40 % des familles à faible revenu utilisant des services de garde agréés au Manitoba paient plus de 10 % de leur revenu pour ce service. Ce pourcentage est trop élevé selon plusieurs spécialistes. (Photo : iStock / Rawpixel)

Des services de garde inabordables pour un grand nombre de familles au Manitoba

Bien que les frais de garde d’enfants au Manitoba arrivent au deuxième rang des plus bas au pays (seul le Québec est plus abordable avec moins de 9 $ par jour), ils accaparent une grande partie du budget des familles, selon une experte. 

Suzanne Prentice, de l’Université du Manitoba, explique que dans cette province canadienne, les parents d’enfants d’âge préscolaire paient en moyenne 20,80 $ par jour, et les parents de nourrissons 30 $ par jour pour fréquenter les garderies et services de garde. Cela équivaut à des coûts annuels de 5408 $ à 7800 $ respectivement.

« De nombreux économistes ont fait valoir que les services de garde d’enfants sont inabordables s’ils représentent 10 % ou plus du revenu familial. C’est malheureusement le cas pour de nombreux parents manitobains.

Dans le cadre de nos recherches, nous estimons que 40 % des familles à faible revenu utilisant des services de garde agréés au Manitoba paient plus de 10 % de leur revenu pour ce service.

La Commission manitobaine sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants de 2016 a soulevé des préoccupations quant à l’abordabilité pour les parents. [La commission] a indiqué qu’une famille à revenu moyen avec deux enfants fréquentant une garderie agréée paierait 22 % de son revenu familial net en frais, un coût alarmant. » Suzanne Prentice

Certains critiques ont écarté les préoccupations concernant l’abordabilité des services de garde en soulignant que les parents à très faible revenu peuvent recevoir une subvention pour les frais de garde.

Cependant, selon Suzanne Prentice, la pandémie de COVID-19 a bouleversé l’économie et provoqué ce que beaucoup appellent en anglais, une « she-cession », c’est-à-dire, une récession qui touche particulièrement les femmes.

« À l’échelle nationale, la pandémie a fait chuter la participation des femmes au marché du travail à son plus bas niveau en trois décennies. Au Manitoba, 11 000 femmes de moins étaient employées à temps plein en juin 2020 qu’en juin 2019. » Suzanne Prentice

(Photo : iStock-Fat Camera)

Aujourd’hui, moins de 18 % des parents manitobains qui utilisent les services de garde ont droit à une aide financière. Une famille monoparentale doit se situer à environ 10 000 $ en dessous du seuil de pauvreté pour recevoir une subvention maximale. Même dans ce cas, croit la chercheuse, ils doivent payer plus de 500 $ par an et par enfant pour fréquenter la garderie.

En outre, les parents qui bénéficient d’une aide aux frais ne peuvent utiliser que les programmes qui facturent le montant maximum quotidien normal. Si le nombre d’établissements dépasse le tarif normal, les familles subventionnées auront moins de choix.

Suzanne Prentice dit que, sous le premier ministre Brian Pallister, les subventions de fonctionnement du gouvernement sont gelées depuis 2016. Les établissements de service de garde d’enfants manquent de fonds et la situation s’aggrave en raison de la COVID-19, avance cette experte canadienne. 

« Au début des années 1970, le Manitoba a innové en introduisant une importante politique de garde d’enfants : un tarif journalier maximum fixe. Depuis, les frais fixes constituent la pierre angulaire de la législation et de la réglementation manitobaines en matière de soins et d’éducation de la petite enfance. Mais en vertu d’une série de modifications réglementaires proposées, cette protection politique sera affaiblie. » Suzanne Prentice

(Photo : THE CANADIAN PRESS/Darryl Dyck)

Selon Mme Prentice, un tarif maximum par jour signifie des coûts prévisibles pour les parents et des revenus connus pour les établissements. Il faciliterait également la budgétisation pour les centaines de citoyens qui siègent aux conseils d’administration des garderies à but non lucratif du Manitoba, car ils n’ont pas à se battre pour faire payer des frais plus élevés. 

Le Manitoba avait des décennies d’avance sur la deuxième province à établir un tarif fixe. Ce n’est qu’en 1997, lorsque le Québec a lancé les garderies à 5 $ par jour, qu’une autre province a suivi son exemple.

« Les frais journaliers maximums fixes fonctionnent parce que la province a toujours accordé des subventions pour soutenir les activités des garderies. Au Manitoba, les frais de garde représentent au moins 60 % des recettes du secteur, le reste étant couvert par des subventions gouvernementales. » Suzanne Prentice

Les recherches de Suzanne Prentice soutiennent que des politiques visant à garantir des services de garde d’enfants abordables et accessibles sont essentielles pour permettre l’emploi des femmes. Comme l’a mentionné la Banque Royale du Canada, sans service de garde, plus de femmes risquent de déserter le marché du travail.


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