(CBC News vidéo)

Huawei et la 5G : le département d’État américain menace le Canada

Les États-Unis vont réévaluer leur accord concernant le partage de renseignements sensibles avec le Canada s’il devait laisser la compagnie chinoise Huawei participer à la construction des futurs réseaux sans-fil de type 5G. Ces derniers pourront transporter 100 fois plus rapidement les données numériques que les réseaux 4G actuels.

Les États-Unis demeurent prêts à réévaluer leur accord de partage de renseignements avec le Canada si Huawei reçoit le feu vert pour participer à la construction des réseaux 5G du Canada, a déclaré jeudi Morgan Ortagus, porte-parole du département d’État américain, à CBC News.

« Le gouvernement américain a fait savoir très clairement à tous nos amis et alliés dans le monde que si Huawei est autorisé à pénétrer dans les systèmes de sécurité nationale d’un pays, nous devrons protéger notre relation de partage de renseignements. »

Morgan Ortagus (Ambassade de Chine – Washington)

Bien que le Canada n’ait pas encore pris de décision concernant Huawei, malgré près de deux ans de réflexion sur la question, les ambitions chinoises pour participer à la création du réseau sans fil de cinquième génération canadien ont subi un revers mardi.

Deux géants canadiens de la téléphonie, BCE et Telus, ont arrêté leurs choix sur leurs rivaux européens Nokia et Ericsson.

Dans le cas de Telus, c’est une volte-face par rapport à ce que l’entreprise avait déclaré en février dernier. Elle avait alors annoncé qu’elle allait de l’avant avec son projet de déploiement de la 5G en utilisant des équipements de Huawei.

Les Américains persistent et signent

« Nous devrons faire une évaluation si nous pouvons continuer à partager des renseignements avec les pays qui ont Huawei dans leur technologie la plus sensible, dans leurs zones de sécurité nationale les plus sensibles », a ajouté la porte-parole du département d’État américain.

« Nous pensons que le gouvernement canadien prendra ses propres décisions souveraines et ce qui est le mieux pour la sécurité nationale du Canada », a conclu Mme Ortagus.

Beaucoup de tracas diplomatiques pour le Canada

En tant que puissance moyenne, le Canada s’est souvent retrouvé à subir les dommages diplomatiques collatéraux des tensions entre les États-Unis et la Chine, parce que les deux superpuissances se battent pour devenir le leader mondial en matière de technologie.

Ces dommages se sont intensifiés en décembre 2018. Le Canada avait alors arrêté la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, à la suite d’un mandat des États-Unis.

Les États-Unis veulent que le Canada extrade Meng Wanzhou en raison d’allégations selon lesquelles elle aurait déformé les relations de la société avec Skycom Tech Co, mettant HSBC en danger de violer les sanctions américaines contre l’Iran, une accusation que Huawei et elle-même nient.

Les problèmes politiques du Canada face à Huawei pourraient ne pas se régler de si tôt, car on s’attend à ce que les audiences d’extradition de Meng Wanzhou se prolongent jusqu’en 2021.

Le procureur de la Couronne Robert Frater a déclaré à la cour mercredi que les avocats des deux parties proposeront un nouveau calendrier dans le courant du mois qui mettrait fin aux audiences au plus tard au début de 2021, au lieu de cet automne.

Le premier ministre canadien est questionné sur Huawei

Interrogé jeudi lors de son point de presse quotidien, Justin Trudeau n’a pas voulu dire quand les Canadiens peuvent s’attendre à sa décision sur une participation de Huawei aux réseaux 5G canadiens.

« À chaque étape, nous avons écouté nos agences de sécurité, nos agences de renseignement, travaillé avec nos alliés. Nous prendrons la bonne décision pour les Canadiens afin d’assurer la sécurité des Canadiens et des entreprises tout en garantissant la compétitivité de notre industrie des télécommunications », a-t-il dit.

La stratégie américaine consiste à serrer la vis à Huawei

Ces dernières semaines, Washington a annoncé de nouvelles mesures visant à réduire l’influence mondiale de Huawei.

Le 15 mai, le département américain du Commerce a notamment modifié ses règles de contrôle des exportations afin de restreindre « la capacité de Huawei à utiliser la technologie et les logiciels américains pour concevoir et fabriquer ses semi-conducteurs à l’étranger ».

Cette mesure vise à rendre plus difficile pour Huawei l’obtention des fournitures dont elle a besoin, à augmenter considérablement ses coûts d’exploitation et à forcer l’entreprise à dépendre de produits qui peuvent être moins fiables et plus vulnérables.

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