Avec des programmes gratuits Hockey 4 Youth veut offrir aux jeunes nouvellement arrivés au Canada une occasion de jouer au hockey sur glace tout en acquérant des compétences utiles « hors glace » dans la vie courante. (Photo : CBC Ottawa)

Hockey 4 Youth | L’inclusion sociale de jeunes nouveaux arrivants par le hockey

Le hockey a été inventé au Canada et il est considéré comme étant l’un des symboles importants de l’identité canadienne. Le pratiquer n’est pas facile pour tous au pays, en raison notamment des coûts élevés. Pour de nombreuses familles de nouveaux arrivants, ce sport national est souvent inabordable. 

Depuis plusieurs années, l’organisme Hockey 4 Youth essaie de changer cela. Avec des programmes gratuits, il offre aux jeunes nouvellement arrivés au Canada une occasion de jouer au hockey sur glace tout en acquérant des compétences utiles dans la vie courante.

« L’objectif est d’utiliser le jeu de hockey comme un outil de transformation, en aidant les jeunes à ressentir un sentiment de connexion et de communauté. »

Nous avons parlé à Moezine (Moe) Hasham, fondateur et directeur général de Hockey 4 Youth. Il nous a donné une explication remplie d’émotions et personnelle de la façon dont son organisation peut faire une différence.

RCI : Pourquoi pensez-vous que le travail que vous faites est important?

« Hockey 4 Youth est important pour moi sur plusieurs plans. Mes parents, qui sont d’origine sud-asiatique, sont arrivés au Canada en octobre 1972 en tant qu’immigrants d’Ouganda.

Ils ont commencé leur vie à Brantford, en Ontario, puis se sont installés à Vancouver, où je suis né.

Je suis le plus jeune de quatre enfants et, heureusement, j’ai appris à aimer le hockey.

Moe Hasham

Mme Brown, qui vit encore aujourd’hui en face de chez ma mère, m’a donné l’équipement de son fils, qui était devenu trop grand et a encouragé mes parents à me faire jouer au hockey.

Nous n’avions pas beaucoup d’argent, donc c’était une occasion qui n’était offerte qu’à moi. Pendant que ma sœur apprenait le patinage artistique, mes deux frères aînés n’avaient pas beaucoup d’occasions de pratiquer un sport.

Si j’utilise mon histoire comme exemple de ce que représente Hockey 4 Youth, les similitudes sont étonnantes.

Les nouveaux venus et les jeunes avec lesquels nous travaillons sont souvent exactement comme je l’étais au début des années 80.

Ces jeunes méritent d’avoir l’occasion de se sentir connectés à leur nouveau « chez soi », et le hockey est un moyen tellement incroyable de les aider dans leur cheminement.

Apprendre à patiner est un rite de passage au Canada. Et lorsque nous avons de longs hivers, l’importance de l’activité physique devient encore plus importante.

Les garçons et les filles qui participent à nos programmes et qui représentent 32 pays rencontreront sans aucun doute des difficultés et des obstacles dans leur vie (notamment le racisme). Mais, grâce à notre programme, nous voulons qu’ils sachent que nous sommes toujours là pour les soutenir, quoi qu’il arrive.

Nous voulons qu’ils sachent que nous sommes à leurs côtés en tant qu’alliés compatissants, amis, mentors. Tous nos entraîneurs, qu’ils soient enseignants, joueur de hockey universitaire, athlètes professionnels, membres de la communauté des affaires, etc. sont derrière ces jeunes.

Apprendre à jouer au hockey facilitera également à ouvrir des portes pour ces jeunes. Je dis toujours que lorsqu’on devient un joueur de hockey, on joue au hockey pour le reste de sa vie. » Moe Hasham

Des jeunes participants aux programmes proposés par Hockey 4 Youth. Photo fournie par l’organisme

COVID-19 : Collecte de fonds et opérations

Comme pour la plupart des organisations sportives, la COVID a également bouleversé les plans de Hockey 4 Youth. Moe Hasham nous a aussi parlé des moyens privilégiés pour garder l’enthousiasme des jeunes participants au programme.

