Louise Arbour en entrevue (Radio-Canada)

Ottawa doit stopper l’extradition de Meng Wanzhou, dit la juriste Louise Arbour

Une intervention politique dans les procédures judiciaires contre une dirigeante de l’entreprise chinoise Huwaei est non seulement possible mais souhaitable estime Louise Harbour l’une des juristes canadienne les plus respectées.

Meng Wanzhou, quitte son domicile pour la Cour suprême de Colombie-Britannique à Vancouver en mai dernier. (Ben Nelms/CBC)

« La loi sur l’extradition est claire : le ministre de la Justice peut en tout temps retirer l’affaire de la gestion par les tribunaux et mettre fin à la demande d’extradition» des États-Unis, explique l’ancienne juge de la Cour suprême du Canada.

Celle qui a aussi été Haut-Commissaire des Nations unies pour les droits de la personne, a expliqué sur les ondes de Radio-Canada que cette intervention politique du ministre canadien de la Justice faciliterait la libération de deux Canadiens qui ont été arrêtés en Chine neufs jours après l’arrestation de Meng Wanzhou au Canada en décembre 2018.

Mme Meng a été arrêtée par les autorités canadiennes à Vancouver en décembre 2018 sur ordre des autorités américaines, qui l’ont inculpée le mois suivant, elle et sa société, de multiples chefs d’accusation liés au contournement présumé des sanctions américaines sur l’Iran et au vol de secrets d’entreprise.

Une opinion qui a beaucoup de poids au Canada

Michael Spavor et Michael Kovrig sont tous deux détenus en Chine et accsué d’espionnage. (Associated Press/International Crisis Group/Canadian Press)

La détention des deux Canadiens est largement perçue en Occident comme une mesure de représailles, ce que la Chine démentait encore une fois formellement lundi de cette semaine.

« Ce n’est pas comme si on nous demandait d’extrader quelqu’un qui a commis des triples meurtres ou des agressions sexuelles, c’est une demande d’extradition fondée sur des accusations qui ont une très forte teneur politique ».

« Il serait plus que temps que le ministre exerce son autorité, sa responsabilité en vertu de la loi et mette fin à ce processus », conclu Louise Arbour qui à titre de procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie avait inculpé l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic.

La juriste canadienne contredit ainsi la position défendue par Ottawa depuis le début de la crise diplomatique avec la Chine dans l’affaire Huawei.

Justin Trudeau persiste et signe

Le Premier ministre Justin Trudeau prend la parole lors d’une conférence de presse au chalet Rideau à Ottawa, mercredi 17 juin 2020. LA PRESSE CANADIENNE / Adrian Wyld

Lors de son point de presse quotidien sur la pandémie, lundi, M. Trudeau a déclaré que son gouvernement continue à travailler en coulisses pour obtenir la libération des deux Canadiens, mais qu’il excluait un échange de détenus ou une intervention politique de son gouvernement dans la cause en justice à Vancouver.

« Non. Nous n’envisageons pas cela », a lancé le premier ministre aux journalistes.

« Le Canada a un système judiciaire fort et indépendant. Quiconque envisage d’affaiblir nos valeurs ou d’affaiblir l’indépendance de notre système judiciaire ne comprend pas l’importance de rester ferme sur nos principes et nos valeurs. »

« Cette utilisation de détentions arbitraires comme moyen de faire progresser les acquis politiques est totalement inacceptable dans un monde fondé sur des règles. »

Des conditions de détention bien différentes en Chine et au Canada

La directrice de Huawei est en liberté sous caution et elle vit dans son manoir de Vancouver, où elle travaillerait à l’obtention d’un diplôme d’études supérieures.

Michael Kovrig et Michael Spavor se sont vu refuser l’accès à un avocat et à leur famille depuis le début de leur détention, il y a environ 600 jours. Ni l’un ni l’autre n’ont été autorisés à recevoir des visites consulaires depuis quatre mois.

Les accusations portées contre eux ont été annoncées vendredi dernier quelques jours après qu’un juge canadien ait décidé que le cas d’extradition de Meng Wanzhou pouvait passer à l’étape suivante, la rapprochant ainsi de sa remise aux autorités américaines.

LISEZ LA SUITE : La Chine fait la leçon à Justin Trudeau dans l’affaire Meng-Kovrig-Spavor

Zhao Lijian (REUTERS)

RCI avec l’Agence France-Presse et CBC News

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