Le ministre de l'Éducation du Québec, Jean-François Roberge, annonce des mesures pour le programme de la rentrée des classes le lundi 17 août 2020 dans un gymnase scolaire à Québec. LA PRESSE

Plan de rentrée scolaire : la Centrale des syndicats du Québec insatisfaite

Ce plan serait une preuve que la rentrée scolaire n’est pas au centre des intérêts de l’administration Legault, soutient la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

De concert avec ses fédérations du réseau scolaire, la CSQ estime que le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge aurait dû annoncer un plan plus audacieux.

Elles fustigent notamment les mesures financières jugées insuffisantes, les mesures d’allègement administratif qui seraient trop peu efficaces, tant pour le personnel éducatif que pour les élèves, si elles devraient se limiter à seulement deux années. Par ailleurs, elles critiquent le plan annoncé en grande pompe, sans pour autant prévoir des mesures plus concrètes et plus efficaces pour permettre de réelles avancées dans les réponses aux besoins des élèves en difficulté.

En effet, le ministre de l’Éducation a prévu que la somme de 20 millions de dollars servira à l’embauche des ressources supplémentaires pour répondre aux multiples besoins sur le terrain. La CSQ et les fédérations de réseaux scolaires se seraient attendues à mieux, après la cure d’austérité imposée par le précédent gouvernement qui a privé les écoles de ressources.

« On souhaitait un plan ambitieux et costaud, mais la période de l’économie des bouts de chandelles en éducation n’est pas encore révolue. On parle d’un peu plus de 6000 $ par établissement scolaire pour toute l’année, un montant dérisoire », dit Sonia Éthier, la présidente de la CSQ.

« Tout en étant très modeste, cette annonce vient déjà ajouter de la pression à la rentrée scolaire de 2021, parce qu’elle crée aujourd’hui des solutions qui ne seront pas là l’an prochain. Alors que les établissements scolaires sont fermés depuis presque six mois et que les besoins en éducation sont plus grands que jamais, l’investissement est timide et il n’est pas surtout structurant. En ne pérennisant pas les ressources pour les équipes-écoles, cette annonce ne permettra pas de conclure que l’éducation est une priorité pour le gouvernement du Québec », explique Mme Éthier.

Dans le même sens, les présidents de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), ainsi que la présidente de la Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ), ont remis en question ce budget de 20 millions de dollars, car il ne permettrait pas d’atteindre les objectifs.

« Depuis quelques années, les annonces d’ajouts de ressources se succèdent et se ressemblent. Elles se traduisent rarement par l’embauche de ressources professionnelles, car elles n’établissent pas de seuils de services clairs pour répondre à l’ensemble des besoins des élèves. L’allègement du processus de validation est un pas dans la bonne direction, mais une réflexion plus approfondie devra être amorcée sur les services à rendre », souligne Jacques Landry, le président de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec.Dr Paul Kubes

M. Landry suggère que le gouvernement offre des sommes protégées qui garantissent des ressources professionnelles dans des équipes multidisciplinaires et équilibrées, pour qu’un ensemble de services soit offert à chaque école.

Des mesures contre la bureaucratie qui s’inscrivent dans la durée

Les mesures pour alléger la bureaucratie sont accueillies favorablement par la CSQ. Selon la présidente, c’est une mesure qui va rendre les démarches plus fluides et plus faciles pour les enseignants et les élèves en difficulté d’apprentissage. Mais Mme Éthier soutient qu’à elle seule, la mesure ne saurait résoudre tous les problèmes de fonds des équipes sur le terrain.

Elle souhaiterait que la CSQ fasse partie de la solution afin que l’allègement de la bureaucratie soit permanent et non seulement une mesure de deux ans comme prévue par le ministère.

Sonia Éthier souligne que le plan du ministère pour la prochaine rentrée scolaire devrait véritablement dépasser l’effet d’annonce et présenter des mesures plus concrètes.

« Si une nouvelle campagne de promotion sur la persévérance n’est pas une mauvaise idée pour l’éducation, ce n’est pas non plus la meilleure. Ces campagnes ne sont pas des solutions structurantes et permanentes pour répondre aux besoins des élèves, particulièrement ceux éprouvant des difficultés scolaires », souligne Mme Éthier.

Le plan du ministère semble avoir laissé de côté la formation aux adultes, la formation professionnelle et les services de garde en milieu scolaire, ce que déplore également la Centrale.

« Il aurait été souhaitable que le gouvernement dépose un plan inclusif touchant toutes les tranches d’âge, d’autant plus que ces secteurs sont névralgiques pour permettre d’intervenir directement dans la prévention du décrochage scolaire », ajoute Mme Éthier.

Elle estime que les failles de ce plan trahissent un manque d’engouement de la part du gouvernement provincial en ce qui a trait à la place de l’éducation dans ses priorités.

« Quand le gouvernement Legault dit que l’éducation est sa priorité, on s’attend à ce que ça se traduise en investissements concrets sur le terrain auprès des équipes-écoles. Le plan d’aujourd’hui ne permet pas d’arriver à cette conclusion. On attendait un plan ambitieux avec des mesures structurantes, c’est malheureusement raté. En complément, le rappel de cinq mesures déjà annoncées dans le plan budgétaire de mars dernier donne des allures de réchauffé », conclut Sonia Éthier.

Source : CSQ

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Catégories : Société
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