Le gouvernement du Canada apporte son appui au secteur de l’aluminium frappé de plein fouet par les mesures tarifaires américaines. Crédit : Istock

5 M$ pour la traçabilité de l’aluminium canadien : l’industrie satisfaite

Mélanie Joly, ministre fédérale du Développement économique et des Langues officielles, a fait l’annonce de ce nouveau financement. Cette annonce intervient dans un contexte où l’avenir de l’aluminium canadien passe par la capacité à bien identifier sa provenance, conformément aux exigences du nouvel accord de partenariat économique avec les Américains et les Mexicains réunis au sien de l’Accord CanadaÉtats-UnisMexique (ACEUM).

La somme de 5 millions de dollars est remboursable et permettra à l’industrie, notamment au Québec, d’assurer la traçabilité de l’aluminerie jusqu’aux frontières.

Plus de 60 % des travailleurs de ce secteur au Canada se trouvent au Québec, où l’aluminium arrive au deuxième rang des exportations après l’aérospatial. Cela représenterait plus de 7 % des exportations totales du Québec, contre 12 % pour l’aérospatial.

Lors de l’annonce faite en partenariat avec l’Association de l’aluminium du Canada (AAC), la ministre Joly a spécifié qu’outre ce financement, les entreprises CANMEC et STACA de Saguenay recevront respectivement les sommes de 500 000 $ et de 133 470 $ pour la réalisation de leurs projets et l’amélioration de leur productivité.

L’aide est offerte à un moment où le secteur de l’aluminium primaire canadien est à nouveau frappé par les tarifs de 10 % imposés par l’administration Trump. Ce taux a été défini sur la base d’une plainte déposée par deux entreprises du secteur aux États-Unis. On avance une trop grande présence de l’aluminium canadien sur le marché américain au détriment des producteurs locaux.

En ces temps incertains, la ministre Joly mentionne que le fédéral est là pour soutenir le secteur de l’aluminium et les emplois qui en découlent partout au Canada.

« En appuyant l’Association de l’aluminium du Canada, CANMEC et STACA, nous continuons à soutenir l’industrie dans ses efforts d’innovation et de traçabilité. Ensemble, nous pouvons faire une différence pour l’économie et les gens du Saguenay–Lac-Saint-Jean, du Québec et de tout le Canada », a affirmé Mélanie Joly dans un communiqué.

Les syndicats réceptifs

À l’unanimité, les syndicats et associations de la filière de l’aluminium partout au pays ont salué cette annonce, soutenant que c’est « une meilleure façon de riposter aux tarifs américains que de se servir des fonds en contre-mesure ».

Le Syndicat des Métallos a souligné que c’est une façon de mieux positionner l’industrie pour l’avenir.

« Cela passe par la modernisation des usines existantes, l’augmentation de la capacité de production et l’accroissement de la transformation du métal gris ici », dit le syndicat dans un communiqué.

Alors que le fédéral poursuit les consultations jusqu’au 6 septembre, les Métallos espèrent que le financement actuel redonnera une réelle dynamique dans ce secteur et assurera de vraies retombées pour les régions.

Même son de cloche du côté du syndicat Unifor. Son directeur pour le Québec, Renaud Gagné, a souligné que le financement fédéral « ne peut qu’aider à soutenir l’industrie québécoise pour démontrer qu’elle respecte les règles et que ce n’est pas l’aluminium canadien qui inonde le marché nord-américain ».

Du côté de l’ACC, on souligne également que la traçabilité de l’aluminium est hautement stratégique pour l’avenir de l’industrie au pays.

« En cette période d’incertitude économique et politique pour l’industrie, l’authentification de l’aluminium est une démarche hautement stratégique pour reconnaître les atouts de l’aluminium canadien et consolider ses marchés. » – Jean Simard, chef de la direction de l’AAC
Un programme de traçabilité qui vise plusieurs objectifs :

– certifier la provenance et établir clairement la présence de l’aluminium québécois et canadien sur le marché nord-américain, en respect des nouvelles exigences de l’ACEUM entré en vigueur le 1er juillet. Selon ces exigences, le traçage des métaux doit permettre de garantir l’origine nord-américaine du métal en documentant notamment l’origine canadienne,

– démentir les accusations de certains producteurs américains qui ont estimé que l’industrie canadienne avait exporté trop d’aluminium sur leur marché,

– assurer le renforcement de l’application et du respect des obligations liées à la levée des tarifs américains,

– fournir la documentation en temps réel des mouvements du marché du métal avec les États-Unis (Source : communiqué UNIFOR et AAC)

« Cette approche en “lien avec le marché “link to market” contribuera à consolider la chaîne de valeur commerciale de notre marché stratégique de l’automobile, à partir de nos usines de production primaire, en passant par des PME québécoises, ontariennes et d’ailleurs au pays, et fournira des données fiables et complètes du marché. Une façon moderne de sécuriser la traçabilité canadienne dans son marché le plus important. » – Jean Simard (communiqué)

Il faut préciser que l’imposition d’un nouveau tarif par les États-Unis a été suivie par des contre-mesures au Canada, où le fédéral a souligné la nécessité de demeurer ferme, en face d’une décision susceptible de porter préjudice à la santé économique et aux milliers d’emplois dans cette filière partout au pays.

Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) appuie ces mesures et accueille favorablement les financements mis à contribution.

« La réimposition de tarifs douaniers par le gouvernement américain est un coup dur pour notre industrie de l’aluminium. Les gouvernements doivent donc mettre en place des mesures pour soutenir ce secteur névralgique pour l’économie québécoise et les milliers de travailleurs qui y œuvrent. L’investissement annoncé aujourd’hui va contribuer à ce que l’industrie puisse continuer de se développer, malgré le contexte actuel. » – Véronique Proulx, présidente-directrice générale de MEQ.
Avec des informations de Développement économique Canada pour les régions du Québec, du syndicat Unifor, du Syndicat des Métallos, de l’ACC et de MEQ

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Catégories : Économie
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