L’ex-secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie et ancienne gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, soutient qu’il est « irresponsable » de nier l’existence d’un racisme systémique au Québec comme l’a de nouveau affirmé cette semaine le premier ministre québécois.
Alors que le premier ministre François Legault a annoncé lundi la création d’un groupe de travail antiraciste pour éradiquer la discrimination, il a insisté sur le fait que le racisme systémique n’existe pas au Québec. « Ma définition du racisme systémique est qu’il y a un système de racisme au Québec, et je ne pense pas qu’il y ait un système [de ce genre] », a-t-il dit.
Dans une interview accordée à l’émission Power & Politics à la télévision de CBC, Michaëlle Jean rétorque que le racisme à l’encontre des Noirs et des Autochtones est profondément ancré dans certaines institutions du pays, et qu’ignorer ce fait est un exercice de déni.
Elle estime qu’il est évident que certains secteurs de la société québécoise et canadienne sont dominés par les Blancs et que les gens de couleur sont souvent absents des couloirs du pouvoir. « Nous venons d’un long héritage de haine que nous devons reconnaître, un héritage de haine qui vient de l’époque de la conquête coloniale, basé sur la suprématie blanche, la domination, la déshumanisation totale », a-t-elle déclaré.
« Mais le déni devient une partie du problème. Comment pouvez-vous aborder un problème si vous ne reconnaissez pas la situation? […] Je trouve cela très irresponsable », a-t-elle ajouté.
Au-delà du maintien de l’ordre par les policiers, l’ex-secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie estime que les disparités raciales sont évidentes dans d’autres secteurs de la société. Elle note que les communautés noires de Montréal ont été particulièrement touchées par la pandémie de COVID-19.
Une expérience des inégalités dans la vie
Michaëlle Jean, une réfugiée haïtienne qui a été élevée au Québec, révèle dans cette entrevue avoir été victime de racisme, notamment lorsqu’elle a postulé pour des emplois à Radio-Canada, le service de langue française de CBC.
Lors d’un comité de sélection, à la fin des années 1980, la conversation avait uniquement tourné sur sa race. Les responsables du recrutement lui avaient demandé à plusieurs reprises si elle serait capable de « s’intégrer » dans une salle de rédaction entièrement blanche.
« Vous savez quoi? Je pense que nous allons arrêter cette conversation ici même. Je pense qu’il y a un problème et que je ne suis pas le problème. Le problème est de votre côté », avait-elle répondu.
Elle est pourtant devenue journaliste pour Radio-Canada en 1988 et a très rapidement grimpé les échelons pour devenir l’une des intervieweuses les plus en vue à la télévision de CBC/Radio-Canada.
En 2005, elle a été nommée gouverneure générale du Canada. C’est elle qui représentait alors la reine Élisabeth II au pays.
À la fin de son mandat, en 2010, Michaëlle Jean est devenue l’envoyée spéciale de l’UNESCO pour Haïti. Puis, en 2015, elle a été la première femme et première personne non africaine nommée à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie.
Son mandat n’a pas été renouvelé en 2018 en bonne partie en raison de plusieurs controverses liées à ses dépenses jugées somptuaires.
DÉCOUVREZ MICHAEL JEAN : Portraits de Noirs au Canada – Épisode 20 – Michaëlle Jean – D’Haïti à gouverneure générale du Canada
RCI d’après les informations de CBC News
LISEZ AUSSI
Francophonie : la candidature de Michaëlle Jean plombée par ses « somptueuses dépenses »?
Réélections à l’OIF : des appuis de Michaëlle Jean s’envolent
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.