Alors que les déplacements trans-frontaliers se font rares pour les politiciens en ce moment, c’est par auto que le chef de la diplomatie canadienne est arrivé à New York samedi soir en prévision de la tenue du vote mercredi où les représentants des pays membres de l’ONU décideront si le Canada mérite ou non en 2021 un des deux sièges non-permanent qui s’ouvriront au Conseil de sécurité de l’ONU.

François-Philippe Champagne. PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / SEAN KILPATRICK
Le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne prend part au sprint final pour influencer le vote des délégués aux côtés de l’ambassadeur du Canada à l’ONU, Marc-André Blanchard.
Les observateurs estiment que ce vote constituera un jugement des politiques canadiennes internationales du gouvernement du premier ministre Justin Trudeau, depuis 2015, envers notamment le maintient de la paix et l’environnement.
Justin Trudeau, qui a été réélu de justesse il y a neuf mois, fait face à un vote difficile car les critiques à son égard sont nombreuses. Cette candidature canadienne semble depuis le départ en sérieuse difficulté.
Le Canada est l’un des membres fondateurs de l’ONU, mais sa popularité au sein de l’organisation a été sérieusement affaiblie sous le premier ministre conservateur Stephen Harper (2006-2015). Il avait souvent choisi de ne pas participer à l’Assemblée générale annuelle, ainsi qu’à d’autres rencontres de haut niveau. Il s’était aussi rangé sans nuances dans le camp d’Israël.
Depuis son arrivée au pouvoir, en 2015, l’idée fixe du premier ministre Justin Trudeau, en politique internationale, est son désir de voir le Canada reconquérir une place au Conseil de sécurité, d’où le pays a pour ainsi dire été éjecté officiellement en 2010 sous le gouvernement précédent de Stephen Harper. Le Canada a fait partie du Conseil de sécurité six fois depuis 1948, dont la dernière remonte à 1999-2000.

Le Conseil de sécurité compte cinq membres permanents qui exercent leur droit de veto : les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie et la Chine, aussi connus sous le nom de P5. Les 10 sièges restants sont répartis par région sur une base non-permanente. PHOTO : ASSOCIATED PRESS / MARY ALTAFFER
Critiques toutes récentes de Greta Thunberg
La semaine dernière, la militante écologiste suédoise Greta Thunberg et une coalition propalestinienne qui s’oppose à Israël ont envoyé des flèches au Canada.
Greta Thunberg, à titre de membre d’un groupe de jeunes militants et de climatologues, ainsi que le groupe propalestinien Just Peace Advocates ont envoyé des milliers de lettres aux 193 missions permanentes auprès des Nations Unies pour s’opposer à la candidature canadienne à un siège temporaire pour un mandat de deux ans à moins d’engagements plus fermes par rapport à l’environnement.
L’adolescente suédoise de 17 ans, qui avait exprimé son mécontentement à l’égard des politiques climatiques du Canada lors d’un face-à-face avec Justin Trudeau l’automne dernier, encourage les pays en développement, notamment ceux d’Afrique à ne pas choisir le Canada.
Rappelons que le Canada est en compétition avec la Norvège et l’Irlande pour les deux sièges qui sont en jeu. Or, si la Norvège et le Canada ont tous deux des économies fondées sur l’industrie pétrolière et gazière, l’Irlande produit très peu de combustibles fossiles et s’est engagée l’an dernier à carrément mettre fin à l’exploration pétrolière et gazière sur son territoire.
Elle reproche au Canada ainsi qu’à la Norvège de lancer des paroles en l’air à propos de la lutte contre les changements climatiques. Elle accuse ces deux pays de demeurer fermement engagés à accroître leur production de combustibles fossiles et à soutenir financièrement les compagnies pétrolières.
Trois autres jeunes militants et 22 climatologues ont également signé cette lettre dans laquelle ils demandent aux ambassadeurs à l’ONU de soulever ces questions auprès du Canada et de la Norvège et d’exiger qu’ils « s’unissent derrière l’environnement s’ils veulent obtenir un siège non permanent au Conseil de sécurité.
Réponse du Canada

L’ambassadeur du Canada à l’ONU, Marc-André Blanchard
PHOTO : RADIO-CANADA
L’ambassadeur du Canada aux Nations Unies, Marc-André Blanchard, a réagi en déclarant que le Canada est bel et bien un chef de file mondial en matière de lutte aux changements climatiques et que la plupart des représentants des pays membres à l’ONU comprennent qu’il s’agit d’un problème complexe.
Selon M. Blanchard, les États arabes et du Golfe, dont le vote en faveur du Canada pourrait avoir un effet domino comprennent que le Canada n’a pas de préférence pour Israel et qu’il adopte un point de vue impartiale au Moyen-Orient qui inclut toujours la nécessité d’une solution à deux États en ce qui concerne le conflit israelo-palestien.
D’affirmer M. Blanchard : « Comme un ambassadeur me l’a dit une fois, notre voix est crédible en grande partie parce que le monde reconnaît que le Canada a aussi […] des défis comme beaucoup, beaucoup d’autres pays dans le monde, pour répondre à l’ambition qui est nécessaire pour lutter contre les changements climatiques ».
M. Blanchard a écrit sa propre lettre, la semaine dernière, aux ambassadeurs à l’ONU dans laquelle il a répliqué ainsi aux plus de 1000 lettres envoyées par le groupe Just Peace Advocates. « Le Canada est préoccupé par le fait que la lettre contient des inexactitudes importantes et dénature les positions politiques de longue date du Canada. Le Canada soutient depuis longtemps la création d’un État palestinien, vivant côte à côte, en paix et en sécurité avec Israël ».
BONNE QUESTION : Que feriez-vous si vous obteniez un siège au Conseil de sécurité de l’ONU?
RCI avec La Presse canadienne, CBC News et la contribution de Radio-Canada
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