Québec : même ajusté, le plan de rentrée scolaire du ministère de l'Éducation est loin de faire l'unanimité. Crédit : Istock

Plan de rentrée scolaire au Québec : des regroupements et des organismes en demandent plus

L’Association des comités de parents anglophones (EPCA), la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) et le Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte contre le décrochage (ROCLD) ont réagi aux précisions sur le plan de la rentrée scolaire annoncé par le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge.

L’EPCA et la FCPQ saluent certains points importants. En ce qui concerne les communications, les deux organisations soutiennent qu’elles seront désormais plus claires et plus cohérentes entre les écoles et les familles.

Pour ce qui est de l’apprentissage, on apprécie les outils offerts aux parents pour mieux soutenir les efforts de leurs enfants, surtout quand ceux-ci ne peuvent être en classe.

Il est prévu dans le plan que tous les élèves fassent leur retour en classe en automne. Mais ceux qui présentent des conditions médicales particulières, qui ne pourront pas aller en classe, bénéficieront d’un enseignement à distance dans les centres de services scolaires. Cette offre est élargie aux élèves dont un proche parent présente une condition médicale.

Par ailleurs, si une deuxième vague survient, ou s’il y a des fermetures de classes ponctuelles, des seuils minimaux de services seront instaurés pour plus d’équité entre les services éducatifs de cours à distance, l’organisation des travaux à fournir aux élèves et une plus grande présence des enseignants et des professionnels en vue de répondre aux besoins particuliers de ces derniers.

« Nous avons tous appris de l’expérience de l’école à distance au printemps dernier. Nous ne voulons pas répéter les mêmes erreurs », affirme Kevin Roy, le président de la Fédération des comités de parents du Québec.

Les associations se réjouissent aussi de ce que des services éducatifs adéquats et accessibles fassent partie du plan.

Tenant compte du fait que la situation actuelle est incertaine, l’EPCA et la FCFQ considèrent que ce plan a besoin malgré tout de quelques ajouts pour permettre aux élèves et au personnel des écoles de s’épanouir pleinement.

C’est ainsi qu’ils proposent des ajustements dans les consignes et un rôle plus accru aux parents dans les prises de décisions, notamment au sein des comités transitoires des centres de services scolaires, des futurs conseils d’administration et des conseils d’établissement.

« Nous avons eu le temps de bien faire les choses et nous demandons au ministre de s’assurer que les élèves et les parents demeurent au cœur des discussions », affirme Katherine Korakakis , présidente de l’EPCA.

Les deux regroupements de parents ont dit leur volonté de collaboration avec le ministère de l’Éducation du Québec pour assurer l;e plein succès de la prochaine rentrée scolaire, car il y a va de la santé, de la sécurité et de l’intérêt supérieur des élèves.

Le gouvernement du Québec a actualisé son plan de la rentrée scolaire à la suite des nouvelles recommandations formulées par les autorités de santé publique au regard de la progression de la pandémie.

« La progression de la pandémie de la COVID-19 peut nous laisser croire que la situation s’améliore et se stabilise, mais il s’agit d’un équilibre fragile qui pourrait bien se rompre avec la saison automnale qui s’en vient, et notamment avec la rentrée scolaire imminente. C’est pourquoi l’actualisation du plan de la rentrée était nécessaire, en réponse aux préoccupations des parents, des professeurs et de la population. En face d’une situation qui pourrait s’aggraver au moindre faux pas collectif, j’invite les Québécois et les Québécoises à demeurer extrêmement vigilants et à bien guider les jeunes au cours de l’année scolaire, au milieu de cette crise sanitaire d’une ampleur exceptionnelle », déclare Horacio Arruda, le directeur national de la santé publique.

Les ajustements visent à permettre aux élèves d’apprendre dans des conditions sécuritaires.

Selon les nouvelles décisions, le port du couvre-visage dans les établissements scolaires est obligatoire en tout temps pour les élèves à partir de la 5e année du primaire, incluant ceux du secondaire, de la formation professionnelle et de la formation générale aux adultes, ainsi que pour l’ensemble du personnel scolaire lors de leurs déplacements à l’intérieur de l’école et dans les transports scolaires ou publics.

Par contre, le couvre-visage ne sera pas obligatoire dans les salles de classe, dans les salles de restauration pendant les repas, ou chez les élèves du préscolaire et des deux premiers cycles du primaire. Les visiteurs sont appelés à porter un couvre-visage en permanence, à l’exception des moments où ils sont dans une salle où sont présentés des arts de la scène (auditorium, par exemple), à condition d’observer une distance sociale de 1,5 mètre les uns entre les autres.

Le ministère de l’Éducation précise que dans le cadre du retour en classe l’automne prochain, les mesures d’hygiène demeurent les mêmes : lavage des mains sur une base régulière, désinfection des surfaces communes, etc. Photo : iStock

La division des classes en sous-groupes d’un maximum de six élèves n’est plus requise et le concept de bulle est élargi pour englober toute la classe afin de limiter la propagation du virus. La distanciation physique n’est plus de rigueur entre les élèves d’un même groupe.

