Le nombre croissant de décès dus à des surdoses en Colombie-Britannique pendant la pandémie COVID-19, particulièrement chez les Autochtones, inquiète les défenseurs de la santé, les fonctionnaires et les travailleurs de la santé, car cette urgence de santé publique a été éclipsée par la réaction au virus. Selon le service des coroners de la Colombie-Britannique, depuis le mois de mars plus de 100 sont mortes mensuellement d'une surdose. (Photo : THE CANADIAN PRESS/Jonathan Hayward)

Forte augmentation des décès par surdose parmi les Autochtones d’une province canadienne

Une augmentation de 93 % des décès dus à la crise de la toxicité des drogues illicites chez les Autochtones de la Colombie-Britannique a été constatée par l’Autorité sanitaire des Premières Nations.

Selon cette institution, unique en son genre au pays, 89 membres des Premières Nations ont perdu la vie par une surdose entre janvier et mai dans cette province de l’Ouest canadien.

Les membres des Premières Nations représentent 3,4 % de la population de la province, mais ils constituent 16 % de tous les décès par surdose en Colombie-Britannique entre janvier et mai de cette année. Jusqu’à présent, les membres des Premières Nations sont morts à un taux 5,6 fois supérieur à celui des autres résidents de la Colombie-Britannique, alors qu’en 2019, le ratio était de 3,8.

Comment cela s’explique-t-il?

Les mesures de sécurité de la COVID-19 ont perturbé l’approvisionnement en médicaments et ont rendu les réserves actuelles disponibles plus toxiques.

« Ces chiffres nous indiquent que nous devons faire plus pour soutenir notre population en matière de réduction des risques et d’accès à un approvisionnement sûr, car la pandémie de COVID-19 accroît la vulnérabilité aux drogues empoisonnées. »Dre Shannon McDonald, médecin en chef par intérim de l'Autorité sanitaire des Premières Nations.

En outre, les mesures de santé publique pour contrer la COVID-19, telles que l’éloignement physique et le fait de rester à la maison, peuvent avoir des conséquences négatives non intentionnelles pour les personnes qui consomment des substances.

Les personnes peuvent être avoir moins accès aux services et à de l’aide et consommeront seules alors qu’elles ne l’auraient pas fait autrement.

Le nombre de membres des Premières Nations qui meurent de drogues illicites a considérablement augmenté chaque année depuis 2016, année où la Colombie-Britannique a déclaré l’urgence en matière de santé publique, sauf en 2019, où le nombre de décès par surdose a chuté de 44 %.

En 2019, 113 membres des Premières Nations sont morts d’une overdose. En 2018, ce chiffre était de 201.

Vancouver, Colombie-Britannique, Canada – 17 mars 2020 : Marché de seconde main du DTES dans Hastings Street dans le quartier Downtown East Side de Vancouver, l’un des plus pauvres du Canada.(Photo : Irina274/iStock)

L’Autorité sanitaire des Premières Nations explique qu’il existe de nombreux obstacles au traitement des Autochtones, notamment le racisme systémique sous-jacent et la stigmatisation des personnes qui consomment de l’alcool et d’autres substances. Cela souligne la nécessité d’une plus grande sécurité culturelle et d’une plus grande humilité dans les services de santé.

De nombreux membres des Premières Nations en Colombie-Britannique sont également, toujours selon l’Autorité sanitaire, moins avantagés que d’autres populations. Ils sont plus vulnérables aux déterminants sociaux de la santé comme la pauvreté et le manque de logement, sans oublier les problèmes liés à la toxicomanie.

« Ces données montrent que la crise des opiacés continue de toucher de manière disproportionnée les populations vulnérables des Premières Nations de la Colombie-Britannique. La pandémie simultanée de COVID-19 crée également des défis pour ceux qui luttent contre la dépendance. Il sera essentiel d’aller de l’avant avec des centres de traitement dotés de ressources adéquates et des stratégies de réduction des risques culturellement sécuritaires. Maintenant, plus que jamais, notre peuple a besoin de ce soutien »Charlene Belleau, présidente du Conseil de la santé des Premières Nations.

Un problème généralisé

Depuis janvier, en Colombie-Britannique, plus de 100 décès par mois liés à une surdose de drogue illégale ont été répertoriés. Le nombre total est de 554 en trois mois.

Il s’agit aussi d’une augmentation de 44 % comparativement au mois d’avril, soit 118 morts, et de 93 % comparativement à l’année dernière pour la même période, révèle le dernier rapport du Service des coroners de la province.

« La crise de la toxicité des drogues illicites en Colombie-Britannique a entraîné un nombre déchirant de décès dans les communautés de toute la province et, comme le montrent les données du Service des coroners communiquées à l’Autorité sanitaire des Premières Nations, elle a eu des répercussions encore plus tragiques sur les populations autochtones. Nous savons que l’approvisionnement en médicaments en Colombie-Britannique est dangereusement toxique. »Lisa Lapointe, coroner en chef de la Colombie-Britannique

Selon la Dre Lapointe, les données partagées lundi représentent un signal clair que tous les niveaux de gouvernement doivent de toute urgence améliorer l’accès à un approvisionnement plus sûr et à des services de soutien fondés sur des preuves et culturellement sûrs pour ceux qui ont un problème de consommation de substances.

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