministre canadien de la Sécurité publique promet des changements, un commissaire adjoint de la GRC nie carrément l’existence d’un racisme systémique dans les services policiers du pays.

Curtis Zablocki, qui est le commandant de la GRC en Alberta, dans l’ouest du pays, nie l’existence d’un racisme systémique dans le maintien de l’ordre au Canada, dans la foulée de plaintes selon lesquelles ses propres policiers auraient fait un usage excessif de la force contre un chef autochtone lors d’une arrestation.  

Rappelons que l’équipe d’intervention en cas d’incident grave de l’Alberta a annoncé, en début de semaine, qu’elle enquêterait sur les allégations de racisme et de brutalité policière présentées par le chef chipewyan d’Athabasca, Allan Adam.

Lors d’une conférence de presse samedi dernier, le chef de la Première Nation Chipewyan d’Athabasca dans le nord-est de l’Alberta a parlé aux journalistes d’une agression présumée par des agents de la GRC de Wood Buffalo au début de l’année.

Allan Adam a déclaré qu’il avait été battu par des agents de la GRC et que sa femme avait été malmenée en mars lorsque la police l’avait arrêté pour une plaque d’immatriculation expirée devant un casino de la ville pétrolière de Fort McMurray.

Cette photo qu’Allan Adam a publiée avec les blessures qu’il dit avoir subies lors de l’incident a reçu une grande attention, car les rassemblements antiracistes continuent d’attirer de grandes foules dans tout le pays. (CBC)

Aucun racisme systémique policier, affirme le commandant de la GRC en Alberta

« Je ne crois pas que le racisme soit systémique dans le maintien de l’ordre au Canada. Je ne crois pas qu’il le soit dans le maintien de l’ordre en Alberta », a déclaré le commissaire adjoint Curtis Zablocki, lorsqu’il a été interrogé sur le déroulement des protestations aux États-Unis concernant la mort de George Floyd, et sur les débats concernant la violence policière dans le monde.

« Nous reconnaissons tous que les individus racistes peuvent être n’importe où dans notre société et nos institutions, et nous l’avons reconnu sur le plan organisationnel dans la GRC », écrit-il dans une lettre à CBC News. 

Il ajoute qu’il est du devoir des organisations policières de « continuer à écouter, à apprendre et à travailler avec les citoyens que nous servons. Et nous nous engageons à continuer à nous remettre en question pour fournir des services de police d’une manière qui réponde au mieux aux attentes des Albertains ».

Mais il n’a pas modifié sa déclaration initiale qui disait : « Je pense que les questions de racisme et les relations avec nos diverses communautés au Canada diffèrent de celles de nos homologues américains ».

Ce n’est pas la première fois que Curtris Zablocki fait la une des journaux pour des commentaires sur la race et le maintien de l’ordre.  

En 2017, deux ans avant d’être nommé commissaire adjoint, il avait réfuté un rapport de Human Rights Watch Canada qui avait trouvé des preuves d’une relation « profondément fracturée » entre la police et les communautés autochtones de l’Alberta.
 
Le ministre canadien qui supervise la GRC n’est pas d’accord

Le ministre de la Sécurité publique Bill Blair a déclaré, mardi, que les peuples et communautés autochtones « sont toujours confrontés à des barrières systémiques au Canada, et le racisme auquel ils sont confrontés prend souvent forme dans les interactions avec les forces de l’ordre ».

« La discrimination fondée sur la race ou toute autre forme de préjugé est non seulement odieuse et inacceptable, mais elle est également illégale », a affirmé le ministre.

Le ministre Blair s’est adressé aux journalistes dans la foulée d’une mobilisation massive au pays exigeant la fin du traitement inégal des communautés racisées aux mains des forces de l’ordre à travers le Canada.

Le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, Bill Blair, est lui-même un ancien chef de police. (Adrian Wyld/La Presse canadienne)

D’autres cas d’inconduite de la GRC?

La Gendarmerie royale du Canada est plongée en ce moment au cœur de la controverse parce qu’on rapporte depuis quelques jours divers incidents au pays impliquant ces policiers.

Une vidéo troublante a fait surface montrant un agent de la GRC utilisant la portière de son véhicule pour renverser un homme inuit qui marchait le long d’une route, à Kinngait, au Nunavut.

Dans un autre cas, un policier qui est allé vérifier l’état de santé d’une jeune mère autochtone du nom de Chantel Moore à Edmundston, au Nouveau-Brunswick, a fini par faire feu sur elle et l’a tuée.

Le ministre canadien des Services aux Autochtones, Marc Miller, s’est dit outré par ces interventions policières, affirmant que le Canada devra répondre de ses actes « honteux » et « disgracieux ».

Mme Moore est morte jeudi dernier, après que la police fut arrivée chez elle. Il y avait une demande de vérifier si tout allait bien. La police affirme que l’agent s’est trouvé face à une femme tenant un couteau et faisant des menaces.PHOTO : FACEBOOK : CHANTEL MOORE

RCI avec CBC News et Radio-Canada

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Catégories : Autochtones, International, Politique, Société
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