La crise qui secoue les médias canadiens en contexte actuel de pandémie sème des inquiétudes en raison des pertes d’emplois qui se poursuivent. Crédit : Istock

Unifor inquiet de transferts possibles d’emplois du Canada vers les États-Unis

Au Canada, la pandémie de COVID-19 semble donner un coup d’accélérateur à l’érosion des emplois dans le secteur des médias déjà secoué par une crise profonde depuis quelques années.

Presque toutes les entreprises médiatiques, grandes comme petites, ont subi les contrecoups de la crise sanitaire qui a durement influé sur leurs finances.

Plusieurs d’entre elles, principalement dans le secteur privé, ont résolu de réduire leurs offres de services, de vendre leurs actifs, alors que d’autres ont décidé de mettre la clé sous la porte ou de délocaliser certaines branches de leurs activités.

La délocalisation de Torstar, compagnie reprise par NordStar, est à l’origine de la dénonciation d’Unifor dans un communiqué vendredi.

Ce syndicat, qui représente près de 315 000 travailleurs du secteur privé au Canada, s’offusque du fait que 24 « bons emplois » soient transférés du Canada vers New York, aux États-Unis.

Selon Unifor, ce sont les femmes qui vont payer le prix fort de cette délocalisation, en raison de leur surreprésentation au sein du personnel concerné par ce transfert à une entreprise de Buffalo.

Ce transfert va se traduire, dès le 19 octobre, par la perte de 8 emplois à temps plein et 16 à temps partiel à Torstar, qui détient notamment les quotidiens Hamilton Spectator, Toronto Star, Waterloo Region Record et St.Catharines Standard. (Source : communiqué)

« Nous sommes estomaqués par la rapidité de cette démarche agressive de sous-traitance. Il y a moins de trois mois, alors qu’ils tentaient d’acheter Torstar, Jordan et Paul Rivett ont promis aux actionnaires qu’ils investiraient dans le géant canadien des médias s’ils leur revendaient leurs actions et les laissaient privatiser la société. C’est l’antithèse de cette promesse », a dit Paul Morse, le président de la section locale 87-M d’Unifor dans le communiqué.

En raison de la perte des revenus publicitaires et d’autres sources de financements en temps de pandémie, ce sont plus de 200 stations de radio qui risquent de fermer leurs portes d’ici trois ans au pays, rapporte l’Association des radiodiffuseurs dans un rapport cité par Radio-Canada.

Les pertes de revenus pour les télédiffuseurs privés sont évaluées à plus de 1 milliard de dollars d’ici 2022.

Les géants du web qui raflent la grosse part des revenus publicitaires obligent la plupart des médias au Canada à se repenser et à envisager de nouvelles façons de subsister.

C’est ainsi que le quotidien The National Post a décidé de mettre un terme à sa version imprimée dès le début du mois de juillet.

En difficulté, le Groupe Capital Médias a récemment lancé un appel à contribution volontaire pour tenter de réorienter ses activités, en privilégiant la diffusion sur les plateformes numériques. Les six journaux régionaux du Groupe et deux tiers des emplois ont été sauvés de justesse grâce à une contribution de 5 millions de dollars supplémentaires du gouvernement du Québec qui avait déjà fourni 10 millions pour le sauver de la faillite.

Autant de situations qui font dire aux analystes que la crise dans le secteur des médias au pays est bien réelle et durera.

« Il ne fait aucun doute que la pandémie a eu un impact négatif sur les revenus, mais elle a également mis en évidence la nécessité pour les entreprises canadiennes de soutenir les travailleuses et travailleurs canadiens alors que nous rebâtissons ensemble, à la suite de la COVID-19 », déclare Jerry Dias, le président national d’Unifor.

Dans le but d’accompagner Torstar dans cette démarche de préservation des emplois au Canada, le syndicat propose des solutions concrètes pour éviter les mises à pied. Il s’est donné six semaines pour la réalisation de cet objectif.

Avec des informations d’Unifor et de Radio-Canada

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Catégories : Société
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