Par contre, les élèves et membres du personnel sont tenus de respecter en tout temps la distance de 2 mètres. Bien qu’elle ne soit pas prescrite au préscolaire, les élèves de différentes classes dans ce dernier groupe, comme dans celui du primaire, doivent observer une distance de 1 mètre dans les aires communes et les corridors.

« Notre plan déposé en juin était bien conçu et il a permis aux acteurs du réseau de se préparer adéquatement pour la rentrée. Avec les précisions apportées aujourd’hui, toutes les écoles seront bientôt prêtes pour accueillir nos élèves et le personnel scolaire, et ce, dans les environnements les plus sécuritaires qui soient. Nos enfants et notre santé, c’est ce que nous avons de plus précieux. Notre gouvernement n’a pas l’intention de faire de compromis sur ces questions. Je tiens à remercier tous les organismes scolaires, nos personnels ainsi que le personnel, qui, comme nous, continueront de travailler très fort dans les prochaines semaines. Les efforts que nous ferons ensemble feront de cette opération un succès, au bénéfice des élèves. » – Jean-François Roberge, ministre québécois de l’Éducation

(Source : communiqué gouvernement du Québec).

Les organismes de lutte au décrochage scolaire moins optimistes

Le ROCLD estime que le soutien aux jeunes les plus vulnérables ayant subi les conséquences de la fermeture des écoles et de la réorganisation est loin d’être suffisant.

La crainte est de voir de nombreux jeunes être abandonnés par le système, soutient Mélanie Marsolais, la directrice générale du ROCLD. Elle croit que plusieurs questions sont restées sans réponse. Elle mentionne qu’il n’y a pas un réel plan de match du ministère pour ce qui est de l’aspect pédagogique et ni de démarche claire pour réaménager les apprentissages.

« Aller de l’avant avec un rattrapage des apprentissages sans réaménagement du cursus scolaire, ce serait mettre une pression énorme sur les épaules des élèves sans respect ou considération de leur rythme d’apprentissage, et ce, au désavantage des plus vulnérables », affirme la directrice générale.

« Quelles mesures le ministère va-t-il mettre en place pour que l’on ait des données sur le nombre de jeunes qui ne sont pas rejoints par l’école à distance et sur le nombre de jeunes qui retournent à l’école », voilà une autre question sans réponse, déplore Mélanie Marsolais.

Elle interpelle le ministère de l’Éducation sur l’importance de faire en sorte que les organismes communautaires de lutte au décrochage scolaire puissent apporter leur soutien aux jeunes les plus vulnérables.

Il faut également plus de financement pour accompagner la démarche de ces organismes, dont les activités ont été minées par des coupes dans les écoles et par la réorientation des ressources vers d’autres services (santé et services sociaux) en raison de la crise sanitaire.

Les besoins des 60 regroupements québécois concernés sont d’environ quatre millions de dollars et les priorités d’action sont, entre autres :

– le maintien et l’accroissement des ressources humaines compétentes pour accompagner les jeunes et leurs familles;
– l’acquisition du matériel pour l’aménagement des espaces;
– l’acquisition du matériel informatique et la formation à son utilisation;
– l’acquisition de nouveaux locaux pour permettre aux organismes dans le besoin d’agrandir leurs espaces d’accueil des jeunes qui sont de plus en nombreux à décrocher en raison de la pandémie.

« Les données d’avant la crise indiquent que près de 1 élève sur 5 décroche de l’école. Malheureusement, c’est un phénomène très difficile à documenter durant la pandémie pour les organismes de lutte contre le décrochage, par manque de moyens financiers et humains », dit Mme Marsolais.

Elle met de l’avant diverses initiatives des regroupements pour leur venir en aide, comme le soutien psychosocial, le soutien scolaire et les ateliers éducatifs en ligne. À cela s’ajoute la distribution de paniers alimentaires, de matériel éducatif, d’ordinateurs et de tablettes de la part des OCLD.

Mme Marsolais observe que, malgré tous ces efforts, de nombreuses familles ont rapporté que leurs enfants ont été coupés de l’éducation à distance en raison du manque de matériel et de l’ambiance souvent peu propice à l’apprentissage dans certains foyers fragiles financièrement et sur un plan psychologique.

« L’origine sociale demeure le premier déterminant de la réussite scolaire, tant chez les files que chez les garçons. Ces risques sont plus accrus chez les jeunes de familles monoparentales, de familles à faibles revenus, les jeunes dont les parents sont peu scolarisés, de jeunes dont la maîtrise de la langue d’enseignement est insuffisante. »

C’est ainsi que la présidente du Regroupement invite le gouvernement à publier les données qui permettront d’évaluer réellement l’ampleur du phénomène pour mieux le combattre.

Avec des informations du ministère de l’Éducation du Québec, du ROCLD, de la FCFQ et de l’EPCA.

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Catégories : Société
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