Black Canadians are using the death of George Floyd to also draw more attention to long-standing problems around policing black communities in Canada. (CBC)

Pas de racisme systémique au Québec et en Ontario, soutiennent Ford et Legault

Les premiers ministres des deux provinces les plus populeuses du Canada affirment que le racisme systémique au sein des corps policiers ou des institutions n’est pas un problème sur leur territoire.

Cela vient contredire les conclusions de rapports sur le problème du profilage racial au pays lors d’arrestations policières ou les statistiques montrant des taux d’incarcération beaucoup plus élevés des Noirs ou des Autochtones au pays.

Cela vient aussi contredire les propos prononcés plus tôt par le premier ministre du Canada Justin Trudeau qui, dans la foulée des manifestations aux États-Unis, a dénoncé le racisme systémique qui a cours, selon lui, au Canada.

« Le racisme envers les Noirs, la discrimination systémique, l’injustice, ça existe aussi chez nous », a-t-il dit.

« Ici, au Canada, nous avons aussi de grands défis. Nous avons de la discrimination systémique. Ça veut dire que nos systèmes, nos institutions, ne traitent pas de la même façon les Canadiens d’origine diverse que d’autres », a-t-il ajouté.

Faisant écho à ses propos, le chef du NPD a déclaré pour sa part que la police canadienne a besoin de plus de formation en « désescalade » pour que les contrôles de routine ne deviennent pas mortels pour les Canadiens des minorités visibles.

Jagmeet Singh a commencé sa carrière en politique provinciale en menant un combat contre la pratique policière d’arrêts aléatoires de personnes issues de minorités, connue sous le nom de « carding ». 

Jagmeet Singh (CBC).
« Nous devons aussi nous attaquer à l’injustice du système de justice pénale », a-t-il déclaré.

Pas de discrimination systémique au Québec

François Legault (Jacques Boissinot/The Canadian Press)

Si la discrimination existe bel et bien au Québec, celle-ci n’est pas systémique, affirme le premier ministre québécois François Legault.

« Je pense que la discrimination existe au Québec, mais il n’y a pas de discrimination systémique. Il n’y a pas de système de discrimination» a-t-il dit.

Selon François Legault, les policiers et policières qui exercent de la discrimination représentent une petite minorité dans sa province, faisant référence au profilage racial.

Il a affirmé que son gouvernement enverrait cependant « des directives claires » aux corps policiers contre le profilage racial avec la modernisation de la loi sur la police.

« Mais il faut éviter d’importer un climat d’affrontement comme on le voit aux États-Unis. Il faut éviter aussi de blâmer tous les policiers en bloc. Ce n’est pas parce qu’il y a des individus racistes qu’on doit condamner toutes les femmes et tous les hommes qui servent dans nos corps de police », a-t-il dit.

Racisme systémique et profilage racial : des mots dont on a peur?

Rappelons qu’en octobre dernier, un rapport commandé par la Ville de Montréal et rédigé par des chercheurs indépendants concluait que les Noirs, les Autochtones et les jeunes Arabes étaient victimes de discrimination systémique et de « biais systémiques liés à leur appartenance raciale » par les agents du Service de police de la ville de Montréal.

La cheffe de Québec solidaire, Manon Massé, a réagi aux propos du premier ministre du Québec en affirmant que « le mot systémique [est] comme un oignon qu’on a au pied : personne veut en parler ».

« Le racisme existe, c’est un fait. Marginaliser le racisme, éviter de faire ce débat qu’il suscite ne dessert personne. Au contraire. La force et la résilience d’un peuple résident en sa capacité de regarder son histoire, le fond de son âme et y puiser toute la bienveillance et l’empathie afin de reconnaître ses failles et de se rappeler son devoir […] de protéger l’ensemble de ses citoyens », a affirmé la cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade.

Le premier ministre ontarien croit aussi que le racisme systémique n’est pas présent chez lui

Doug Ford (CBC)

Faisant le point sur les violentes protestations qui ont balayé les États-Unis après la mort de George Floyd aux mains des forces de l’ordre, le premier ministre conservateur de l’Ontario, Doug Ford, a évité de critiquer directement la manière dont les dirigeants des États-Unis ont géré les manifestations, mais il a déclaré qu’il était heureux de vivre dans un pays qui ne souffre pas des mêmes divisions raciales et du même racisme systémique que les États-Unis.

« Ils ont leurs problèmes aux États-Unis et ils doivent les régler, mais c’est comme le jour et la nuit par rapport au Canada », a déclaré M. Ford.

« Dieu merci, nous sommes différents des États-Unis. Nous n’avons pas les racines profondes et systémiques qu’ils ont depuis des années… »

Le point de vue de la vice-première ministre du Canada

Chrystia Freeland (Sean Kilpatrick/Canadian Press)

La vice-première ministre du pays, Chrystia Freeland, note que le Canada a ses propres problèmes de racisme anti-noir et de préjugés inconscients.

« Ce qui m’inquiète, en fait, c’est la complaisance des Canadiens. Je pense qu’il est vraiment, vraiment important que nous mettions de l’ordre dans notre propre maison et que nous soyons vraiment conscients de la douleur que le racisme anti-noir cause ici dans notre propre pays », a-t-elle déclaré.

« En tant que Canadiens, nous devons tous profiter de ce moment très traumatisant pour de nombreuses personnes dans le monde pour regarder ce que nous faisons au Canada et travailler fort pour faire mieux. »

LISEZ LA SUITE : Trump et recours à l’armée contre les manifestants : Trudeau évite de commenter

Le premier ministre Justin Trudeau est vu lors d’une conférence de presse à l’extérieur du chalet Rideau à Ottawa, le mardi 2 juin 2020. LA PRESSE CANADIENNE / Adrian Wyld

RCI avec CBC News, Radio-Canada et La Presse canadienne

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Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Politique, Société
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