« Nous avons dû cesser toutes nos activités à la mi-mars, qui est généralement une période où nous planifions nos dernières pratiques et organisons nos fêtes et tournois de fin d’année de hockey. Mais je suis le seul membre du personnel, nous avons donc préféré de garder les choses simples. Nous sommes restés en contact avec le plus grand nombre possible des jeunes participants au programme par le biais des médias sociaux.

Ensuite, nous avons lancé, aussi par les réseaux sociaux, une initiative appelée ISOLANTHEM (Anthem Night in Canada) dans le cadre de laquelle nous avons encouragé nos jeunes joueurs et le public à chanter l’Ô Canada à 19 h le samedi soir en reconnaissance de tous les travailleurs de première ligne. Nous avons lancé cette initiative parce que le samedi soir est généralement un moment où de nombreux Canadiens regardent la Soirée du hockey. Ils ont utilisé Instagram et Zoom pour rassembler les gens. »Moe Hasham

Des plans reportés

Avant le confinement, Hockey 4 Youth allait engager un employé à temps partiel à Ottawa. L’objectif était d’avoir un étudiant universitaire, quelqu’un ayant une formation en hockey, en éducation, ou en travail auprès des enfants et des jeunes, pour leur venir en appui. Mais ce projet devra attendre aussi.

De plus, ils ont dû annuler la première collecte de fonds du printemps, qui était prévue pour le 28 avril. C’était l’occasion pour eux de collaborer avec Comedy Cares, une organisation qui réunit des comédiens pour amasser des fonds pour des organisations comme la leur.

« Nous avons également dû mettre en attente notre première collecte de fonds de l’été, qui aurait inclus un groupe de joueurs de la LNH. Ironiquement, certains de ces joueurs seront ici à Toronto. Pour Montréal, nous avons reçu de bonnes nouvelles de la Fondation des Canadiens pour l’enfance il y a quelques mois.

Ils ont approuvé notre demande de subvention et cela nous aidera à nous développer dans une deuxième école. Les écoles n’ayant pas annoncé leur intention de rouvrir, nous sommes dans une situation d’attente. Nous avions prévu d’ajouter un troisième programme pour les filles à Ottawa, mais là encore, ces plans sont en suspens. »Moe Hasham

Des jeunes joueuses et joueurs du programme Hockey 4 Youth en compagnie de Hayley Wickenheiser, une hockeyeuse canadienne retraitée et l’actuelle directrice adjointe au développement des joueurs pour le Maple Leafs de Toronto. (Photo :  Hockey 4 Youth).

Solidarité et inclusion

Malgré la pandémie et les difficultés financières de l’organisme, plusieurs initiatives prennent forme.

Tout récemment, Moe Hasham a été nommé membre du Comité d’inclusion du hockey pour les jeunes (Youth Hockey Inclusion Committee) de la Ligue nationale (LNH). Ce comité est formé de parents et de leaders d’organisations de hockey pour les jeunes, notamment Hockey Canada et USA Hockey. Le comité d’inclusion a été créé dans la foulée de la création de l’Alliance pour la diversité au hockey.

La fondation de cette dernière répond aux demandes faites à la LNH par plusieurs joueurs actuels et retraités pour que la ligue prenne position contre le racisme et l’injustice raciale.

La nomination de Moe Hasham au sein du Comité d’inclusion du hockey pour les jeunes lui donnera l’occasion de partager son expérience personnelle ainsi que le travail fait à Hockey 4 Youth pour rendre le jeu plus inclusif pour les nouveaux arrivants et les jeunes prioritaires.

Par ailleurs, une famille de Toronto qui a perdu son fils de 30 ans dans un accident tragique a décidé de collecter des fonds pour Hockey 4 Youth. Le Chris Goyer Memorial Fund a permis de récolter près de 40 000 $ en quatre semaines.


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