L’idée d’adopter au pays le modèle d’une semaine de travail qui serait écourtée de 10 heures gagne en popularité parmi les citoyens du pays, selon un sondage réalisé, il y a un peu plus de deux semaines, par l’Institut Angus Reid. L’idée est particulièrement populaire au Québec.

(Richard Buchan/THE CANADIAN PRESS)
Dans cette enquête menée auprès de 1510 citoyens d’âge adulte, 53 % des personnes interrogées affirment qu’une semaine de travail de 30 heures au lieu de celle actuelle de 40 heures serait une bonne idée; 22 % trouvent l’idée mauvaise et 25 % disent ne pas avoir d’opinion sur cette question.
Ce fort pourcentage d’appui, dont la marge d’erreur est évaluée à plus ou moins 2,5 %, 19 fois sur 20, représentent une progression importante. Dans une enquête de la firme Angus Reid précédente, en 2018, 47 % des citoyens s’étaient dit en faveur d’une semaine de travail réduite.
La consultation menée du 8 au 10 juin révèle que la semaine de 30 heures reçoit l’appui le plus fort (64 %) dans les ménages ayant un revenu inférieur ou au sein des familles dont le revenu annuel est de plus de 150 000 $ (47 %).
L’appui le plus fort de tous est constaté au Québec (60 %) suivi de la Colombie-Britannique (54 %), de l’Ontario (53 %) et des provinces de l’Atlantique (52 %).
Lien entre les prestataires de l’aide canadienne d’urgence et une semaine de 30 heures

(CBC-Youtube)
Alors que la pandémie de COVID-19 continue de bouleverser la vie professionnelle des Canadiens, l’enquête révèle que les appuis pour une semaine de travail écourtée sont particulièrement élevés auprès des personnes qui perçoivent l’aide financière d’urgence du gouvernement canadien.
La proportion de partisans d’une semaine de travail de 30 heures s’élève à 58 % parmi ceux qui ont demandé la Prestation canadienne d’urgence.
Ce chiffre est supérieur de huit points de pourcentage à celui des personnes qui n’ont pas demandé à bénéficier de ce programme, selon l’étude.

Un client est assis sur un patio alors que la serveuse Susie Plamondon, à gauche, lui apporte un verre de champagne à Toronto, mercredi dernier. (Nathan Denette/Canadian Press)
Opposition entre partisans libéraux et conservateurs
Les anciens électeurs qui s’identifient comme étant conservateurs sont les plus opposés à l’idée d’une semaine de travail plus courte.
Ce groupe d’électeurs est le plus susceptible de dire, à 40 %, que la réduction de la semaine de travail est une idée mal conçue. C’est dans la province la plus conservatrice au pays, en Alberta, que l’appui à une semaine de travail de 30 jours est en fait le moins élevé (42 %).
À l’opposé, les deux tiers des partisans du Parti libéral et du Nouveau Parti démocratique se prononcent en faveur de cette mesure.
Le pour et le contre d’une réduction des heures de travail
Ricardo Tranjan, chercheur principal au Centre canadien de politiques alternatives, affirme que la notion de 30 heures de travail pour 40 heures de salaire, est une formule qui devrait faire l’objet de plus discussions.
Les personnes qui travaillent 40 heures par semaine au salaire minimum étant très susceptibles d’avoir des revenus familiaux proches du seuil de pauvreté, il faut à ses yeux « absolument maintenir les mêmes niveaux de salaire pour des semaines plus courtes, mais pour certains travailleurs, cela ne suffirait pas ».
« Pendant ce temps, les travailleurs mieux payés bénéficieront de tous les avantages des semaines de travail réduites, ce qui ne fera qu’exacerber les inégalités sociales. »

Des travailleurs immigrants temporaires en Ontario (CBC News)
Dan Kelly, président de la Fédération canadienne des entreprises indépendantes qui compte plus de 100 000 membres, n’est pas surpris par la popularité de l’idée d’une semaine de travail plus courte.
« Les seules personnes qui refuseraient une telle idée sont celles qui reconnaissent immédiatement que cela nécessiterait probablement une réduction de 20 % de leur salaire hebdomadaire ou le chômage massif qui se produirait si les entreprises étaient tenues de payer la même chose pour moins d’heures de travail. »
« Des semaines de travail plus courtes au même taux de rémunération pour leur personnel seraient impossibles pour presque toutes les entreprises à l’heure actuelle (en raison de la pandémie) », réplique M. Kelly.
Il révèle que selon une enquête de sa Fédération, 12 % des entreprises indépendantes envisagent en ce moment de mettre fin à leurs activités ou de déclarer faillite.
« Il pourrait y avoir 100 000 petites entreprises de moins avant que cela ne soit terminé, a déclaré M. Kelly. Ne poussons pas ce chiffre encore plus loin. »
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RCI avec La Presse canadienne et Angus Reid
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